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Critique de LoupAlunettes


Ce nouveau roman de Flore Vesco se montrera de nouveau é-pa-tant.

Nous serons encore dans le plaisir du vocabulaire, du bon mot qui fera mouche ET nous fera rire.

Flore, notre professeure de français, auteure de littérature jeunesse pour notre plus grand plaisir, poussera cette fois sa couleur médiévale, très appréciée pour ces histoires, jusqu'à l'emploi de termes qui nous rappelleront un langage d'époque. "L'estrange malaventure de Mirella".

Il en sera ainsi tout du long, de quoi nous mettre dans le bain (sans jeu de mots volontaire, car il sera question de bains, de crasse et de fautes dont il faudra se laver).

De quoi familiariser les jeunes collégiens ados avec une langue d'auteurs classiques qu'ils rencontreront dans les récits de Chrétien de Troyes et du Roman de Renart par exemple.

Autant le faire en s'amusant, nous inspire l'auteure et elle prêche avec nous des convaincus. Elle invitera donc la jeune génération à entraîner son oreille et son regard à des orthographes inédites, à jongler avec "l'estrange" orthographe tenue des racines du langage français. Cela donnera de la couleur et de la musicalité à l'aventure.



Comme avec l'exquis "De Cape et de Mots", Flore Vesco gardera un goût pour le Conte et l'Art du spectacle, son aventure sera une vraie scène de théâtre où le grotesque aura la mission de vous divertir.

Installez-vous!

Flore Vesco donnera presque dans la satyre avec son conte détourné et elle choisira encore d'imaginer un personnage féminin tenace pour saupoudrer (involontairement) les situations de beaucoup d'humour noir pour faire passer la dragée.

Et ça marche.

Le roman se réservera du coup à un public ado qui n'a plus l'âge des Contes de Fées.



L'auteure nous emmènera en Allemagne, dans la ville de Hamelin et Oyez, oyez, bonnes gens, vous assisterez ici à la représentation de la véritable histoire qui a inspiré le terrible conte du joueur de flûte de Hamelin.

Prenez place!

Attention, ce n'est pas la porte d'entrée que vous entendez là, c'est l'humour grinçant qui entre.



Mirella, notre héroïne porteuse d'eau, introduira l'histoire.

C'est une porteuse d'eau courante.

La pauvre miséreuse devra courir ça et là, vêtue de vieilles nippes, pour distribuer l'eau dans toute la ville et rembourser la charge d'orpheline qu'elle doit à la ville d'Hamelin.

Du mendiant au notable, Mirella devra rincer les gosiers sans rechigner.

"A l'eau, Mirella! On a soif!!"



Nous attendons avec impatience l'arrivée du fameux joueur de flûte, tandis que Flore Vesco prend le temps de nous dépeindre une ville et un bourgmestre déja rongés par un autre mal que la peste.

Oui, l'humour est aussi noir que la crasse qui oint leurs bonnes manières et le bon fond de Hamelin.

Mais dans quel vieux pot sommes-nous tombés?

Vite, vivement l'arrivée du joueur car Mirella n'en peut plus d'être en bas de l'échelle sociale, à servir l'eau, chasser les rats et traquer les maisons infectées pour soulager les habitants.

Les porteurs d'eau sont, on s'en amuse, le service municipal à moindre coût qui redonne satisfaction aux électeurs de Hamelin.

Pourtant, le problème des rats se montrera coriace, plus coriace encore avec la montée de la Peste.

Que faire? Diligenter les porteurs d'eau sur une nouvelle tranche de nuit pour rincer les rues?

A la moitié du roman, nous finissons par nous rendre compte que la vraie star du livre, c'est quand même la ville d'Hamelin.

Et "estrangement", nous passons un bon moment et nous en rions, nom d'une queue de rat!



Les personnages donneront dans une nature humaine persistante, bien que les grandes passions soient considérées comme des expressions du Malin.

Malgré les règles austères d'Hamelin, nous ne jouerons pas dans la mesure tant les personnages sont malgré eux des caricatures de théâtre.

Ils brilleront de passions étouffées comme Mirella qui ne peut s'empêcher d'être flamboyante et rayonnante (c'est pas très catholique tout ça, pense l'aubergiste).

Il y aura un vrai concours de cruauté, de disgrâce et de ridicule avec les gens d'Hamelin qui n'y voient aucun mal.

L'absurde et l'indignité seront légion au coeur de l'histoire, comme une bonne poussée d'acné juvénile et ça va éclater, prenez garde !

( "Bouh booouh!"

Non, jeunes lecteurs, ne huez pas encore, ça va commencer. Et à la fin,n'oubliez pas d'applaudir. Chhhut!)
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