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EAN : 9782714481580
528 pages
Belfond (17/10/2019)
3.27/5   35 notes
Résumé :
Aussi bête qu'ambitieuse, Nadeche Hackenbusch, présentatrice allemande d'un show téléréalité intitulé " Ange de la misère ", est envoyée en Afrique dans le plus grand camp de réfugiés du monde. Les premiers temps, tout fonctionne à merveille, l'argent coule à flots pour la boîte de production : la détresse des affamés émeut le public. Pour notre starlette, c'est rendez-vous en terre inconnue, et elle vaque, conquise, à ses nouvelles occupations : aller chercher de l... >Voir plus
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Un roman qui te retourne les tripes, page après page. La violence inouïe de l'intrigue contraste avec le ton employé - souvent désinvolte - qui rappelle ces musiques douces et lancinantes diffusées dans les ascenseurs des hôtels de luxe.

Des réfugiés entreprennent de se rendre massivement en Allemagne et se lancent dans une marche de plusieurs mois les menant jusqu'en Europe.
Un dispositif absolument inédit est mis en place. Ils sont filmés et participent ainsi à une émission de télé réalité qui s'intitule "Ange de la misère". L'animatrice allemande vedette se rend en Afrique où elle s'éprend d'un réfugié que tous s'accordent à nommer Lionel et d'une cause.

J'ai trouvé écoeurant le décalage entre la crudité de l'horreur de la misère des affamés et les ambitions des politiciens, des journalistes, des différents membres de l'équipe de tournage, des rassasiés...
Timur Vermes nous plonge dans les zones les plus obscures de l'âme humaine pour laquelle une vie n'en vaut pas une autre. La nécessité qui pousse les réfugiés à risquer leurs vies est éclipsée, dans ce roman, au profit des intérêts pécuniers, de l'audience, du chiffre, du temps d'antenne, de la célébrité, de la renommée, de l'ascension sociale, etc.

Aucun personnage ne représente le gentil par excellence : Lionel profite largement de la situation, l'animatrice vedette Nadège Hackenbush manie les caméras comme un soldat les armes mais n'est pas pour autant d'une intelligence éblouissante, le secrétaire d'État dont on voit la vie privée et qui nous paraît sympathique s'avère sans pitié ou sans discernement. Bref, rien ne semble définitivement ancré. Les personnages sont déstabilisants et répondent à un code des valeurs qui leur est propre.
À la fin du roman, le rythme accélère et devient effréné laissant, çà et là, nos espoirs et emiéttant le concept d'humanité.

Je vous recommande cette lecture si vous aimez les romans qui vous bousculent voire qui vous font tomber du lit ou de la chaise en éveillant votre conscience.
Un deuxième roman admirable qui s'érige aisément au rang de chef-d'oeuvre. J'ai hâte de lire le premier roman de l'auteur : "Il est de retour".
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"Regarde ça, lance Nadège tout excitée, des serres !
Voilà exactement la raison pour laquelle il vaut mieux éviter de faire des directs avec Nadège. Ce qui au premier coup d'oeil ressemble à des serres est en réalité les tentes blanches, en forme de tonnelles. Imprimées UNHCR en majuscules bleues, impossible de les louper."


Des réfugié(e)s, des journalistes, des politiques..

Un roman satirique et prenant.
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2020 et des poussières. Lionel, un réfugié, va entamer le projet fou d'une marche sans précédents aux côtés de 150 000 autres compagnons d'infortune. Ils auront pour but de rejoindre l'Allemagne. Pour tout cela, ils seront filmés pour une émission de télé-réalité, dirigée par l'une des stars en vogue de la télévision allemande.

Je ressors totalement essoufflée de ce roman qui ne m'a pas laissé une once d'espoir, que j'ai trouvé bouleversant, tragique et à la fois d'une originalité sans commune mesure. L'auteur aborde ici des thématiques qui sont d'actualité et les entremêle pour nous proposer quelque chose d'inédit. Je n'avais encore jamais croisé la route d'un roman aussi particulier.

Je ressors conquise, je dois bien l'avouer. Malgré tout, je dois également admettre ressortir avec une pointe d'amertume. le sujet est dur, délicat et j'ai été bouleversée à bien des reprises par le destin tragique des réfugiés. L'auteur ne va pas nous épargner.

J'ai eu parfois bien du mal à distinguer cette frontière entre fiction et réalité, tant j'ai été prise dans l'histoire. L'auteur a su m'immerger totalement, et je n'ai eu qu'empathie et tristesse. L'auteur nous confronte à la cruauté de l'Homme, nous montrant le peu de scrupules dont certains font preuve face à la misère et à la détresse. Mais tout n'est pas manichéen, et les personnages ont chacun leur part d'ombre.

