Citations sur Comme un lundi (Carnet de bord assis tout au bord du .. (50)
L'idée de l'écharpe toute douce que ça ferait de se tricoter les nuages du ciel.
Les étoiles sont déjà mortes quand leur lumière atteint nos yeux. Je me la répète parfois. Pas souvent. C'est comme regarder un vieux film super 8 sur un parent disparu. Il y a de la nostalgie là-dedans. De la douceur résignée. Une forme de paix après la tempête. Une envie de jus de tomate aussi. D'aller asseoir son cul sur le perron en sirotant un jus de tomate. De garder le goût dans la bouche. De sentir la pierre sous les fesses. De rester là. À se regarder disparaître. À devenir un souvenir de la lumière.
La vie se lève dans les feuilles qui tombent.
Il en faut du talent pour ne pas se rater, pour ne pas s'effacer et ne pas se perdre. Même tout près. Surtout tout près.
Vieillir, c'est savoir que ça vaut le coup d'essayer.
Les valises
Je m'apprête à partir pour ma première soirée littéraire parisienne. J'ai entreposé dans mon sac de voyage tout ce qu'il me fallait. (...)Ma valise est pleine. Pourtant je n'ai rien de ce dont j'ai vraiment besoin. (...) Les valises ne servent qu'à constater tout ce que l'on laisse derrière. (p. 57)
La terre craque. Horizon courbature. Les arbres tout hurluppés se rincent les pieds dans la lumière glacée. Grandes brassées froides de rayons sur les boursouflures du visage. Une flopée d'oiseaux se brossent les nuages. Fard à grisaille au bord du ciel. Du sent-bon pour les yeux. Elle se trouve toute mal foutue ce matin. Ce qui est vrai. Ce qui ne l'empêche pas d'être belle.
Tout entier
Je le tiens tout entier contre moi. Je le tiens tout entier dans mes bras. Il se rendort. Sa respiration sur mon épaule. C'est comme consoler un petit soleil. C'est comme tenir entre ses doigts la nuque tremblante d'un oiseau. Il tient contre mon torse. Sa tête sur mon épaule. Je suis sa couverture. Je chasse sa frayeur. J'ai encore ce pouvoir d'effrayer sa frayeur. J'ai encore ce pouvoir de le tenir tout entier dans mes bras. Un jour je ne pourrai plus. Il sera alors irrémédiablement seul. Connaîtra le froid, le vrai, celui de l'intérieur. Le noir dedans. Pour l'instant, je le tiens serré contre moi. J'ai mal au dos et à la nuque. Mon bras gauche est ankylosé. Je n'ai mal nulle part. J'ai le pouvoir de le consoler. Je ne connais pas de plus grand pouvoir.
Le numéro de téléphone
Ce n’est pas un lieu. C’est une brèche. Une crevasse dans la glace. Une couleur qui nous traverse mais qu’on ne reconnaîtrait pas. C’est quelque chose derrière les yeux. Un petit flottement sombre. Par hasard retomber sur le numéro de téléphone. On n’appelle pas. C’est trop tard. On n’efface pas non plus. Ces serait comme murer un passage secret. On laisse nos souvenirs, un panier de cerises, devant la porte close. On promet en silence de revenir un jour s’asseoir sur le perron. Même si la porte ne s’ouvre plus.
Certaines fleurs ne sentent bon que la nuit lorsque personne n'est là pour les regarder.