"Mais pour elle, la cinquantaine ressemble exactement à la quarantaine- sauf que tout lui fait plus mal."
Mais pour elle, la cinquantaine ressemble exactement à la quarantaine- sauf que tout lui fait plus mal.
Les Européens ont commencé à partir discrètement, tel un homme qui, dans le noir, quitte sur la pointe des pieds la chambre d’une femme endormie.
Pendant que Stella s'affaire à ranger, Kookoo, assise dans son fauteuil, lui raconte les derniers ragots. Ce qui s'est passé dans le quartier depuis qu'elle est partie. Qui s'est enfui avec qui, la série de cambriolages, les vitres brisées, et les gangs qui sont si dangereux. [...]
"Tu n'as jamais eu envie de déménager, Kookoo ? demande Stella au bout d'un moment. De partir t'installer ailleurs ?
- Partir m'installer où? C'est chez moi ici. C'est là que j'ai grandi." Elle pointe le menton en direction de la rivière. "Tu as grandi là." Elle le pointe dans l'autre direction. "J'ai toujours vécu ici.
- Je sais, mais ce n'est pas un quartier sûr, Kookoo . On devrait peut-être aller vivre ailleurs." Elle dit "on" au cas où ça pourrait convaincre sa grand-mère. Si Stella déménageait en premier, elle la rejoindrait peut-être volontiers.
"Sûr ou pas, un quartier est un quartier."
Stella secoue la tête. "C'est faux. Il y a plein de trucs qui n'arrivent pas dans les quartiers sûrs."
Kookoo rit sans méchanceté. "C'est juste différent là-bas, ma Stella. C'est juste différent, ou alors c'est bien camouflé. Ça a l'air différent mais il se passe des choses épouvantables partout.
- Ma Kookoom." l'air sérieux, Stella regarde sa grand-mère droit dans les yeux. "Les filles ne se font pas agresser dans les quartiers sûrs."
Sa grand-mère la fixe malgré sa quasi- cécité." Ma Stella, les filles se font agresser partout." (P. 327)
Elle a vécu une vie entière depuis la mort de sa mère. Elle a obtenu son diplôme de fin d'études secondaires, elle est allée à l'université, elle a voyagé, occupé des postes intéressants, épousé un type bien, planifié ses grossesses - toutes ces choses dont elle n'aurait jamais pensé être capable. Elle est devenue le genre de femme qu'elle n'avait jamais rencontré avant. Et pourtant, la voilà, la même enfant sur le même canapé, avec les mêmes visages qui la regardent depuis le mur. Petite, frigorifiée, apeurée, seule, elle se retrouve dans le périmètre de quelques pâtés de maisons où elle a passé la plus grande partie de son existence. (P.319)
Ma Kookom. L'air sérieux, Stella regarde sa grand-mère droit dans les yeux. "Les filles ne se font pas agresser dans les quartiers sûrs."
Sa grand-mère la fixe malgré sa quasi-cécité. +Ma Stella, les filles se font agresser partout."
- Je suis différent, je suis un sang-mêlé, Je le serai toujours, la moitié du sang de l'un et la moitié de l'autre. Différent des deux.
Elle est aussi impitoyable que je suis hésitante. Elle a des couilles alors que je n’éprouve que des sentiments de fille, gris et compliqués, pour tout.
Les deux amies attrapent leurs manteaux et prennent la direction du bar. Bras dessus, bras dessous, elles glissent sur la neige et rient trop fort, la bouche ouverte, car personne ne s’intéresse à ce que font les femmes de leur âge.
Quand je t’ai entendue, encore pénétrée de tant de souffrance et de tristesse, je n’ai voulu qu’une chose, être à tes côtés. J’avais encore besoin que tu aies besoin de moi. Je suis le souffle léger et le vent autour de toi. Je suis la certitude que tu n’es jamais vraiment seule. Tu es tout ce qui fait ma force et rien de ce qui fait ma faiblesse. Tu es le rêve de ma vie. Voilà ce que j’ai à t’offrir.