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Un roman de Jules Verne sympathique quoiqu'assez inégal. Un début très entraînant et plein de promesses (normal puisqu'il est question d'un énorme héritage), une suite à l'avenant mais une dernière partie qui s'enlise un peu et tombe dans le convenu, voire le cliché, ce qui n'est pourtant pas dans les habitudes de l'auteur.

Ecrit en 1879, soit quelques années seulement après la sévère dérouillée que l'Allemagne a infligée à la France sur le champ de bataille, "Les cinq cent millions de la Bégum" met en place un antagonisme sans fard entre "race saxonne" et "race latine" et fait d'un savant allemand l'archétype du Mal, sûr de lui, pétri de l'eugénisme balbutiant, et proférant des théories... qui se retrouveront dans la bouche d'Hitler plus de trente ans plus tard !

Et la victorieuse Allemagne en prend pour son grade sous la plume imaginative de Jules Verne qui ne mâche pas ses mots pour stigmatiser son peuple et son état d'esprit, et railler ses classes dirigeante et scientifique.

Un roman d'aventures certes mais qui aborde aussi les thèmes forts de la philanthropie sociale et du socialisme utopique à travers l'érection d'une ville nouvelle, Franceville, reflet du phalanstère de Charles Fourier. D'ailleurs, c'est exactement à cette époque que sont construits les familistères de Guise et de Godin, et on peut faire pleinement confiance à Jules Verne pour s'y être intéressé de près.


Challenge ABC 2018 - 2019
Challenge XIXème siècle 2018
Challenge USA
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Un chouette petit roman qui permet, encore une fois, d'apprécier l'étendue du talent de Jules Verne.

Avec "les 500 millions de la Bégum", Verne propose une nouvelle fois un récit maîtrisé, riche et vivant. Les personnages sont parfaitement caractérisés. Il suffit de quelques lignes à l'auteur pour brosser le portrait physique et moral de ses protagonistes. Si le personnage de Schultze est un peu caricatural, je pense que c'est à dessein, le professeur allemand incarnant le méchant qu'on adore détester. Et caricatural ne veut pas dire pas crédible. Certains propos de ce Professeur Schultze ont d'étranges similitudes avec une idéologie qui aura malheureusement du succès quelques décennies plus tard.

Quant à l'intrigue, elle est très bien menée. Verne excelle dans les descriptions des 2 cités, tout particulièrement la cité de Stahlstadt, la ville-usine de Schultze, dont la peinture est saisissante. Chez Verne, les passages descriptifs ne sont jamais ennuyeux, au contraire ils sont captivants, très vivants.
Comme d'habitude avec Verne, l'écriture est très agréable, enlevée et élégante.

J'ai donc passé un délicieux moment avec ce court roman très bien mené dans lequel transparait l'humanisme de l'auteur. Un vrai plaisir de lecture !
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Ce qui m'a attirée vers ce titre c'est l'envie de lire l'opposition vue par Jules Verne entre le génie français et le génie allemand. Publié en 1879, il ne pouvait qu'être influencé par la récente guerre avec l'Allemagne.
Un très important héritage échoit à deux savants, l'un français, l'autre allemand. le premier se propose de créer une ville moderne selon des principes scientifiques et hygiénistes, France-Ville, tandis que l'Allemand choisit d'édifier une Cité de l'acier, en fait une usine d'armement. Les deux sont construites non loin l'une de l'autre en Amérique du Nord.
Le coeur de Jules Verne est nettement du côté français puisqu'il attribue au Docteur Sarrasin des projets philanthropiques, tandis que le Professeur Schultze n'entend oeuvrer qu'en vue de l'hégémonie du peuple allemand, destinée évidente due à la supériorité allemande sur les autres peuples. Pourtant il est curieux de lire dans la description de la cité modèle une volonté de former une humanité parfaite grâce aux exercices du corps et de l'esprit, et je n'ai pu empêcher mon esprit d'évoquer les jeunesses hitlériennes, même si le sport ne représentait qu'une partie de l'endoctrinement, et si l'enseignement de l'esprit critique en était exclu. J'ai aussi pensé aux villes fermées réservées aux personnes âgées, qui sont effectivement très sûres mais parce qu'elles fonctionnent sur l'exclusion. L'utopie est décidemment un exercice difficile.
L'esprit du XIXème se retrouve dans ce roman, en particulier la foi en un avenir plus radieux pour l'humanité (en tous cas la portion blanche) grâce à la science, l'éradication de la plupart des maladies, et des hommes meilleurs car mieux éduqués. Reste aussi la vision méprisante pour les peuples non européens ou américains.
Bref une lecture plaisante, mais pas tout à fait à la hauteur de ce que j'espérais, il est vrai qu'il était destiné à l'éducation (et à la récréation) des jeunes.



