Ton esprit tient encore un peu de la saison
Qui ne voit point mûrir les fruits de la raison.
Le plus sanglant dépit que la Fortune livre
A des désespérés, c'est les forcer de vivre.
Ah ! voici le poignard qui du sang de son maître
S'est souillé lâchement. Il en rougit, le traître !
Mais je me sens jaloux de tout ce qui te touche,
De l’air qui si souvent entre et sort par ta bouche.
L'or, ce métal sorcier, corrompt tout par ses charmes.
Devant lui prosterné, l'honneur met bas les armes.
Déchargeant sa douleur dedans l'âme fidèle
De quelqu'un que l'on aime on la sent moins cruelle.
On ne saurait dompter la passion humaine ;
Contre Amour la raison est importune et vaine
Acte I, scène 3.
SYLLAR.
L'aimez-vous jusqu'au point de violer la loi ?
LE ROI.
Tu sais que la justice est au-dessous du Roi.
La raison défaillant, la violence est bonne
À qui sait bien user des droits d'une couronne.
SYLLAR.
Mais toujours vous savez que l'équité vaut mieux.
LE ROI.
Les grands Rois doivent vivre à l'exemple des Dieux.
SYLLAR.
Aussi vous ont-ils faits leurs lieutenants en terre.
LE ROI.
Leur colère à son gré fait tomber le tonnerre,
Et quoiqu'ils soient portés, ce semble, à nous chérir,
Pour montrer leur puissance ils nous font tous mourir ;