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Critique de coco4649


 
 
Recueil de textes courts. Des poèmes en prose
« mélancomineux » à la fois mélancoliques et
lumineux.

Des histoires quotidiennes d'amour, de soirs,
de matins, de ciel gris, de merveilles ordinaires.

« Fourmis sur notre bouchon de fortune » nous
savons ce que veut dire " nous ".

Et puis ce texte, au suspens insoutenable,
où l'humour, concerne, au final, un petit
bijou « fientesque ».

L'air de rien, Thomas Vinau, nous Dit les choses,
les Êtres.

Cet auteur me fait penser à cette formule de vie
légère et profonde :
    « Une fenêtre,
    «Un souffle,
    «La vie,
    «Le rêve se prolonge…


Ainsi :

" du bleu plein les doigts
Crépuscule jaune. Grosse averse. le brouhaha de
l'eau sur les tuiles et sur les feuilles. Puis le silence.
La lumière qui éclate. Les verts gorgés de l'herbe
et des taillis. le ciel rempli de bleus. J'imagine un
peintre, de la peinture plein les vêtements, les
doigts, le nez, le visage.
p.11


" Comme on ferme les yeux
Je voudrais garder quelque chose de ce que je vis.
Garder quelque chose de Maintenant. D'aujourd'hui.
De ce moment. le temps est en sable. le ciel a une
couleur de brique. Nous sommes un soir d'été.
[…]
                    Quelque chose de vivant.
Autre chose que la conscience que j'en ai. Autre
chose que la peur de le perdre. C'est la raison pour
laquelle j'écris ces mots. Ce n'est pas de la litté-
rature. C'est de l'amour. J'écris comme on ferme les
yeux en embrassant quelqu'un.
p.16


" le mystère
Le monde est complexe. D'une perversion folle et
d'une   simplicité  qui  frôle  le  métaphysique.
Objectivement je peux passer plusieurs heures à
me demander si les volets délavés de cette vieille
maison en ruine en face de ma fenêtre sont faits
pour, étant clos, découper des tranches de lumière
comme du jambon rosé par les interstices émaillés
des petits panneaux de bois qui les composent, ou,
au contraire, si leur fonction principale ne serait
pas, étant ouverts et battant aux quatre vents, de
laisser monter l'ombre magistrale de l'immense
cyprès sur les murs orphelins de la chambre aban-
donnée. Voilà presque une heure quarante-trois
minutes de passé et le mystère reste entier.
p.20


" Nous
Dire la glace sur ta joue. Nos discussions et nos
partages. Mes colères ridicules. Nos petits riens.
Nos pieds sales. Tes danses sauvages. Dire le vent
dans les arbres. Et les jets d'eau. Et les moineaux
qui s'y baignent. Et la lumière sur les pierres de la
terrasse. Dire les jouets qui ruminent à l'ombre. Le
Polux à roulettes. le ballon Spiderman. le Tigrou
dans la poussière. Dire les araignées. Les plantes
grasses qui tombent. Nos orteils dans les mau-
vaises herbes. La piqure de moustique qui trône
entre tes seins. Puisque Avoir c'est Perdre et que
le temps est un menteur, je note les éclats de rire,
les tomates-cerises, les gouttes de sueur. Nous
n'avons pas peur de la peur. Nous bricolons à
petits pas. Nous sommes fourmis dans le broyeur
et peut importe où va l'égout. Sur notre bouchon
de fortune, nous savons ce que veut dire nous.
Nous plaignons ceux qui ne savent pas.
p.23


" Ablutions
La terre craque. Horizon courbature. Les arbres
tout hurluppés se rincent les pieds dans la lumière
glacée. Grandes brassées froides de rayons sur les
boursoufflures du visage. Une flopée d'oiseaux se
brossent les nuages. Fard à grisaille au bord du
ciel. du sent-bon pour les yeux. Elle se trouve
toute ma foutue ce matin. Ce qui est vrai. Ce qui
ne l'empêche pas d'être belle.
p.27


" le bijou
Qu'elle était belle. Ronde et brillante. Pas plus
grosse qu'une perle noire. Gardant en son ex-
trémité une légère pointe blanche. Comme un oeil
trop espiègle qui regarde ce que tu es. Elle était là.
À n'attendre personne. À ne rien demander.
Minuscule. Sur la terrasse. Dans un soleil de fin de
journée. Sertie de miel. Cristallisée. On aurait pu
la manger. En faire un bijou. Un cadeau impérial.
Qu'elle était belle. Ronde et brillante. Cette
petite chiure d'oiseau toute sèche dans un soleil
de fin de journée.
p.31


" Marcher contre le vent
Marcher contre le vent. Plus ou moins droit. Plus
ou moins régulier. Jusqu'au rose viande des
oreilles. Poncer quelque chose de soi dans de
grands frottements métalliques de glace et de ciel.
Raboter ses humeurs à l'air libre. Desquamer la
camarde dans les vacarmes de la lumière. Finir par
s'installer bien au chaud à l'intérieur de soi. Entre
des couches et des couches de silence.
p.70


" Laisser fondre
… Penser que la clarté est un hamac tendu
entre hier et demain. L'essayer.
p.71
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