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EAN : 9791037500595
282 pages
Les Arènes (05/02/2020)
3.87/5   468 notes
Résumé :
Avdiïvka, sur la ligne de front du Donbass, hiver 2018.
Au pied des terrils, la guerre s'est installée depuis quatre ans et plus grand monde ne se souvient comment elle a commencé.
Dans la steppe ukrainienne, on a déjà tout vu, et il en faut plus pour émouvoir petits voyous et retraitées en peignoirs léopard. Et quand les enfants d'Avdiïvka sont assassinés sauvagement, même le colonel Henrik Kavadze, l'impassible chef de la police locale, perd son f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (136) Voir plus Ajouter une critique
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Rien ne rend mieux la réalité que la fiction, surtout lorsque c'est un reporter de guerre émérite qui prend la plume : Benoît Vitkine est lauréat 2019 du Prix Albert Londres pour sa série d'enquêtes publiée au Monde sur l'influence russe, notamment au Donbass.

Le Donbass, c'est cette région minière ukrainienne aux frontières russes, en proie à un conflit armé qui oppose depuis 2014 le gouvernement pro-européen aux séparatistes russophones soutenus par Poutine. Plus qu'une toile de fond, cette guerre qui n'intéresse plus personne est au coeur de ce roman dont la plus grande vertu est d'en rendre les enjeux compréhensibles, même pour un lecteur sans connaissances géopolitiques précises. Benoît Vitkine sait se faire pédagogue sans pour autant alourdir le récit.

L'immersion est immédiate. On est plongé dans l'intimité de la guerre, au plus près d'hommes et femmes ordinaires pour qui la guerre est devenue une routine. On sent que ce qui intéresse avant tout l'auteur, c'est de montrer l'intime dans le chaos, de montrer comment la guerre mine la psychologie des hommes et exacerbe les sentiments, pour le meilleur et pour le pire, dans un univers où il n'y a pas de place pour les tièdes ou les nuances.

Le pire, c'est le assassinat sauvage d'un enfant dans la ville Avdïivka tout près de la ligne de front. Un crime qui peut sembler dérisoire au vue des horreurs de la guerre, mais pour le colonel de police Kavadze, retrouver l'assassin, c'est se prouver que la guerre n'a pas tué toute humanité en lui, toute capacité à s'indigner. Il ne lâchera rien, lui le vétéran de l'Afghanistan, lui le flic désabusé qui se réfugie derrière un cynisme blasé pour éviter de souffrir plus que de mesure.

L'intrigue polar est bien là, mais ce n'est qu'un prétexte. Elle est traitée de façon un peu discontinue et il manque ça et là quelques rouages pour fluidifier son avancée qui passe souvent à l'arrière-plan. Maladresses qui importent peu tellement ce roman est plus qu'un polar. Avec son sens du détail, il distille une atmosphère singulière et imprime des images fortes dans les rétines : celle de cette cokerie, seule debout à faire vivre encore un tant soit peu cette ville martyre de Avdïivka ; celle de la traversée hallucinée de la ligne de front par Kavadze ; celle de la confrontation de ce dernier avec un homme rendu fou par les guerres passés. Et surtout ces inoubliables babouchkas qui tiennent le terrain pendant que les hommes jouent à la guerre, frappent ou boivent.

«  Elles étaient des survivantes. le quartier était rempli de ces veuves impassibles. Le pays pouvait bien s'étriper, elles continueraient à fabriquer des confitures et à mariner des champignons. Leurs maris s'étaient agités toute leur vie, puis leurs coeurs avaient lâché, fatigués de tant donner à des corps massifs, à des vies trop brutales. Elles, elles restaient. Elles vivaient quinze ans, vingt ans de plus que leurs hommes. Et pendant vingt ans, elles enfilaient chaque jour les mêmes chaussons, les mêmes robes de chambre. Elles accomplissaient consciencieusement la routine de leurs petites vies. »

