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Critique de Batuco


Jules Verne est une référence littéraire incontournable, en science-fiction comme en littérature générale. N'ayant lu qu'un seul de ses romans (Voyage au centre de la Terre), j'ai eu envie d'explorer son oeuvre pléthorique. Et pour bien faire les choses, j'ai décidé de commencer par le début, avec Cinq semaines en ballon. Il s'agit en effet du premier roman de Jules Verne, publié en 1863 par Pierre-Jules Hetzel, son éditeur historique.

Cinq semaines en ballon est un roman d'aventure scientifique (je ne le rangerais pas dans la catégorie de la science-fiction) qui raconte le périple de trois anglais bien décidés à traverser le continent africain d'ouest en est à bord d'un aérostat. le premier, Samuel Fergusson, est un scientifique talentueux et inventif qui part en mission d'exploration pour le compte de la Société royale géographique de Londres. Il est accompagné de Richard « Dick » Kennedy, son grand ami et de Joseph « Joe » Wilson, son fidèle serviteur. Ce voyage inédit sera rendu possible par l'invention par Fergusson lui-même d'un système de contrôle de l'altitude de l'aérostat innovant.

Le roman est assez prenant dès ses débuts bien que certains chapitres puissent rebuter quelque peu, à l'image de celui qui décrit par le menu le principe de fonctionnement du ballon conçu par Fergusson. Il n'en est pas moins indispensable puisque la possibilité même du voyage découle de cette ingénieuse invention. Par ailleurs, Jules Verne nous offre la possibilité de juger du sérieux et du réalisme avec lequel il a imaginé le mécanisme permettant à Fergusson d'effectuer sa traversée de l'Afrique. le calcul précis de la charge emportée par Fergusson est également à la fois barbante et nécessaire. le fonctionnement d'un ballon reposant sur le fragile équilibre entre la poussée d'Archimède et le poids du ballon, cette charge se doit d'être calculée avec une extrême précision et l'auteur nous démontre à nouveau qu'il tient à prouver le réalisme scientifique de son histoire. Cependant, je me suis heurté à un obstacle : celui des unités. En effet, les protagonistes sont anglais et le système métrique n'est pas leur tasse de thé. Ainsi, les masses sont exprimées en livres, les longueurs en pieds et les volumes en pieds cube. Il m'a été difficile de visualiser ce que représentaient les valeurs mentionnées en kilogrammes, en mètres et en mètres cube et je n'ai pas fait l'effort de convertir systématiquement les valeurs.

Très vite, le récit nous embarque dans le ciel africain et le véritable voyage commence. Dans les premiers chapitres du périple, j'ai redouté une certaine monotonie (cinq semaines, c'est long…) entre la description des paysages et les aléas climatiques. Cependant, Jules Verne réussit à nous présenter une grande variété de situations et de péripéties qui rendent le voyage captivant, palpitant et également instructif. On y découvre les reliefs africains, la faune et la flore locales ainsi que les cultures des autochtones (avec, certes, un regard occidental parfois nauséabond).

Parmi les points noirs du roman, il y a évidemment ces propos racistes qui ponctuent le récit. le passage le plus marquant est la comparaison des « nègres » aux singes car, de près comme de loin, on ne voit pas vraiment la différence. Je ne pense cependant pas qu'il faille s'arrêter de lire le roman pour autant ni le boycotter. Il faut le remettre dans son contexte historique et considérer le propos de Jules Verne dans sa globalité. On ne peut pas dire que le roman est fondamentalement raciste. En effet, à d'autres moments, Jules Verne va tenir des propos nettement plus élogieux envers les peuples africains et, au contraire, être très critiques des sociétés occidentales industrialisées.

Malgré la dureté de certains passages et des thèmes abordés (cannibalisme, guerres sanglantes, massacres et tortures), le ton général du roman est toujours léger et les situations n'ont pas généré chez moi de peur ou d'angoisse, aussi désespérées fussent-elles. Il s'agit donc d'un roman facile à lire, divertissant et à la portée des plus jeunes. le revers de la médaille est que les personnages manquent de nuances et sont un peu caricaturaux.

En résumé, Cinq semaines en ballon est un bon roman qui mérite d'être lu, non seulement pour la place qu'il occupe dans l'oeuvre de Jules Verne mais aussi pour ses qualités intrinsèques. Et pour se repérer plus facilement au cours du voyage, je conseille vivement d'imprimer la carte du trajet suivi par Fergusson et ses compagnons.
Lien : https://bibliobatuco.wordpre..
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