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Le Docteur Sarrazin hérite des 500 000 000 de la Begum Gokool. Il décide alors de créer une cité idéale dans l'Oregon. Un cousin très éloigné, le Professeur Schultze réclame sa part de l'héritage et va aussi créer sa cité idéale dans l'Oregon. Il y a plusieurs aspects dans ce roman. le côté utopie avec la Cité de France-Ville du Dr Sarrazin, anticipation idéaliste, et le côté dystopique du complexe militaro-industriel du compère germanique. Ce roman oscille entre le roman d'espionnage et d'anticipation, il y a de l'action, des retournements de situations, mais aussi des idées, des réflexions sur l'avenir. L'utopie selon Jules Verne reste assez rigide, éducation, hygiène. le racisme et le chauvinisme des allemands vis à vis des français est évoqué et dénoncé. le tyrannique teuton veut donc anéantir les français. Mais Jules Verne tombe parfois dans la caricature et ne s'émeut pas de sa vision des “jaunes” ou des “noirs” sans doute encore plus caricaturale :
“Le produit des travaux était déposé toutes les semaines, en présence des délégués, à la grande Banque de San Francisco, et chaque coolie devait s'engager, en le touchant, à ne plus revenir. Précaution indispensable pour se débarrasser d'une population jaune, qui n'aurait pas manqué de modifier d'une manière assez fâcheuse le type et le génie de la cité nouvelle.”
Il n'hésite pas à pencher outrageusement vers le chauvinisme pro-français (en même temps, il n'a pas complètement tort, on est Champions du Monde après tout !). On est au lendemain de la guerre de 70, il faut le prendre en considération. Ceci dit, ce Professeur Schultze n'est pas sans rappeler un certain Adolf H. prônant la suprématie de la race germanique, et la politique de l'armement et puis d'un point de vue purement militaire, le canon du Pr Schultze préfigure la Grosse Bertha qui sera mise en action pendant la Première Guerre Mondiale.
Le héros est un ami du fils du Docteur Sarrazin, Marcel Bruckman, alsacien courageux, travailleur, aventurier, malin et accessoirement amoureux de la fille du Docteur, le véritable héros Vernien.
Pour moi, ce roman de Jules Verne est une totale découverte, je n'en avais jamais entendu parler. Je regrette un peu que l'aspect utopie ne soit pas assez approfondi. On retrouve le style métaphorique, l'écriture assez emphatique et la mise en scène grandiloquente et théâtrale de la littérature populaire du XIXe siècle, ça donne un charme désuet et c'est un peu ce que je recherche quand j'ouvre un roman de Jules Verne. Je ne lisais pas Jules Verne quand j'étais gamin, à cause de ce style vieillot. Aujourd'hui, cela m'amuse au point de me faire rire parfois :
“Ah ! le misérable ! Eh bien, que mon coeur se sèche, s'il le faut, que ma vie se refroidisse dans cette insoutenable température, mais que mes amis, que le docteur Sarrasin, sa famille, Jeanne, ma petite Jeanne, soient sauvés ! Or, pour cela, il faut que je fuie... Donc, je fuirai !”
Alors ce n'est sans doute pas le plus extraordinaire roman de Jules Verne, mais il mérite un coup d'oeil curieux.
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Un roman qui frappe au premier regard par son manichéisme daté. La guerre de 1870 est bien passée par là et les couplets de "nous reprendrons l'Alsace et la Lorraine" résonnent doucement en fond sonore pendant la lecture. Mais ce n'est que le premier coup d'oeil. Au second, on trouve aussi dans ce livre des positions politiques et sociales que l'on ne rencontre pas souvent chez Jules Verne excellent conteur en général plus axé sur l'action et le merveilleux scientifique que sur la réflexion ou la critique.
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Roman du genre steampunk avec des inventions, des machines, des cités industrielles, tout est monstrueusement énorme. Jules Verne montre aussi son talent de précurseur pour certaines inventions, pour la création de villes humaines et saines comme lieux de résidence. Parallèlement, le côté aventures est bien présent, tout comme une intrigue familiale, avec beaucoup de morales. Un roman divertissant.
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Que feriez-vous de 500 millions gagnés à la loterie ? Acheter une île paradisiaque, faire un tour du monde en bateau ? Pour les héros de Jules Verne, pas de ça. Les ambitions sont plus philanthropiques... ou tout au contraire !
Dans ce roman, ce n'est pas un heureux gagnant mais deux héritiers du fabuleux pactole d'une Bégum indienne. L'un est Français et l'autre Allemand et ils ont tous les deux des visions assez opposées de la façon de mettre à profit cette soudaine manne.
François Sarrasin est décidé à fonder une cité exemplaire utilisant les plus récentes avancées des domaines de l'hygiène et de l'urbanisme et entend en faire un lieu idéal et cosmopolite.
Le professeur Schultze bâtit une cité industrielle à la gloire de l'acier, depuis les mines jusqu'à la fonte des canons. Car son objectif n'est ni plus ni moins que de détruire la cité du Français. Mais c'est bien sûr sans compter sur l'intervention d'un courageux et intrépide Alsacien qui va déjouer ces plans diaboliques.

