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Critique de gill


Un commis voyageur, représentant des cycles "Antilope" était perdu dans un désert épouvantablement désert, si désert que les points cardinaux, écoeurés, en avaient décampé.
Cependant, Arthur Claès, puisque c'est son nom, finit par apercevoir une ville et s'y traîner à moitié mort de soif ...
Il venait de pénétrer au royaume des feignants !
Paru aux éditions du "Bateau Ivre", en 1946, et fini d'écrire à Carnac en 1945, "Au royaume des feignants" est signé par Pierre Véry, l'auteur "des disparus de Saint-Agil", de "l'assassinat du père Noël", de "Goupi Mains-Rouges" et de "Tout doit disparaître le 5 mai".
C'est dire si le lecteur de ce livre est en droit d'en attendre le meilleur !
Eh bien, dans le post-scriptum de l'avertissement, l'auteur lui-même prévient que ce livre est un livre simple, voire simplet, qu'il est un tissu de banalités, un jardin où fleurissent le lieu commun et l'évidence.
Une pareille honnêteté, même si elle paraît à Pierre Véry comme la plus élémentaire, n'est pas banale.
Et, le livre est jeté dans l'ordre établi comme un pamphlet qui va y semer le doute et le désordre.
Son auteur semble avoir creusé son sujet jusqu'à l'os, jusqu'à sa substantifique moelle aurait dit François Rabelais s'il s'était donné la peine de lire Pierre Véry !
Le récit est farfelu, la prose fantaisiste et déconcertante.
Le sourire est de mise, mais le lecteur, celui dont la lecture n'est pas engluée dans l'immobilité, c'est à dire dans la béatitude, ce lecteur-là va devoir extraire et comprendre ce qu'il peut entre les lignes.
Et, Pierre Véry, dans l'avertissement, a prévenu : il se représente volontiers Dieu comme un grand naïf, le plus merveilleux des naïfs ; et le Diable, cet incurable ratiocineur, comme un damné philosophe !
Ce qui fait que tout ça est tout de même bien embrouillé.
Une chose pourtant est bien claire, ici, l'horreur de la guerre, le dégoût du patriotisme et le mépris de la commémoration dont fait preuve Pierre Véry.
Il y a aussi dans la recette de l'ouvrage une pincée de méfiance envers les élections et un grand bol d'aversion contre les causeurs de guerre.
Mais que l'on se rassure la haute finance n'y est pour rien.
Grands Dieux, non !
L'ennemi irréductible serait plutôt le facteur rural Schmidt, le garçon de café Brown, le cantonnier Filippi et quelques autres modestes salariés belliqueux.
Si Gulliver, dans son pauvre naufrage, avait abordé le royaume des feignants, toute la littérature en eût été changée.
Encore eût-il fallu que Jonathan Swift ait daigné lire Pierre Véry !
Sur le fleuve du temps les feignants font la planche, les autres y ouvriront ce livre ...

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