Le choix de Mathias Malzieu : « C'est tout ce que j'ai à déclarer » de Richard Brautigan
Cents, Deux Tickets, Amour
Je pensais à toi très fort
en montant dans le bus
j'en ai eu pour trente Cents
et j'ai demandé deux tickets
au conducteur
avant de réaliser que
j'étais tout seul.
Lorsque s’éveillent les rêves
La vie s’achève.
Alors s’envolent les rêves.
S’envole la vie.
J'aime les chats
Pourquoi j'aime les chats?
Je ne sais pas vraiment
Mais je pense que c'est pour la même raison
Que j'aime l'aube
Et le lever du soleil
Et la tombée de la pluie.
- Ce n'est pas facile de vivre dans un studio de San José avec un homme qui apprend à jouer du violon.
C'est ce qu'elle a dit aux policiers, en leur tendant le revolver vide.
Mon réveil devait sonner à 9 heures
Mais il n’en a pas eu le temps.
Car c’est le tremblement de terre de 7h30
Qui s’en est chargé.
Des tréfonds de mon rêve
Je suis revenu soudain dans mon lit
A cause des secousses de l’hôtel,
A me demander si la chambre 3003
N’allait pas bientôt être transformée
En carrefour de Shinjuku
30 étages plus bas.
C’est quand même vachement mieux
Qu’un vulgaire réveil-matin.
Seul au milieu d’une foule d’inconnus,
Je chante comme le soliste
D’un chœur céleste
- ma langue un nuage de miel –
Y’a des fois, j’me dis que j’suis bizarre.
Allons en ville tous les deux
Je prendrai ta main,
qui me rappelle
un chat que j'ai bien connu,
et nous irons marcher.
Je te parlerai de choses et d'autres,
et je te ferai sourire
et pouffer et rire
comme un petit enfant.
Je te montrerai des choses
à regarder.
Peut-être que je m'arrêterai pour t'embrasser
devant tout le monde.
Je m'en fous d'ailleurs
parce que je t'aime
plus qu'une montagne
que j'ai bien connue.
Ma cliente savourait une bière.
La boire lui procurait un plaisir infini. Elle ne buvait pas comme on aurait pu s’y attendre. Elle n’avait rien d’une dame dans sa façon de boire sa bière. Elle buvait de la bière comme un docker le jour de paye.
Je me suis assis près de la rivière, près d'une statue d'herbe. Les brins d'herbe étaient en cuivre, et la pluie au fil des ans avait fini par leur donner leur couleur naturelle.
Ils étaient quatre au cinq en train d'installer cette tombe. C'était l'équipe des fossoyeurs. Ils descendaient la tombe sur le lit de la rivière. Ici, c'est comme cela que nous enterrons nos morts. Bien sûr, à l'époque des tigres, il ne nous fallait pas autant de tombes.
Nous les enterrons dans des cercueils de verre, au fond des rivières, et nous plaçons du phosphore dans ces tombes, ainsi elles brillent la nuit, et l'on peut apprécier ce qui arrive, après.
J'ai vu des truites qui observaient la scène. C'étaient de belles truites arc-en-ciel. Il y avait peut-être une centaine. Elles sont d'une grande curiosité, et elles se pressaient là, serrées les unes contre les autres.
Je feuillette au hasard
mon dictionnaire anglais-japonais
impossible de trouver le mot grenouille.
Il n’y est pas.
Dois-je en conclure qu’il n’y a pas de grenouilles au Japon ?