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Critique de Tandarica


Une courte pièce de théâtre qui parle d'amour sororal à l'époque de Ceaușescu. L'action se déroule, comme écrit dans les indications de scène, entre décembre 1972 et décembre 1989. le temps pour les deux soeurs (qui ont dix-huit et dix-sept ans au début de la pièce) de devenir de vraies adultes et de subir de plein fouet les douleurs de la séparation du fait de l'exil d'Alexandra qui quitte la Roumanie pour demander l'asile politique en Suisse. Celle-ci s'adresse à sa soeur Ioana, restée en Roumanie, par téléphone et par courrier. le dialogue à distance qui s'instaure entre les deux soeurs nous fait rire, mais jaune, car la vie sous le communisme est difficile, et celle en exil pas moins. Il faut aussi contourner la censure de la Securitate, désignée par le nom de code de Tante Prudence.
Comme le relève à juste titre Gilles Costaz dans son éditorial, «dans cette écriture de la vérité», «l'Histoire est là, mais n'affichant jamais sa lettre majuscule ; elle vit dans le drame humain et quotidien». «Anca Vișdei donne même une certaine allégresse à cette implacable tragédie. Ce doit être un art roumain d'expression française, ou plutôt un art français d'expression roumaine». En effet, le personnage d'Alexandra trouve que les Occidentaux sont ternes et mous par rapport au côté vivant des Roumains et s'interroge par ailleurs sur le changement de langue pour un écrivain. de la Roumanie communiste, la dramaturge évoque aussi le tremblement de terre de 1977 qui a été très meurtrier pour Bucarest et dont on n'a pas souvent entendu parler, à ma connaissance.
L'autrice rend hommage à William Shakespeare, bien sûr, avec les références à Songe d'une nuit d'été, mais aussi à Ion Luca Caragiale (le Ion Luca de la dédicace) et à Jaroslav Caratchek.
En plus du texte le livret contient un dossier avec des fiches sur toute l'équipe théâtrale, des photos des représentations, un dossier de presse dont il convient de citer notamment cet extrait de Télérama : « [...] Rachel Salik a monté avec pudeur et sensibilité — et de jolis clins d'oeil au théâtre aussi — ce faux dialogue mutin et grave où politique, théâtre, littérature se disputent étrangement la vedette. »
Je signale également que le thème a été repris dans le roman épistolaire L'exil d'Alexandra, paru chez Acte Sud en 2008.
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