Un roman captivant sur un angle mort de la géopolitique mondiale et du polar en général.
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Le Donbass, bassin minier qui forme la partie Est de l'Ukraine, est depuis 2014 le théâtre d'une guerre entre le régime ukrainien pro-européen et les séparatistes russophones soutenus par Poutine. Dans la petite ville de Vdiïvka, en plein sur la ligne de front, la vie continue tant bien que mal, sous les tirs d'obus et de roquettes qui détruisent et tuent chaque jour un peu plus. La corruption et les trafics en tous genres ne semblent que mieux s'en porter, dans l'indifférence générale. Pourtant, lorsqu'un enfant est retrouvé assassiné, le chef de la police Henrik Kavadze sort soudain de sa torpeur pour se lancer dans une enquête dont il est loin de soupçonner les liens avec son passé de vétéran d'Afghanistan.


Au-delà du polar, en l'occurrence addictif et bien ficelé, ce sont les connaissances et l'expérience du reporter de terrain et du journaliste spécialiste de la zone qui donnent tout son relief à ce livre : Benoît Vitkine excelle à dessiner et à rendre intelligible l'intriqué contexte géo-politique de son histoire, mais aussi à restituer le climat si particulier de cette ville sinistrée, qui cumule la grisaille et la misère héritées des années soviétiques à la tension et aux dangers d'un conflit armé dont tous ont oublié les troubles raisons. Plongé dans ces lieux comme s'il y était, le lecteur y part à la rencontre de personnages plus vrais que nature, qui tous crèvent les pages et donnent le frisson : petites gens résignées à la peur et à la misère, hommes tués avant l'âge par la violence, les trafics et l'alcool, femmes acculées à la prostitution ou trop souvent laissées veuves sans ressources, fonctionnaires corrompus et voyous de tout poil, tous tentent de survivre avec les moyens du bord et une absence totale d'horizon. A la souffrance des civils s'ajoute celle des militaires, dont beaucoup ont connu le bourbier afghan et, quand ils en sont revenus, traînent leur traumatisme jusqu'à la folie. le chaos règne autant dans les têtes que dans les rues dévastées…


