Citations sur Il est de retour (81)
L'hiver 1946 avait dû être peu réjouissant dans l'ensemble. En y regardant de près, je n'y vois rien de déprimant : selon le vieil idéal d'éducation des Spartiates, une impitoyable dureté produit des enfants et des peuples forts et endurcis. Le souvenir d'un hiver de disette restant gravé en lettres de feu dans la mémoire d'une nation, celle-ci y réfléchira à deux fois avant de perdre une autre guerre mondiale.
A côté de moi se trouvait un cycliste et son aspect avait au moins quelque chose de familier - de doublement familier même. Nous étions quand même toujours en guerre, il portait en effet un casque, et vu les trous qui le perçaient, il devait être épuisé.
"Tout n'était pas mauvais"
Et tout national-socialiste ayant un peu d(expérience voyait naturellement là le signe d'une conspiration du grand capital et de la finance juive ; grâce à l'argent des pauvres, ceux qui étaient encore plus pauvres se trouvaient amadoués pour le plus grand bien des riches qui pouvaient continuer à appliquer en toute tranquillité leur agiotage et faire affaires en profitant de la crise
Il et toujours réjouissant de voir arriver ce moment où nos dirigeants économiques se mettent à avoir peur. Quand les affaires prospèrent, ils arrivent à toute vitesse, le sourire aux lèvres, prêts à mettre autant d'argent que nécessaire. Quand tout marche bien, ce sont aussi les premiers à vouloir augmenter leurs bénéfices, sous prétexte que ce sont eux, après tout, qui ont pris les risques. Mais dès que ça tourne au vinaigre, ils se débrouillent pour refiler à d'autres cette responsabilité qui promettait d'être juteuse.
Nous avons besoin d'une direction qui, dans le pays, prenne les décisions et les assume, corps et âme. Car si vous voulez attaquer la Russie, vous ne pouvez pas vous contenter de dire : "Eh bien, c'est une décision que nous avons prise plus ou moins ensemble", comme l'a fait votre collègue tout à l'heure. Si nous voulons encercler Moscou, vous croyez qu'il suffit de s'assoir autour d'une table et de voter à main levée? C'est très confortable comme méthode, et, si ça tourne mal, alors c'est la faute de tout le monde, ou, mieux encore : c'est la faute du peuple puisque c'est lui qui nous a élus!
Peu à peu je prenais conscience de ma situation. Si tout cela n'était pas un rêve – et cela durait depuis vraiment trop longtemps pour n'être qu'un rêve –, j'étais bel et bien en 2011. Je me retrouvais donc dans un monde complètement nouveau et il me fallait supposer que, de mon côté, j'étais aussi pour ce monde un élément complètement nouveau. Et si ce monde fonctionnait encore de façon un tant soit peu logique, il devait s'attendre à ce que j'aie cent vingt-deux ans, ou – ce qui était plus vraisemblable – à ce que je sois mort depuis longtemps.
« Vous jouez aussi d'autres rôles ? me demanda l'homme. Je vous ai déjà vu quelque part ?
— Je ne joue pas, répondis-je de façon sans doute un peu abrupte. »
Soit il y avait tout un peuple de salauds. Soit ce qui est arrivé n'était pas une saloperie, mais correspondait à la volonté de tout un peuple.
- Provisoirement. Dans la journée, vous resterez ici avec moi, comme-çà, si quelqu'un vient, je pourrais vous présenter à lui. Et si personne ne vient, j'aurais au moins de quoi rigoler. Vous avez une autre solution pour vous loger ?
- Non, dis-je dans un soupir. Sauf le bunker.
Il éclata de rire. Puis il cessa d'un coup :
- Dites, vous n'allez pas me ratissez mon kiosque ?
Je lui jetai un regard indigné "J'ai l'air d'être un voleur ?"
Il me regarda : "Vous avez l'air d'être Adolf Hithler.
- Justement dis-je
- Les projets sont forgés par le destin, dis-je sur un ton ferme. Je ne fais que ce qui doit être fait aujourd'hui et demain pour la pérennité de la nation.
- Vous êtes vraiment très bon !
- Je sais. (chapitre 8)