Direction d’acteurs.
Une fois, j’ai rencontré Béatrice Dalle qui m’a révélé que Christophe Honoré était le meilleur directeur d’acteurs du monde.
J’ai immédiatement pensé que c’était formidable de le savoir, puisque ça m’évitait d’essayer de devenir quelque chose qui était hors de ma portée.
Avant de me mettre au boulot, j’ai quand même demandé à un ami qui est dans le métier comment il fallait diriger les acteurs. Il m’a répondu qu’il y avait deux manières.
Soit tu prends l’acteur à part avant de tourner la scène et tu lui racontes tout ce qu’il y a dans son personnage, autour de son personnage et à côté de son personnage; tu essayes de lui faire partager ce que tu penses, toi l’auteur, de l’état d’âme du personnage qui, un jour précis, se met en tête de surgir de derrière un poteau et de se diriger vers sa petite amie (qu’on ne voit pas encore bien sûr en ce moment puisqu’on la filmera en contrechamp) avec une intention bien particulière qui résume en quelque sorte ses sentiments profonds à l’égard de la petite amie en question, ainsi que son ressenti dans l’espace-temps particulier que représente la séquence à tourner.
Soit tu lui demandes de surgir de derrière le poteau et de marcher vers la caméra avec un air mystérieux.
Pour diriger les acteurs de Sofa, je me suis plutôt inspirée de la deuxième manière, mais j’y ai ajouté une touche personnelle.
J’ai parlé au poteau.
J’écris sous les sarcasmes des gens.