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Critique de ODP31


Il faut susurrer le titre pour se rendre compte à quel point il est doux à l'oreille. Impossible de résister à l'envie de « tribuler » les pages de ce livre.

On l'a échappé belle. J'ai appris que le roman de Jules Verne avait eu pour titre initial "L'assassiné volontaire". Un intitulé certes évocateur, parfait pour un polar de transat, mais peu propice aux rêveries orientales. « Les tribulations d'un chinois en Chine » suggère bien mieux, aventures et mésaventures, promet voyages et introspections, garantit la découverte des mystères de l'Orient.

Passé la magie du titre et de vagues souvenirs de rediffusions estivales de l'adaptation cinématographique avec Jean Paul Belmondo et Ursula Andress, je dois confesser que la lecture du roman, sans me décevoir, n'a pas su passionner ce qu'il reste du gamin qui dévorait les vieilles éditions de Jules Verne pendant ses vacances chez ses grands-parents.

Pourtant l'histoire est prenante. Kin-fo, riche héritier, traîne une mélancolie qui aurait fait la fortune d'un psy. Il ne s'intéresse à rien et l'annonce de sa prochaine ruine ne l'incite qu'à précipiter sa mort. Il contracte une assurance vie au bénéfice de sa fiancée Lé-ou et de son guide spirituel, Wang. En échange, il obtient de son mentor la promesse qu'il le tuera dans un délai de deux mois.
Kin-fo recouvre peu après sa fortune et n'a plus du tout l'intention de trépasser. Mais Wang a disparu et le jeune homme sait que son fidèle ami tiendra sa promesse. Il part alors à sa recherche et traverse la Chine pour sauver sa vie, accompagné de deux détectives engagés par sa compagnie d'assurances.

Jules Verne nous fait ainsi découvrir la Chine, ses descriptions sont comme toujours minutieuses mais cela relève hélas ici plus du relevé topographique que de la découverte de l'âme de l'empire du Milieu. On reste sur les bordures. La muraille de Chine est dépeinte avec la platitude d'un plan d'architecte. J'ai presque eu envie d'interpeller l'auteur :

- Allez Jules, arrête tes chinoiseries !!!!
Oui, je tutoie Jules Verne. Quand on lit les Voyages extraordinaires depuis l'enfance, cela autorise une certaine familiarité.

Heureusement, dès que l'auteur laisse aller son imagination, il retrouve ses fulgurances visionnaires et les illustrations de S.Benett sont magnifiques.

La morale de ce conte philosophique est claire - Pour retrouver le goût de la vie, il faut en connaître le prix.

Jules Verne délocalise avec habileté le spleen ambiant de la fin du 19ème siècle en Chine mais je préfère ses épopées sous-marines ou lunaires.

Reste le titre. J'aurai préféré que mes professeurs ou mes parents me punissent en me faisant recopier cent fois « Les tribulations d'un chinois en Chine », plutôt que dix fois «ne doit pas bavarder pendant la classe ou dormir contre le radiateur »….
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