Impressionnant de précision et de véracité, ce livre qui se lit avec la facilité addictive du roman policier est avant tout un excellent reportage empli d'images fortes et inoubliables, une galerie de portraits représentatifs d'une population martyrisée oubliée par l'opinion publique internationale, et une manière aussi plaisante qu'instructive de comprendre le conflit entre l'Ukraine et la Russie. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Au risque de paraitre ignare , je l'avoue humblement , pour moi , le titre du livre , " Donbass" , il n'évoquait pas grand chose sinon un mystère que j'allais forcément lever lors de ma lecture . Oui , et bien le Donbass, aujourd'hui , j'en sais un peu plus que ce qu'ont bien voulu m'en offrir les " actualités " que je regarde à la télévision. Évidemment, cette " région " ukrainienne située près de la frontière russe est en état de guerre depuis 2014 , mais cela ne semble pas de nature à troubler les consciences dans notre pays . D'un côté, on souhaite intégrer l'Europe , de l'autre la Russie ....Difficile et cruel dilemme pour les habitants qui , en optant pour l'un ou l'autre , ont déclenché une guerre qui , il faut bien le dire , ne dit pas vraiment son nom , ne semble pas susciter un intérêt de nature à émouvoir...Terrible . Il est là le cadre de ce roman .La guerre , les souffrances , le bruit incessant des obus qui éclatent ça et là, tellement proches , tellement lointains qu'on finit par les ignorer même si l'on sait que, un jour ou l'autre.....
C'est que , voyez- vous , dans ce monde cruel , certains savent évoluer, exploiter , échanger les richesses . Corruption , Backchichs , privilèges ,compromis avec l'ennemi , et les avoirs inondent certaines " poches " pour qui " la guerre est belle " .Tant pis pour ceux qui , ici ou là, voient leurs enfants transformés en chair à canon .
Business. Rien de bien nouveau , rien de bien original ....
Et puis , un jour , on découvre le cadavre d'un enfant ....Autre chose , là , non? ...Et le colonel Henrik Kavadze , chef de la police locale se lance sur l'affaire . Pas un marrant , le colon . Désabusé, c'est plutôt un observateur du " temps qui passe " . Oui , mais un enfant .....
Il faut faire la lumière sur cette histoire au grand dam de certains qui , au contraire craignent pour leurs juteuses affaires ...
Roman court , moins de 300 pages , ce roman n'en " dégueule pas moins " d'intérêt. Pour moi , il est déjà très bien écrit, sans temps mort , sans fioritures .Il est très bien documenté sur le conflit , décrit avec art les enjeux , les intérêts économiques plus ou moins licites ....Et puis , cette histoire de crimes et l'existence d'un éventuel psychopathe....Une menace pour de lucratifs trafics....pour de gros , très gros profits....Un polar ? Sans doute . Un roman historique ? L'avenir le dira . Un témoignage sur un " bourbier " pas si lointain de nous ? Certainement . Un bon bouquin ? Oh ,que oui .....
Le roman de Benoît Viktine, correspondant du Monde à Moscou , m'a été offert par ma chère épouse sur les conseils de mon libraire . La seule chose que je puisse dire est qu'ils ont fait un superbe choix que je souhaite partager avec vous ....La couverture , superbe à mon sens, donne le ton . Amateurs du genre , precipitez- vous....
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Etre un héros mort ou être un lâche vivant, c'est le choix offert aux habitants de Avdiïvka (dans la banlieue de Donetz) située sur la ligne de front de « l'opération spéciale ».

Publié en 2020 ce reportage, récompensé de plusieurs prix dont le prix Albert Londres, décrit la vie des populations à l'est du l'Ukraine, dans une région russophone idéalement placée sur une route de la soie noyant l'Europe avec la drogue cultivée en Afghanistan, pour le grand profit des apparatchiks locaux et le petit profit des corrompus qui ferment les yeux ou manutentionnent les sacs de contrebande.

Dans ce contexte, Benoit Vitrine déroule une intrigue criminelle qui passionnera les amateurs du genre et des oeuvres portant un jugement critique et des critères moraux. le rythme de la narration et des dialogues anime le scénario qui s'élargit au fil des chapitres et des cadavres.

Mon héros est Oleg Gribounov, frère d'Antonia Gribounova, mineur syndicaliste éliminé après la découverte et la dénonciation de magouilles ayant provoqué l'effondrement de la mine et la mort de dizaines de travailleurs. L'intégrité, le courage, la ténacité d'Oleg forcent le respect. Son traitement en établissement « psychiatrique », son bouleversant martyre, son inhumation dans le silence et la désertion de ses camarades rendent ce Donbass inoubliable.

Tant que notre Europe engendrera de nouveaux Oleg, l'espoir existera en Ukraine comme en Russie.

Mais beaucoup préfèreront « longer la mer jusqu'au Portugal » achève l'auteur désabusé.
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Le matin quand je me lève, je me mets à la fenêtre pour prendre mon déjeuner, je regarde l'étang dans mon jardin, il fait beau, ou pas, mais tout est calme et putain qu'est_ce que c'est beau la vie!!
J'allume la radio et j'entends parler de ces centaines de milliers de civils bombardés à Gaza, j'entends parler de l'Ukraine, du bordel à Haïti ...
JE SUIS UN SACRÉ VEINARD de vivre ici, en paix, tranquille à pouvoir apprécier cette putain de belle vie!!!

