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Critique de isanne


Il y a d'abord une grande maison en bord de mer - La Grande Villa - avec son caractère, ses manies, les tomettes qui cliquettent, les poignées qu'on actionne à l'envers, les jeux de lumière du soleil dans les fenêtres, les voilages, sur les planchers, les meubles, l'armoire rouge du vestibule...
Un antre dans lequel la narratrice vient retrouver une présence, un autre séjour cinq mois plus tôt mais accompagnée cette fois-là, un lieu où elle vient chercher une consolation, la possibilité, en évoquant une présence en ce lieu, de rompre les liens étouffants du chagrin...

Il y a le platane dont les branches sont si longues, la ramure si étendue que les feuilles se tendent comme autant de mains à travers les croisées, aussi douces que peut l'être une caresse qui console, qui étreint...

Il y a l'eau, celle où l'on nage, celle où l'on flotte, celle où l'effort physique tente de faire taire l'esprit, l'eau comme une frontière, l'eau comme une promesse de départ vers un autre pays...

Il y a la solitude, celle de cette fille qui reste, gardienne de la mémoire de ce père qui n'est plus...
Il y a les tentatives d'écritures de cette jeune femme qui tente d' exorciser la douleur d'une absence, les silences qui ne peuvent être effacés, qui tente de dompter les mots pour calmer les idées qui assaillent, les regrets qui submergent, calmer ces mots qu'on n'a pas osé prononcer et qui toujours hantent et reviennent...

Les souvenirs, comme autant de clichés en noir et blanc, comme autant de moments qui sont restés gravés en mémoire, comme autant de circonstances rêvées, imaginées, inventées...

Il y a l'absence, le vide, la perte, l'envie d'une consolation peut-être, ou simplement le désir de garder un lien, une main tendue par delà la mort...


De ce père disparu, trop peu connu finalement parce qu'il intimidait tant la petite fille qui l'observait, de ces questions jamais posées comme autant de montagnes jamais escaladées, de cette absence qu'on voudrait interroger, sonder pour rattraper tout ce qu'on n'a pas su apprendre, tout ce qu'on n'a pas demandé, ce qu'on est obligé d'édifier pour faire revivre celui dont la main a glissé.
De ces mots qui doivent être écrits pour dire les sentiments qu'on a tus, par pudeur, par timidité. Comme si en les prononçant, il leur était donné la possibilité d'être encore entendus, d'avoir encore une raison d'être, d'atteindre celui à qui ils sont destinés...



(...)
"Avoir vingt ans, perdre son père (...) Alger la Blanche, oui, et avant la Mer de Chine, le Tonkin, la Cochinchine. Tu pensais quoi au bastingage ? Combien de semaines, combien de nuits ? (...)"
(...)
"La dernière fois nos mains ensemble, c'étaient les miennes autour de la tienne, sans la serrer pour ne pas te réveiller, comme on enveloppe une fleur épanouie, une main en cloche au dessus de l'autre pour ne pas la froisser. La dernière fois nos mains ensemble, c'était les miennes autour de la tienne, je m'étais endormie à tes côtés. Et de cette sieste, tu ne t'es pas réveillé."
(...)
"Quand l'écriture trouve la grande solitude pour y naître, on n'est plus seul. Aussi peut-être est-ce pour ça qu'on écrit, pour ne pas faire seul le voyage. Et rendre plus douce l'attente. de l'amour, de la mort."
(...)

Un livre tout en résonance.
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