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EAN : 9782267026573
358 pages
Christian Bourgois Editeur (02/05/2014)
3.62/5   16 notes
Résumé :
Que peut avoir à faire un homme de lettres à la Documenta de Kassel, foire mondiale d'art contemporain ? C'est pourtant bien à un écrivain barcelonais que les commissaires de l'événement ont adressé une invitation pour une intervention inattendue : se présenter chaque matin dans un restaurant chinois afin d'écrire en public. La perplexité et la timidité l'incitent d'abord à décliner cette proposition. Mais une jeune émissaire tactiquement envoyée à sa rencontre achè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une scène dans le train,
“« Pourriez-vous me dire ce qu'est ce paquet rangé dans le porte-bagages au-dessus de votre tête ? » demande un passager. Et l'autre de lui répondre : « Ah, c'est un McGuffin*. » le premier veut savoir ce que c'est et le second le lui explique : « Un McGuffin est un instrument pour chasser des lions en Allemagne. » « Mais il n'y a pas de lions en Allemagne », rétorque le premier. « Ce n'est donc pas un McGuffin », répond le second.”
Pour faire court, victime d'un McGuffin, Enrique Vila-Matas va s'engager à participer à "Une Installation " à la Dokumenta 13 de Kassel (une exposition d'art moderne et contemporain qui se tient tous les cinq ans, à Kassel dans le Land de Hesse, en Allemagne). Une "Installation" pour un écrivain ? Eh bien c'est une version allégée ( je ne peux pas tout vous raconter 😊) de la proposition suivante : passer tous les matins pendant trois semaines à la fin de l'été 2012 au restaurant chinois Dschingis Khan dans les faubourgs de Kassel, pour écrire sous les yeux du public**. L'endroit étrange pour faire quelque chose de bizarre, donne à Vila-Matas, l'impression de vivre une fois de plus le début d'un voyage qui peut finir par se transformer en un récit écrit dans lequel il mêlerait "comme tant d'autres fois perplexité et vie en suspens pour décrire le monde comme un lieu absurde auquel on accédait par le biais d'une invitation très extravagante." Bien sûr à part écrire, on lui demande d'essayer d'entrer en contact avec ceux qui passeraient dans le restaurant et voudraient lui parler, " s'interconnecter " étant un vrai concept et une recommandation très répandus au sein de la Dokumenta13, ce qui l'enthousiasme beaucoup moins.
"Impressions de Kassel" est le reportage romancée de cette participation à la Dokumenta , agrémenté par divers réflexions et ressentis sur l'Art Contemporain dans la cadre précis des oeuvres présentes à l'exposition. Un peu perdu entre “the invisible pull “, une brise artificielle dans un espace vide qui le remplit d'un curieux mais intéressant bien-être , " The Brain “un amas de détritus (où se trouvent aussi le flacon de parfum d'Eva Brown et la serviette de son mec Adolf), qui semble un grand “n'importe quoi” , ou "la conférence sans personne" du Critical Art Ensemble, Vila-Matas, écrivain singulier, intelligent, à l'humour subtile, ne tarde pas à se mettre dans le bain. Il va jouer le jeu, jouant dans sa tête avec sa propre identité, interprétant les oeuvres, sous divers perspectives aussi bien négatives que positives, "l'effet produit en moi par certaines oeuvres de cette Documenta modifiait ma façon d'être....spectacle déconcertant.....Kassel n'avait pas la réputation de danser au rythme de la logique."
C'est un auteur exigeant mais oh combien agréable à lire ! Il est humain, modeste, sincère et plein d'humour et pratique l'autodérision, une façon de ne pas se prendre soi-même et le monde trop au sérieux.
J'aime tout ce qui bouscule, et ce livre en est un, et partage pleinement l'enthousiasme de Vila-Matas, ayant vécue cet été la même euphorie dans une autre exposition de même ampleur dans une autre ville d'Europe.
Et pour finir, en tournant la dernière page, je me pose la question,
Et si La Vie elle-même n'était qu'une série de McGuffin 😁 ?

"J'ai, un jour, entendu dire que la vraie vie n'est pas celle que nous menons, mais celle que notre imagination invente."

* Un objet générateur nécessaire au suspens et au développement d'un récit ou pour motiver les caractères, mais en lui-même sans aucune importance ou signification.
"The MacGuffin is the thing that the spies are after but the audience don't care."
Alfred Hitchcock
**Marie Darrieussecq y a participé aussi, à une période antécédente au séjour de Vila-Matas.
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Forte impression aussi avec ce livre de Vila-Matas, rédigé pendant et autour de son passage à la Documenta 13 de Kassel il y a deux ans. Une fois de plus, lire le Barcelonais ce n'est pas simplement lire de la littérature, c'est lire LA littérature. Récit en forme de tour de babel, Vila-Matas brille toujours plus sous cette forme journalistique que par ses romans ; clin d'oeil à Kafka, Borges, Benjamin, Duchamp etc. et donc bien sûr aussi à l'imposture (littéraire de préférence), c'est un écrivain angoissé par la peur de s'ennuyer qui se "livre" ici, et accomplit un travail brillant, une réflexion exemplaire sur le monde de l'art (contemporain), et la fonction de l'écrivain avec, comme toujours, une touche autobiographique qui ne fait que renforcé le plaisir de lecture.