Je vous dis ça pourquoi? parce-qu'après avoir fini de lire mon bouquin : Donbass, je pense que là-bas, les choses ont commencé en 2014! Dix ans déjà que ça dure : bombardements, fusillades, tirs de roquettes, la mort qui rôde à chaque coin de rue!
Dans ce récit, grâce à l'écriture très efficace et documentée de Benoît Vitkine, on est plongé tout de suite dans le bain, on vit avec la guerre, on meurt avec la guerre!
Mais il y a aussi, les trafics de toutes sortes, la corruption, les conflits de pouvoir, bref avec la guerre viennent toutes les formes d'effondrement possible : social, économique, sociétal.
En plus, ici, il s'agit d'un meurtre d'enfant, comprenez-moi bien, ce n'est pas un enfant qui est mort à cause d'une bombe, d'une balle perdue, non, non, le gamin a été punaisé au sol avec un poignard de guerre : un véritable crime dans toute son atrocité (Eh oui, même en pèriode de guerre, on peut établir une échelle dans l'horreur!)
Sous couvert d'une enquête menée par le colonel Henrik Kavadze, chef de la police locale, nous allons assister à tout ce qu'un conflit de ce type, entre nationalismes exacerbés, défense d'intérêts économiques et tripatouillages parallèles, peut générer comme abominations.
Le roman a une qualité documentaire indéniable, quasi journalistique, et se lit très bien!
Pour celles et ceux qui seront capables de se balader dans cette région de ruines, fréquentée par des êtres plus survivants qu'autre chose, c'est un excellent roman!
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critiques presse (1)
Liberation
06 mars 2020
La connaissance intime du terrain est la force autant que la faiblesse de Donbass. La véracité est indéniable, on est dans Avdiïvka bombardée, on sursaute au bruit des tirs de mortier, on ressent la tension entre pro-Maïdan et séparatistes. Mais on s’y perd, force de précision. Dans le sillage de son héros délavé, Donbass diffuse un blues mat. Une musique entêtante qui fait espérer que Benoît Vitkine poursuivra dans la fiction.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Comme Henrik la comprenait, cette colère sourde du Donbass ! Même lui qui n'avait jamais eu besoin de s'inventer des héros. Même lui qui avait depuis longtemps renoncé à contempler son propre passé avec la moindre complaisance.

Kiev s'était lourdement trompée sur le compte du Donbass. Elle avait fait sa révolution et cru que ceux de l'Est, les gueux, suivraient ou se tairaient, comme ils l'avaient toujours fait. Le Maïdan avait été un cri de colère contre la corruption, l'injustice... Les habitants du Donbass partageaient ce cri, mais ils n'avaient que faire du discours nationaliste et chauvin qui l'accompagnait. La menace d'enlever au russe son statut de langue officielle n'avait fait qu'accroître cette crispation. Seulement, personne n'était prêt à écouter.

Alors ceux de l'Est s'étaient tournés vers ce qu'ils connaissaient : pendant que Kiev choisissait l'Europe et s'illusionnait en songeant à un futur meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé. L'ancienne mère patrie n'attendait que cela. Ce que les gens du Donbass ignoraient, en revanche, c'est qu'entre-temps elle était devenue une marâtre acariâtre et cynique.
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Ces vieilles femmes...peu leur importait de vivre en Union Soviétique, en Russie, en Ukraine, elles avaient tout connu et tout était égal. Seul importait que leurs petits-enfants ne voient pas les horreurs qu'elles avaient vues. La Guerre, la vraie. Les purges de Staline. Elles se plaignaient pour la forme, mais elles savaient qu'elles n'avaient rien le droit de réclamer. Rien de plus qu'une part de bonne tarte et, pour les plus chanceuses, le baiser d'un petit fils sur leurs joues duveteuses. Ou à défaut un petit verre de sherry...Le Donbass était rempli de ces veuves. Le pays entier. Et pareil dans la Russie voisine. Là aussi on pouvait conduire des heures et ne croiser que des villages peuplés uniquement de vieilles femmes besogneuses. Un empilement de veuves! Des strates de veuves abandonnées par le temps. Veuves de soldats. Veuves d'ouvriers. Veuves d'alcooliques.
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Le petit cercueil arrivait en bas des marches. La foule fut saisie d'un frémissement étouffé. Henrik vit la nuque de loulia disparaître lentement. La jeune fille s'agenouilla, tête baissée. Aussitôt, ses voisins l'imitèrent, puis des dizaines d'autres. Tout autour d'Henrik, la foule suivait. Les hommes en costume, les soldats en uniforme, les femmes en belle robe plantaient leur genou dans la boue froide, baissant la tête au passage du cercueil. Même les vieilles inclinaient maladroitement leur vieux corps. Seuls restaient debout quelques invalides. Henrik n'avait jamais vu une telle scène.