Ce roman fut écrit en pleine période de traumatisme post-guerre de 1870. le ressentiment anti-allemand est plus qu'évident et la honte engendrée par la perte de l'Alsace-Lorraine se voit ici adoucie par l'image d'un Alsacien infiltré chez l'Allemand, fidèle au Français et qui ne demande qu'à saper le Teuton. Une promesse de revanche en somme. C'est quasiment de la propagande.

On y retrouve aussi les thèmes classiques de l'époque : révolution industrielle, théories hygiénistes, rationalisation de l'espace urbain...

Pour ma part, je ne considère pas ce roman parmi les Jules Verne majeurs ; les ficelles sont souvent énormes et certains personnages caricaturaux. Cependant, comme souvent dans les aventures proposées par l'écrivain nantais, on trouve une dose d'humour qui allège l'ensemble.
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Le docteur Sarrasin, décide d'utiliser l'argent d'un héritage fabuleux pour bâtir une ville modèle, Franceville, dont la construction est basée sur des principes scientifiques et, notamment sur l'hygiène et le respect de la nature. Ce qui en fait une cité modèle.
Octave, son fils est lié d'amitié à Marcel Bruckmann, qui est un étudiant brillant.
Mais l'héritage est divisé en deux car un autre prétendant se présente : le professeur Schultze, éminent professeur allemand antifrançais.
Bientôt une conspiration menace l'existence de Franceville.
Le professeur schultze, de Stahlstadt, la cité de l'acier qu'il a fondé, veut détruire Franceville, grâce à un monstrueux obus tiré par un immense canon.
Paru en 1879, Ce livre de Jules Verne pourrait laisser à penser qu'il se laisse porter, contrairement à ce qu'il a pu laisser entrevoir dans d'autres ouvrages, par un patriotisme qui se teinterait de nationalisme.
Mais c'est plus deux conceptions de vie et d'urbanisme qu'il oppose dans cet ouvrage et passé la guerre de 70 il prédit le réarmement industrieux forcené de l'Allemagne et la grosse Bertha de la première guerre mondiale..
Au final il signe, là, un bon roman d'anticipation, malgré quelques longueurs, à relire pour le plaisir de l'imagination et du style de Jules Verne.
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Le docteur Sarrasin, paisible praticien français, hérite soudainement d'un petit royaume dans la province de Bengale et de plus de 500 millions de francs. Mais cet héritage fabuleux lui est disputé par le professeur Schultze, un Allemand convaincu de la supériorité de son pays. « Cela peut devenir un grand danger, une subite fortune pour certaines natures. » (p. 29) Les millions sont finalement partagés : alors que le docteur Sarrasin fonde France-Ville, cité moderne et modèle, le professeur Schultze construit Stahlstadt, cité ouvrière partagée entre les mines et les fonderies. L'Allemand ne s'en cache pas, il veut anéantir sa voisine française à coup de canons et de projectiles meurtriers. Infiltré dans la cité armée, Marcel Bruckman, pupille du docteur Sarrasin, met tout en oeuvre pour percer à jour les sombres desseins du professeur Schultze. « Nous faisons ici le contraire de ce que font les inventeurs de France-Ville ! Nous cherchons le secret d'abréger la vie des hommes tandis qu'ils cherchent, eux, le moyen de l'augmenter. Mais leur oeuvre est condamnée, et c'est de la mort, semée par nous, que doit naître la vie. » (p. 124)

