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Critique de Acerola13


C'est suite à son obtention du prix Albert-Londres que j'ai découvert le livre de Benoît Vitkine, il me faisait déjà de l'oeil et par un heureux hasard, je l'ai reçu lors d'une opération Masse critique !

Donbass s'ouvre donc sur Henrik Kavadze, colonel de la police d'Avdiïvka, une petite ville proche de la ligne de front où se déroule toujours la guerre entre séparatistes soutenus par les Russes et nationalistes fidèles à Kiev. Désabusé par cette guerre qui n'en finit pas, Henrik est forcé de sortir de sa léthargie lorsqu'un jeune garçon est assassiné : vu le contexte et la proximité des combats, ce meurtre pourrait rapidement se transformer en enjeu de politique...

Dès les premières pages, l'on s'enfonce dans cet univers triste et sombre de l'Est de l'Ukraine, ancien bassin minier clef de l'URSS et désormais province oubliée où la population est russophone. Si les belligérants poursuivent leurs tirs d'obus, la police et les hommes d'affaires locaux alternent entre fausse fidélité à Kiev et arrangements pragmatiques avec les séparatistes pour mener à bien les trafics en tout genre : charbon, drogue et autres. La ligne de front paraît alors presque relever du hasard, sans véritable enjeu stratégique, et pourtant bien meurtrière pour les civils.

Une fois le contexte de guerre civile et de misère esquissé, entrent en scène un dizaine de personnages : mères séparées de leurs enfants, flics véreux, prostituées en quête d'une vie meilleure, dealers sûrs de leur gloire future, petites vieilles meurtries par les guerres incessantes qu'elles peinent à différencier, et anciens combattants de la guerre d'Afghanistan : honnie ou adorée, on retrouve la Russie de toute part...

Tous ces personnages sont hantés par leur passé et les pertes qu'ils ont subies, et vivotent sans réel espoir pour leur futur, victimes d'une guerre devenue quotidienne et normale, où l'on s'appelle cependant des deux côtés de la ligne pour prendre des nouvelles d'un ancien camarade.

L'enquête policière se poursuit sur fond de désillusion et des plaies non refermées du passé, tant et si bien qu'à un certain point du roman, tous les personnages semblent coupable du crime que l'on cherche à élucider. J'ai trouvé l'intrigue très finement menée, avec un équilibre parfait entre le contexte ukrainien et ce qui s'y trame, les souffrances des personnages et l'enquête policière, mais Donbass souffre finalement du contexte dans lequel il se déroule : c'est si gris, si triste, si désabusé que cela plombe la lecture, qui devient tout sauf joyeuse !

Mais l'objectif initial est atteint, et l'on plonge dans les affres de cette région ukrainienne, drôle d'enjeu entre velléités géopolitiques russe, ukrainienne, et bien sûr européenne.
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