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Critique de Garoupe


De cape et d'épée… et de tentacules

Thomas Cochrane, dixième comte de Dundonald, en plus d'être le personnage central de ce récit, est un un personnage réel. Né en 1775, décédé en 1860, écossais par la naissance et britannique jusqu'au bout des ongles et des voiles, amiral de la flotte britannique il a coulé la moitié de la flotte française dans un gigantesque brûlot marin qui hante les pages de ce livre.

Avril 1815, Lord Cochrane revient hanter la rade qui l'a vu accomplir un demi exploit. Mais il est fait prisonnier par les français et amené à Fort Boyard dont la construction vient de s'achever sur ordre de Napoléon. le capitaine Eonet l'y accueille avec tous les égards dus à son rang… et à ses actions passées.

Mais le capitaine Eonet cache un secret : sur l'île ayant servi de fondations à Fort Boyard a été trouvé, à l'occasion des travaux, une étrange statuette. D'origine inconnue, cette statuette provoque l'intérêt de deux experts particuliers : les frères Champollion.

Le personnage de Lord Cochrane est ce qu'on peut appeler un être controversé. Fantasque, ingénieux et créatif, audacieux, à la limite de la folie, il est le type même de personnage qui autorise un auteur à poser sur le papier toutes les audaces, toutes les créativités, toutes les folies qu'une telle vie et que de telles zones d'ombres peuvent provoquer. Gilberto Villanoel rend hommage au personnage de Lord Cochrane à travers ces folles aventures où il lui fait faire étalage de toute son ingéniosité, de toute son intrépidité et démontre un talent insurpassable en terme d'inventions militaires et maritimes de tous poils.

Mais Lord Cochrane n'est pas le seul personnage à qui l'auteur rend ici hommage. le seul réel peut-être. Et encore… Est-on bien sûr que Cthulhu ne soit qu'une invention de Howard Philip Lovecraft ? L'auteur ayant baigné dans les histoires sombres, glaçantes et empreintes de folie de Lovecraft, il y rend ici un vibrant et efficace hommage.

La figure tutélaire de ce dieu des temps anciens, d'avant toute forme de vi terrestre, plane sur chaque page, dans chaque recoin du fort qui trône au milieu de la mer, isolé de toute aide, de tout secours, de toute relation avec l'extérieur. Gilberto Villanoel crée un véritable huis clos au sein duquel il fait monter la tension, isolant de plus en plus les pauvres êtres humains destinés à rencontrer et combattre le dieu lui-même. Les romans de Lovecraft amenaient ses protagonistes petit à petit vers la folie. Gilberto Villanoel fait pareil avec les siens.

Ce qui est encore plus intéressant dans le livre de Gilberto Villanoel réside dans ce qu'il reprend certains des codes des récits de Lovecraft. le plus important d'entre eux est à double facette, l'une entraînant l'autre de façon assez logique et cohérente. Lovecraft et Villanoel parsèment leurs récits d'avertissements. Ceux-ci sont on ne peut plus clairs pour le commun des mortels, au premier rang desquels le lecteur. Et pourtant, la vanité humaine, qui porte tout homme se sentant légèrement supérieur à vouloir tout connaître, tout maîtriser, tout vaincre et dominer, pousse Cochrane et Eonet à vouloir à tout prix poursuivre une quête vers l'indicible, vers la folie, vers l'horreur et la monstruosité.

Les signes avant-coureurs de l'issue fatidique qui attend les protagonistes sont légions, constants, clairs. Pour autant, les personnages foncent tête baissée. Mais Villanoel ne peut les laisser sombrer, ni corps, ni raison : ce récit d'aventure est le premier d'une série qui reprendra Lord Cochrane en personnage central. Il est obligé de le sauver, au moins lui, pour entretenir cette flamme et cette envie d'épopée au long cours que ce merveilleux roman fait naître chez le lecteur.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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