Avec ce roman d'anticipation et d'espionnage, Jules Verne présente une peinture visionnaire cruellement précise de ce que sera le conflit franco-allemand de 14-18. le récit est très manichéen et oppose les partisans du bien et de l'homme à ceux du mal et de la destruction. C'est avec un paternalisme éclairé que Jules Verne professe que les sciences n'ont de valeur que si elles sont mises à profit avec vertu et sagesse. Dans le même sens, il rappelle que la richesse ne fait le bonheur que si elle est partagée et mise au service de l'élévation de l'humanité. Les personnages sont des archétypes : l'Allemand belliqueux, le Français humaniste, l'Alsacien méritant, etc. « Marcel n'était pas seulement d'un mérite transcendant dans toutes les branches du métier, c'était aussi le plus charmant compagnon, le travailleur le plus assidu, l'inventeur le plus modestement fécond. » (p. 109) Ce roman est d'une grande simplicité dans sa construction, mais le charme opère toujours avec Jules Verne.
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J'ai une relation particulière avec Jules Verne. Voyage au centre de la Terre est le premier roman que j'ai lu, quand j'avais une douzaine d'année. Je suis instantanément tombé amoureux de l'auteur. J'ai lu les Cinq cents millions de la Bégum à la même époque. Depuis, je suis parti en chasse des autres Voyages Extraordinaires et, si j'en ai apprécié certains plus que d'autres, je n'en ai jamais trouvé aucun mauvais.

Donc j'ai aimé les Cinq cents millions de la Bégum, voilà qui est dit.

Dans ce roman, un français, le docteur François Sarrasin, et un Allemand, le professeur Schultze, se partagent un héritage colossal de cinq cents millions de francs. Ils décident de fonder chacun une ville parfaite. Pour Sarrasin ce sera France-Ville, la cité du bien être, et pour Schultze, Stahlstadt, la cité de l'acier.

France-Ville est une cité où l'hygiène, la santé et l'instruction sont élevées en tant que vertus cardinales. On trouve même des notions d'écologie en avance sur leur temps : les fumées des cheminées sont traitées et débarrassées de leur carbone avant d'être relâchées dans l'atmosphère. Bon, par contre, les eaux usées sont juste évacuées hors de la ville, nous ne sommes qu'en 1879 après tout.

Stahlstadt est une ville-usine destinée au profit d'un seul homme. Si France-Ville est clairement une utopie, Stahlstadt n'est pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, une dystopie. Certes, on aurait pas envie d'y vivre car la vie y semble difficile, mais les ouvriers n'y sont pas plus maltraités ni moins bien payés que dans n'importe quelle mine ou usine sidérurgique de l'époque.

Le véritable héros du roman n'est pas le docteur Sarrasin mais son protégé, le jeune Marcel Bruckmann, un alsacien qui infiltrera la cité de l'acier pour en découvrir les noirs secrets. En face, le professeur Schultze représente le danger d'un esprit génial au service d'une mauvaise cause. L'allemand, prêt à tout pour démontrer la supériorité de la race germanique sur toutes les autres, et surtout les français, est une troublante vision prémonitoire d'un autre allemand qui deviendra tristement célèbre soixante ans plus tard...

J'aime le style de Jules Verne, documenté, énonçant les faits, pointilleux dans les détails, nous présentant les grands progrès de son époque ; j'aime ses personnages, fort en caractères, représentants des idéaux tant physiques qu'intellectuels. Jules Verne place l'homme de science au sommet de la pyramide sociale et lui donne toutes les vertus. J'aime ses intrigues simples, aux rebondissements rocambolesques. Je conçois parfaitement que d'autres puissent trouver le style vieillot, démodé. Moi je lui trouve un cachet irrésistible et ne m'en lasserais jamais.

Les cinq cents millions de la Bégum est un très bon Jules Verne, que tous les amateurs de l'auteur se doivent de découvrir.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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