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Critique de florence0805


Une nuit, alors qu'elle est réveillée par son bébé, Stella assiste à une scène de violence depuis sa fenêtre. Elle habite dans le North End, quartier défavorisé de Winnipeg et fait partie d'une communauté autochtone. Profondément secouée par la violence de l'agression à laquelle elle a assisté, Stella déplore le manque de soutien de son mari et la remise en cause de son témoignage par les policiers qu'elle a appelés cette nuit-là, même de l'agent Scott, pourtant métis et donc lié à sa communauté. Elle meurt d'envie de retrouver la chaleur des bras de sa Kookom, grand-mère qui a pris soin de Stella à la mort de sa mère.
Parallèlement, la jeune Emily, qui se trouve être une petite cousine de Stella, est hospitalisée suite à une agression. Les femmes de sa famille se ruent à son chevet et apportent un soutien sans faille à Emily et sa mère Paulina.
La construction polyphonique du roman permet une introspection élaborée de chacun des personnages. La part belle est donnée aux femmes de la famille Charles, que l'on suit sur quatre générations :
Flora est la Kokoom espiègle et fédératrice que tout le monde adore, elle est celle qui veille, comme le grand-père du roman de Louise Erdrich ; c'est une femme de tête, qui commence à la perdre, et côtoie en pensée les vivants et les morts.
Pour Kookom et sa fille Cheryl, l'agression subie par Emily ravive les plaies du décès de son autre fille Lorraine, mère de Stella.
Cheryl est elle aussi mère de deux filles, Louisa et Paulina. Ces femmes ont toutes en commun de pouvoir compter les unes sur les autres, quels que soient les problèmes personnels qu'elles rencontrent. Leurs liens très forts sont extrêmement touchants, et on imagine sans peine cette petite chambre d'hôpital débordante de femmes, d'amour et de dévouement.
Cette cohésion fait la force de ces femmes autochtones, victimes depuis l'enfance du sentiment de supériorité des blancs, mais aussi de violences trop souvent laissées impunies, leur parole étant rarement prise au sérieux.
Ce racisme au quotidien, le jeune policier métis Tommy Scott en souffre également, lui qui n'est ni assez Blanc, ni assez Indien. Mais il est touché par les femmes qui entourent Emily et cherche à découvrir la vérité malgré l'inertie de ses collègues.
D'autres personnages interviennent dans le déroulement de l'histoire ; mais je préfère retenir les plus lumineux, rendus fortement attachants par Katherena Vermette.
Au fil des témoignages, le passé des protagonistes et le déroulé de l'agression nocturne se dévoilent peu à peu, et l'on peine à lâcher la lecture !
Un coup de coeur pour ce premier roman, à l'intrigue brillamment tissée, et qui est un bouleversant témoignage sur la vie des autochtones au Canada aujourd'hui.
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