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Critique de jamiK


Le Docteur Sarrazin hérite des 500 000 000 de la Begum Gokool. Il décide alors de créer une cité idéale dans l'Oregon. Un cousin très éloigné, le Professeur Schultze réclame sa part de l'héritage et va aussi créer sa cité idéale dans l'Oregon. Il y a plusieurs aspects dans ce roman. le côté utopie avec la Cité de France-Ville du Dr Sarrazin, anticipation idéaliste, et le côté dystopique du complexe militaro-industriel du compère germanique. Ce roman oscille entre le roman d'espionnage et d'anticipation, il y a de l'action, des retournements de situations, mais aussi des idées, des réflexions sur l'avenir. L'utopie selon Jules Verne reste assez rigide, éducation, hygiène. le racisme et le chauvinisme des allemands vis à vis des français est évoqué et dénoncé. le tyrannique teuton veut donc anéantir les français. Mais Jules Verne tombe parfois dans la caricature et ne s'émeut pas de sa vision des “jaunes” ou des “noirs” sans doute encore plus caricaturale :
“Le produit des travaux était déposé toutes les semaines, en présence des délégués, à la grande Banque de San Francisco, et chaque coolie devait s'engager, en le touchant, à ne plus revenir. Précaution indispensable pour se débarrasser d'une population jaune, qui n'aurait pas manqué de modifier d'une manière assez fâcheuse le type et le génie de la cité nouvelle.”
Il n'hésite pas à pencher outrageusement vers le chauvinisme pro-français (en même temps, il n'a pas complètement tort, on est Champions du Monde après tout !). On est au lendemain de la guerre de 70, il faut le prendre en considération. Ceci dit, ce Professeur Schultze n'est pas sans rappeler un certain Adolf H. prônant la suprématie de la race germanique, et la politique de l'armement et puis d'un point de vue purement militaire, le canon du Pr Schultze préfigure la Grosse Bertha qui sera mise en action pendant la Première Guerre Mondiale.
Le héros est un ami du fils du Docteur Sarrazin, Marcel Bruckman, alsacien courageux, travailleur, aventurier, malin et accessoirement amoureux de la fille du Docteur, le véritable héros Vernien.
Pour moi, ce roman de Jules Verne est une totale découverte, je n'en avais jamais entendu parler. Je regrette un peu que l'aspect utopie ne soit pas assez approfondi. On retrouve le style métaphorique, l'écriture assez emphatique et la mise en scène grandiloquente et théâtrale de la littérature populaire du XIXe siècle, ça donne un charme désuet et c'est un peu ce que je recherche quand j'ouvre un roman de Jules Verne. Je ne lisais pas Jules Verne quand j'étais gamin, à cause de ce style vieillot. Aujourd'hui, cela m'amuse au point de me faire rire parfois :
“Ah ! le misérable ! Eh bien, que mon coeur se sèche, s'il le faut, que ma vie se refroidisse dans cette insoutenable température, mais que mes amis, que le docteur Sarrasin, sa famille, Jeanne, ma petite Jeanne, soient sauvés ! Or, pour cela, il faut que je fuie... Donc, je fuirai !”
Alors ce n'est sans doute pas le plus extraordinaire roman de Jules Verne, mais il mérite un coup d'oeil curieux.
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