Aucune coutume de la sorte n'existait dans le Donbass. On avait commencé à mettre genou à terre dans l'ouest du pays, dans les Carpates et la Galicie, au passage des convois funéraires ramenant dans leur village les soldats tombés au front. Les corbillards, simples Lada aménagées, parcouraient des kilomètres et des kilomètres sur des routes aussi défoncées que celles du Donbass, accompagnés par les prières silencieuses de centaines de villageois agenouillés. Elle existait donc, se dit le policier, cette unité qui faisait défaut à l'Ukraine, cette identité introuvable. Dans la mort.
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Tu sais, Henrik, j'ai eu un frère. Enfin, tu ne le sais probablement pas parce que tu n'es pas d'ici, et parce qu'ils ont tout fait pour effacer à jamais son nom de l'histoire de cette ville.

Il s'appelait Oleg. Il avait un cœur en or et était beau comme un dieu. Toujours bronzé, alors qu'il travaillait à la mine de Makeevka, huit cents mètres sous terre. Il était fier de son travail, si fier ! Il avait été au Komsomol, il était apprécié de ses chefs. Mais au lieu d'essayer de rentrer au Parti pour faire une carrière de bureaucrate, il préférait continuer à travailler à la mine avec ses équipiers, à se tordre le dos dans les veines de charbon.

En 1977, il y a eu un accident terrible, dans la mine Boutovka. Cinquante-deux mineurs sont morts écrabouillés. Peut-être plus, mais on ne nous l'a pas dit. On a fait une belle cérémonie, et puis rien, remettez vos casques et redescendez au fond, braves mineurs !

Oleg était au syndicat, ça lui a permis d'avoir accès à certaines informations, à certains documents. Il s'est rendu compte que les directeurs de la mine n'utilisaient pas le bois qu'ils étaient censés utiliser pour les étais. Ils en achetaient un de qualité inférieure, et pas besoin d'être très malin pour comprendre où partait la différence de prix. Oleg a cru que ses conclusions feraient l'effet d'une bombe, que les coupables seraient immédiatement châtiés (…)
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Le cœur d'Henrik se réchauffait peu à peu, le policier se sentait ragaillardi par la présence des siens. Avdiïvka faisait corps. Ses habitants étaient prêts à encaisser beaucoup : la guerre n'était qu'une catastrophe supplémentaire dans la litanie des épreuves qui avait balayé les steppes du Donbass. Les coups de grisou, la disparition d'un pays tout entier, la fermeture des mines, et même la misère sauvage des années quatre-vingt-dix, quand on se faisait assassiner en sortant sa poubelle, tout cela était injuste, incompréhensible, mais chacun y distinguait un ordre des choses. Certes mystérieux, mais où devait bien se cacher une logique supérieure. Le meurtre d'un enfant était différent. On touchait là au sacré, à l'interdit suprême. Les habitants du Donbass y voyaient une négation de ce à quoi leur vie se raccrochait envers et contre tout depuis vingt ans.
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Vidéo de Benoît Vitkine
Donbass de Benoît Vitkine aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/1076905-romans-donbass.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionslivredepoche
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