La plume est très plaisante. Je ne connaissais pas l'auteur mais je serai très curieuse de découvrir son précédent roman. Par contre, je me dois tout de même d'émettre un petit bémol quant à la lentenur de la mise en place de l'intrigue. J'ai trouvé que l'auteur prend trop de temps à mettre en place la base de son histoire. Il ne faut pas se décourager au début. Cela part un peu dans tous les sens, avec tous les personnages qui nous sont présentés et les changements de décor. Une fois que tout est mis en place, le roman devient très difficile à lâcher.

Un postulat de départ des plus originaux, un roman qui m'a totalement immergée, ne pouvant m'empêcher de ressentir toutes les émotions à fleur de peau, tout au fil des pages. Ce roman m'a bouleversée et je ne peux que vous le conseiller.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Amis des romans bizarres, bonjour! Que diriez-vous d'un roman proposant une émission de télé-réalité sur les réfugiés? Dans un mélange de cynisme et de naïveté étonnant, et pas toujours dans le bon sens car je ne suis pas sûre que la dite naïveté du scénario soit toujours voulue...
Nadège Hackenbush est une présentatrice allemande d'une émission de téléralité au titre bien racoleur qui consiste à envoyer cette starlette sur le retour, et avec une très haute opinion d'elle-même, 'porter secours" à des réfugiés dans des foyers allemands. La chaîne décide de développer la saison 2 en l'expédiant cette fois directement dans un camp en Afrique. le choc de la misère qu'elle y voit, et la rencontre avec un réfugié dont nous ne saurons jamais le nom, car la production le rebaptise Lionel, la lance dans une expédition incroyable: la voici à la tête d'une colonne de 150 000 réfugiés, au début, tâchant de gagner l'Europe à pieds.
Sur un tel postulat de roman, ça passe ou ça casse, et je ne sais pas trop dans quelle catégorie ça tombe, parce que...et bien, il y a des passages excellents, mais il y a aussi des longueurs, et je ne parle pas de l'épaisseur du livre, mais plutôt de ressorts qu'on nous ressort à plusieurs reprises, comme par exemple avec "l'amie" journaliste de Nadège. Tous les passages qui lui sont dédiés sont la même chose, en gros, pourquoi se répéter? Et pour un roman qui se veut cynique, dans les réactions des divers pays surtout, cela ressort finalement naïf, et il est dommage qu'on n'ait pas coupé un peu dans la politique interne de la chaine télé pour parler un peu plus de géopolitique vu le sujet!
Un peu décevant, donc.
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Amateurs d'humour bien bien noir, caustique et très (en fait : très très) dérangeant, ce livre est fait pour vous… ou pas.

La 4ème de couverture parle de satire sociale. le thème lui-même nous met déjà mal à l'aise dès le départ : une télé réalité allemande filme l'intérieur d'un camp de réfugiés en Afrique. Puis, la présentatrice s'éprend de l'un d'eux, Lionel, et la télé-réalité prend une toute autre tournure : Lionel a pour projet d'aller en Allemagne et pour cela, il organise une marche vers l'Allemagne avec pas moins de 150 000 réfugiés, filmés par la télévision allemande. Un grand spectacle que la production de la téléréalité veut absolument retransmettre !

Dès le départ, j'ai été prise au « jeu » puisque le projet est tellement inconcevable dans la vie réelle, que je prenais ça plutôt avec humour. Il s'agit d'un projet irréalisable en soi, vu le nombre de réfugiés, et puis surtout, aucune télévision (je prie pour ça) n'accepterait de filmer la marche de réfugiés sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètre pour aller en Europe.

Donc, c'est avec un second degré que j'ai lu la première partie du roman, qui fait environ les ¾ du livre. Clairement, cette première partie se lit toute seule. On passe d'un chapitre à l'autre et la narration donne le point de vue tour à tour de la présentatrice télé, Lionel, l'ami de la présentatrice, la production de la téléréalité, d'un passeur « expérimenté », l'Etat et d'une journaliste en devenir avec ses dents qui rayent le parquet,…). Dans cette partie, on passe du plus léger au scabreux, voire à une situation qui va devenir de plus en plus incertaine. Vers la fin de cette première partie, je me suis posée beaucoup de questions et notamment comment tout cela allait finir.

Une fois arrivée à cette 2ème partie, fini de rire. On entre dans le glauque. C'est absolument violent, le pire de l'humain nous est révélé, l'horreur !

