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Critique de Fleitour


"Pascal nous dit qu'au point de vue des faits, le bien et le mal sont une question de latitude. Ainsi en Europe, l'on chérit généralement ses vieux parents ; en certaines tribus de l'Amérique, on leur persuade de monter sur un arbre ; puis on secoue cet arbre"page 14.
Sur cette provocante rumeur, commence les Demoiselles de Bienfilatre, le premier récit des 36 Contes Cruels de Villiers de L'Isle Adam.


Cette oeuvre les contes cruels est sans doute l'un des plus délicieux breuvages que la littérature française du 19ème siècle a produit, "Antonie ne se verse t-elle pas un bouquet de violettes de Parme".


Par la variété des plats et des situations improbables, le lecteur pourra rêver, ironiser, se délectant de toutes les turpitudes humaines et retrouver ici ou là des figures de la vie mondaine d'aujourd'hui . La meilleure raison de lire ces Contes Cruels est de s'initier avec désinvolture à la mélancolie de notre condition.
La plume de Villiers de L'Isle-Adam aborde de nombreux projets puérils, lancés par de nobles citoyens ( docteur T Chevassus guérit les personnes qui entendent de travers...).

Tout était noir et cruel, combien d'espoirs déçus, de fantasmes ridicules alors que l'artiste est seul et incompris, parfois même raillé.
Cette mélancolie désabusée a fait le bonheur de quelques auteurs de nouvelles, de Richard Brautigan, ou de Bernard Quiriny par exemple, qui semblent avoir été comme contaminés par ces Contes Cruels cette ironie blessante, cette incapacité de communiquer, ou par la manière de se fourvoyer dans des combines désopilantes.


Les personnages des Contes Cruels sont taillés à la mesure des fantasmes mis en scène, des personnages dont ils s'inspirent, comme le cynique directeur de journal de " Deux Augures", où l'auteur dramatique fustigé dans "Sobre récit Compteur plus sombre".
Mais sa cible privilégiée reste les bourgeois et dans un autre registre les applications lumineuses et absurdes de certaines techniques, quelques prodigieuses inventions de l'ingénieur Bathybius Bottom : "mentionnons toutefois, les cris de femmes effrayées, les sanglots étouffés, les vraies larmes, les petits rires brusques, les hurlements, les suffocations, les bis, et les rappels...

Citons aussi l'appareil pour l'analyse chimique du dernier soupir, un instrument dédié aux petits-enfants, pour rendre la mort des parents moins effrayante, et surtout plus divertissante !


Certaines nouvelles sont restées célèbres comme Véra et le Comte d'Athol ;
" le jour de sa fête il plaça par plaisanterie une immortelle dans le bouquet qu'il jeta sur l'oreiller de Véra puisqu'elle se croit morte, dit- il !"
" Ah maintenant je me rappelle dit-il. Qu'ai-je donc ? Mais tu es morte !"
Sans oublier la diffusion télévisée du secret de l'échafaud, qui permis à Villiers de connaître une gloire posthume. Antoine Bourseiller évoquant le génie mal connu plutôt que méconnu, et d'abord aimé pour ses contes et accessoirement pour sa poésie.


Que souhaiter à un futur lecteur de Villiers de L'Isle-Adam sinon avoir un léger choc à la découverte de personnages farfelus, de bourgeois peu scrupuleux, et de situations toutes scabreuses.
Pénétrer l'univers de Villiers de L'Isle-Adam c'est aussi faire un saut dans le para normal abandonner le rationnel, s'aventurer dans les rivages de l'inconscient arpenter les pentes abruptes de nos fantasmes, c'est décoller telles des bernaches au dessus de nos savoirs.
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