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Critique de Bookycooky


Une scène dans le train,
“« Pourriez-vous me dire ce qu'est ce paquet rangé dans le porte-bagages au-dessus de votre tête ? » demande un passager. Et l'autre de lui répondre : « Ah, c'est un McGuffin*. » le premier veut savoir ce que c'est et le second le lui explique : « Un McGuffin est un instrument pour chasser des lions en Allemagne. » « Mais il n'y a pas de lions en Allemagne », rétorque le premier. « Ce n'est donc pas un McGuffin », répond le second.”
Pour faire court, victime d'un McGuffin, Enrique Vila-Matas va s'engager à participer à "Une Installation " à la Dokumenta 13 de Kassel (une exposition d'art moderne et contemporain qui se tient tous les cinq ans, à Kassel dans le Land de Hesse, en Allemagne). Une "Installation" pour un écrivain ? Eh bien c'est une version allégée ( je ne peux pas tout vous raconter 😊) de la proposition suivante : passer tous les matins pendant trois semaines à la fin de l'été 2012 au restaurant chinois Dschingis Khan dans les faubourgs de Kassel, pour écrire sous les yeux du public**. L'endroit étrange pour faire quelque chose de bizarre, donne à Vila-Matas, l'impression de vivre une fois de plus le début d'un voyage qui peut finir par se transformer en un récit écrit dans lequel il mêlerait "comme tant d'autres fois perplexité et vie en suspens pour décrire le monde comme un lieu absurde auquel on accédait par le biais d'une invitation très extravagante." Bien sûr à part écrire, on lui demande d'essayer d'entrer en contact avec ceux qui passeraient dans le restaurant et voudraient lui parler, " s'interconnecter " étant un vrai concept et une recommandation très répandus au sein de la Dokumenta13, ce qui l'enthousiasme beaucoup moins.
"Impressions de Kassel" est le reportage romancée de cette participation à la Dokumenta , agrémenté par divers réflexions et ressentis sur l'Art Contemporain dans la cadre précis des oeuvres présentes à l'exposition. Un peu perdu entre “the invisible pull “, une brise artificielle dans un espace vide qui le remplit d'un curieux mais intéressant bien-être , " The Brain “un amas de détritus (où se trouvent aussi le flacon de parfum d'Eva Brown et la serviette de son mec Adolf), qui semble un grand “n'importe quoi” , ou "la conférence sans personne" du Critical Art Ensemble, Vila-Matas, écrivain singulier, intelligent, à l'humour subtile, ne tarde pas à se mettre dans le bain. Il va jouer le jeu, jouant dans sa tête avec sa propre identité, interprétant les oeuvres, sous divers perspectives aussi bien négatives que positives, "l'effet produit en moi par certaines oeuvres de cette Documenta modifiait ma façon d'être....spectacle déconcertant.....Kassel n'avait pas la réputation de danser au rythme de la logique."
C'est un auteur exigeant mais oh combien agréable à lire ! Il est humain, modeste, sincère et plein d'humour et pratique l'autodérision, une façon de ne pas se prendre soi-même et le monde trop au sérieux.
J'aime tout ce qui bouscule, et ce livre en est un, et partage pleinement l'enthousiasme de Vila-Matas, ayant vécue cet été la même euphorie dans une autre exposition de même ampleur dans une autre ville d'Europe.
Et pour finir, en tournant la dernière page, je me pose la question,
Et si La Vie elle-même n'était qu'une série de McGuffin 😁 ?

"J'ai, un jour, entendu dire que la vraie vie n'est pas celle que nous menons, mais celle que notre imagination invente."

* Un objet générateur nécessaire au suspens et au développement d'un récit ou pour motiver les caractères, mais en lui-même sans aucune importance ou signification.
"The MacGuffin is the thing that the spies are after but the audience don't care."
Alfred Hitchcock
**Marie Darrieussecq y a participé aussi, à une période antécédente au séjour de Vila-Matas.
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