Non pas que la transformation des mentalités et qu'une éducation antiraciste et antisexiste soient négligeables, lin de là, mais il faut dénoncer l'obstination à ne pas admettre qu'il s'agit de structures, que sans racisme, le capitalisme racial s'effondre et avec lui tout un monde construit sur l'invisibilisation, l'exploitation, la dépossession.
Prétendre que le débat sur le racisme peut se dérouler comme si les deux parties étaient à égalité est illusoire, écrit [Reni Edo Lodge], et ce n'est pas à celles et ceux qui n'ont jamais été victimes de racisme d'imposer le cade de la discussion.
Admettre être blanche, c'est-à-dire admettre que des privilèges ont été historiquement accordés à cette couleur [...], serait déjà faire un grand pas.
Le féminisme de marronage offre au féminisme décolonial un ancrage historique dans les luttes de résistance à la traite et à l'esclavage. J'appelle ici marronage et marron.ne.s toutes les initiatives, toutes les actions, tous les gestes, les chants, les rituels qui la nuit ou le jour, cachés ou visibles, représentent une promesse radicale. Le marronage affirmait la possibilité d'un futur quand ce dernier était forclos par la loi, l'Eglise, l'Etat, la culture qui proclamaient qu'il n'y avait pas d'alternative à l'esclavage, que celui-ci était aussi naturel que le jour et la nuit, que l'exclusion des Noir.e.s de l'humanité était chose naturelle.
Je partage l'importance donné à l'Etat et j'adhère à un féminisme qui pense ensemble patriarcat, Etat et capital, justice reproductive, justice environnementale et critique de l'industrie pharmaceutique, droit des migrant.e.s, des réfugié.e.s et fin du féminicide, lutte contre l'Anthropocène-Capitalocène racial et criminalisation de la solidarité.
Si le féminisme reste fondé sur la division ente femmes et hommes (une division qui précède l'esclavage), mais qu'il n'analyse pas comment esclavage, colonialisme et impérialisme agissent sur cette division - ni comment l'Europe impose sa conception de la division femmes/hommes aux peuples qu'elle colonise ou comment ceux-ci créent d'autres divisions -, ce féminisme est alors raciste.
La montée des réactionnaires de tous poils montre bel et bien une chose : un féminisme qui ne se bat que pour l'égalité de genre, qui refuse de voir combien l'intégration laisse les femmes racisées à la merci de la brutalité, de la violence, du viol et du meurtre, en est finalement complice