Je sors de cette lecture chamboulée, pour le moins. Je m'en souviendrai longtemps. Clairement, l'auteur a osé parler de son propre pays sur un tel scénario, malgré le passé lourd que l'on connaît tous. Certaines allusions au 3ème Reich sont évoquées bien sûr et ça donne d'autant plus de frissons.

Tout ce que l'humain renferme de mauvais est dans ce livre : les politiciens qui visent les élections, les producteurs de télévision qui recherchent à tout prix la rentabilité, les passeurs qui eux aussi veulent leurs parts, la présentatrice qui pense à sa carrière en prenant une part active, tout au moins en apparence, dans cette marche et puis une journaliste qui fait un reportage sur cette présentatrice pour elle aussi donner un coup de boost à sa carrière.

Malgré tout cela, j'ai eu un énorme coup de coeur pour ce livre. Il donne à réfléchir : jusqu'où la télévision peut aller pour capter une audience, et donc de l'argent, et jusqu'où est prêt d'aller un Etat pour sauver les meubles face à une arrivée massive de migrants tout en conservant ses électeurs et l'opinion globale de ces électeurs qui regardent 24 h / 24 h l'avancée des migrants.

Âmes sensibles, s'abstenir …

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
- Comment vas-tu ? demande Nadège.
- Bien, dit-elle, en tout cas maintenant."

Il arrive qu'on rencontre des personnes spéciales, et Lionel en fait partie. Car ce que raconte la fille est une chose qu'on confie seulement à sa grande sœur, et Lionel réussit à traduire comme s'il n'était pas là. L'enlèvement. La peur. L'emprisonnement. Les hommes. Parfois un seul. Parfois deux à la fois. Comment elle se met à trouver certains moins mauvais, parce que après ils la laissent tranquille. C'est mieux que ceux qui veulent qu'on passe la nuit chez eux, parce qu'ils disent qu'Allah les aurait réunis. Les hommes qui le lendemain ont honte de leur faiblesse et la frappent parce qu'elle les a ensorcelés. Tout être humain doté d'un cœur ne se pose alors qu'une question:
Comment Nadège Hackenbusch supporte-t-elle cela ?
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- Non, ce n'est pas le tee-shirt, conclut Sensenbrink. Il est trop joyeux. Exactement comme le type d'avant. Ils sont trop joyeux. Mais qu'est-ce qu'ils foutent, là-bas ? Ils distribuent des drogues ? Demandez- leur !" Sensenbrink se tourne de nouveau vers l'écran, où le jeune Noir au tee-shirt étriqué continue de parler sans interruption.
"Ils disent qu'ils sont tous comme ça, répond l'assistante. Ils sont contents parce qu'ils ont de nouveau une perspective. Du travail ou le fait qu'il se passe enfin quelque chose.
- Il faut essayer de suivre un peu ! Je ne peux pas vendre ça aux téléspectateurs. L'émission s'appelle "Ange dans la misère" et pas "Ange au Comedy Club".
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Sur les sièges en feu on voit des êtres humains, leurs têtes noires, tombées vers l'avant et encore plus souvent vers l'arrière, des silhouettes sombres découpées sur un fond flamboyant. Les bouches forment des béances gigantesques dans des troncs d'arbres, parfois on voit les dents blanches.
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Le responsable de la séance n'est pas encore arrivé et l'ambiance ressemble à celle d'une classe de lycée quand le professeur est en retard. Au fond c'est assez étonnant, puisque cette classe-ci n'est autre que le gouvernement fédéral. Pour sa défense : ce sont les vacances parlementaires. Le Parlement est en pause, pratiquement tout le monde est en pause, le gouvernement fédéral ne se réunit que tous les quinze jours au lieu d'une fois par semaine. Le chancelier est en vacances, le vice-chancelier aussi et la plupart des ministres bien entendu, donc tous envoient leurs représentants qui n'ont pourtant rien à se dire non plus. Certains se trouvent même assis à la table du cabinet pour la première fois de leur carrière. Secrètement ils ont tous déjà essayé les fauteuils noirs, particulièrement celui du milieu, avec selfie, doigt posé sur la sonnette du chancelier et tout le toutim, mais tous n'ont pas encore été officiellement envoyés ici dans le but de s'asseoir pour de bon et faire quelque chose d'utile.
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Quand on veut guider des hommes, on doit leur donner des buts et pas leur faire croire qu'ils y sont déjà arrivés.
Par ailleurs, il faut aussi éviter de se laisser descendre.
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