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Enrique Vila-Matas est un auteur barcelonais qui excelle dans la metalittérature, ses récits se perdent entre l'autofiction et l'essai avec de nombreuses passerelles vers d'autres auteurs, d'autres livres, d'autres topiques. on aime ou on déteste, moi j'adore parce que c'est très littéraire.
Celui-ci est son dernier livre, un mélange d'auto-fiction et d'essai sur l'art moderne avant-gardiste dans la petite ville de Kassel où une exposition a lieu tous les cinq ans depuis 1955.
Au cours de cette treizième manifestation, appelée dOCUMENTA 13, un écrivain barcelonais est invité pour participer en tant que sculpture vivante, celle d'un écrivain en pleine action créative, installé dans un restaurant chinois avec une pancarte : "writer in residence". Cet écrivain est plein de manies et de phobies, ce qui rend le récit assez cocasse en se demandant quelle est la part autobiographique là dedans.
Il y a beaucoup de réflexions sur la littérature et sur l'art moderne dans ce livre, on apprend des choses et on sourit beaucoup.
Lien : http://pasiondelalectura.wor..
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Habitué à déstabiliser son lecteur par ses livres dénués de romanesque mais chargés en divagations d'auteur, Enrique Vila-Matas revient avec "Impressions de Kassel", qui réunit toutes ses obsessions.
Pour ce livre, il décide de raconter son expérience à la Documenta de Kassel à laquelle il était invité. Partant de son désintérêt premier pour l'art contemporain, voire parfois son mépris, il se dirige peu à peu vers une extase surjouée, fantasmée sans doute, davantage liée à son état d'esprit qu'au jugement purement critique que les oeuvres d'art lui inspirent. Rappelant au lecteur que "l'art, c'est la vie", et réciproquement, il fait de ce chant d'amour à l'art contemporain, une ode à la vie. Un peu niais, un peu facile ? Ce n'est jamais si simple avec Enrique Vila-Matas, érudit, insolent, désinvolte, et irrésistiblement drôle.
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Voyage en avant-garde. Dans un roman constamment drôle, malin et d'une rare intelligence, Enrique Vila-Matas met en scène, par un jeu de dédoublements (tant littéraire par la référence constante à Roussel que cinématographique par la pensée constituante à Hitchcock), l'impulsion de l'enthousiasme. Entre fiction et réalité, Impression de Kassel interroge la nécessité de l'art et, entre collapsus et rétablissement, ses manières de joyeusement continuer à nous altérer.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
Telerama
23 juillet 2014
Méditation tout ensemble profonde, emphatique, ironique et mélancolique sur la création, les nécessités du geste artistique, la beauté de l'avant-garde.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Avais-je oublié Humboldt, ce personnage de Saul Bellow qui aimait à rappeler le jour où Artaud avait invité les intellectuels les plus brillants de Paris à une conférence ? Quand ils furent tous réunis, il ne lut rien, il monta sur scène et se contenta de crier comme un animal sauvage. Il semblerait qu’après avoir ouvert la bouche, Artaud n’ait pas arrêté de pousser des cris tonitruants tandis que les intellectuels parisiens effrayés ne bougeaient pas de leurs sièges. Pour eux, c’était un acte délicieux. Pourquoi ? Humboldt dit qu’Artaud avait d’une certaine façon compris que le seul art qui pouvait intéresser les intellectuels était celui qui célébrerait la primauté des idées. Les artistes devaient intéresser les intellectuels, la nouvelle classe. Aussi la situation de la culture et de l’histoire de la culture était-elle devenue le thème de l’art. C’est pourquoi un auditoire raffiné de Français écoutait respectueusement Artaud quand il criait. Pour eux, le but exclusif de l’art était de suggérer et d’inspirer des idées…
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......contrairement à ce que tant de gens croient, on n’écrit pas pour se distraire même si la littérature est l’une des choses les plus distrayantes du monde, on n’écrit pas non plus pour « raconter des histoires », bien que la littérature regorge de récits géniaux. Non. On écrit pour attacher le lecteur, pour se rendre maître de lui, le séduire, le subjuguer, entrer dans l’esprit d’un autre et y rester, pour l’ébranler, le conquérir…
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....elle a ri parce qu’elle venait de lire le curriculum vitae de Numminem inscrit dans le programme. La traduction de sa biographie en castillan était sûrement sortie directement du traducteur anarchique de Google : « M. A. Numminem est né en 1940 à Somero, Finlande. Il a fait des études de philosophie, de sociologie et de linguistique à l’université d’Helsinki […]. Il a composé des intimés philosophiques, des films écrits, des poèmes, expérience en génialité et tango. »
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Jovani disait aussi, si ma mémoire ne me jouait pas des tours, qu’il fallait se demander qui souhaiterait vraiment avoir un urinoir signé dans le salon de sa maison. Les différences entre art exposé dans les musées et art sans foyer ni direction, art de l’intempérie si visible à Kassel dans diverses installations, ne pouvaient peut-être pas trouver meilleure synthèse que dans cette question.
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Kafka : « Est-il vrai qu’on peut s’attacher une jeune fille par l’écriture ? » On a rarement formulé avec autant d’ingénuité, de précision et de profondeur l’essence même de la littérature.
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Videos de Enrique Vila-Matas (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Enrique Vila-Matas
En dialogue avec Tiphaine Samoyault Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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