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Citations sur Les loups (82)

A Moscou, espions et diplomates sont formés dans l’idée que les Ukrainiens ne sont que de vagues cousins dégénérés à qui il convient de taper régulièrement sur le crâne pour leur rappeler les bonnes manières.
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La politique est une affaire de symboles : un pas en arrière, c'est une armée qui recule; une génuflexion, tout un pays qui se fait vassal.
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Il y a deux manières de faire, finit par répondre l'institutrice après une longue hésitation. Tu peux essayer de retranscrire toute la noirceur de tes sentiments, ou tu peux essayer de les sublimer, de te concentrer sur la beauté que ton cœur a envie de distinguer dans le marasme. D'un point de vue littéraire, il n'y a pas une technique meilleure qu'une autre, mais je trouve que la seconde correspond mieux à la façon dont une jeune communiste doit voir le monde.
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Grandes-Mains prend un plaisir serein à préparer ses confitures, la tête vide, replonger cinquante ans en arrière dans la cuisine de sa mère. Le processus est exigeant. Il a d'abord fallu récolter suffisamment de fraises, les premières de l'été, dans les champs et les forêts du sud de Kiev. Semion connaît les coins, il y a consacré trois jours, récoltant un beau coup de soleil sur la nuque. La cuisson n'est pas difficile mais demande patience et doigté. Il faut verser la bonne quantité de sucre, chauffer à feu suffisamment fort sans brûler la mixture, puis mélanger doucement le liquide bouillonnant en évitant la formation de l'écume moelleuse. P.123
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Régulièrement il s'arrête pour enlever la couche de mousse qui se forme à la surface et l’entreposer dans un autre récipient en métal. C'est la part des anges la préférée des gourmands, onctueuse et gorgée de sucre. Ces pauvres dents ne supporteraient pas plus de tros cuillères, alors il portera la récolte aux vieilles de l'immeuble. Il imagine à l'avance la joie de tante Zoïa, sa voisine du dessus, qui en rajoute peut-être un peu pour montrer combien les visites, n'importe lesquelles, la réjouissent. Il l'entend en ce moment même se mouvoir au-dessus de lui fourmis aux pattes fatiguées qui se traîne d'une pièce à l'autre avec son transistor crachant à fond, à longueur de journée, ses « émissions culturelles ». p.122
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Ce doit être le dernier mail d'une soirée épuisante. Olena Hapko a l'impression qu'elle n'a pas dormi depuis vingt ans et elle sait que durant les cinq prochaines années ce ne sera pas mieux. Tant pis. C'est ailleurs qu'elle puise son énergie. Longtemps ce fut la survie. La certitude d'être seule contre tous, la conviction qu'il faut avancer pour ne pas tomber, ne jamais montrer le dos, ne jamais atteindre une main secourable. Ne comptez que sur elle-même, elle a aimé ça. […] Elle pourrait s'arrêter, se reposer. Mais elle n'est pas faite ainsi. p.93
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Les oligarques ukrainiens sont le reflet de cette mentalité de cosaques. Perpétuellement en guerre, prêts à des coups de poker insensés, voire à guerroyer contre le pouvoir politique quand ils ne cherchent pas à le conquérir. Leurs homologues russes leur ressemblaient, dans les années quatre-vingt-dix, avant que Vladimir Poutine ne leur passe la bride au cou. Depuis, à côté des Ukrainiens, Les Russes font pâle figure - soumis au chef, sans cesse rappelés à l'ordre par de simples officiers du FSB, les services de sécurité, et parfaitement conscients que leur fortune peut s'évaporer sur un claquement de doigts au Kremlin. P.61
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Illia reconnaît ce geste des solitaires qui tentent de gagner l'approbation du groupe mais en refusant à tout prix d'y entrer, terrifiés par son existence même. p.54
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À soixante et un kilomètres à l’heure, il a tout le temps de laisser promener son regard hors de l’habitacle. La ville défile lentement, éblouissante sous le soleil de juin. Le vert des arbres paraît à peine moins scintillant que celui des dômes dorés des monastères qui parsèment le centre. La Kiev antique n’a pas perdu de sa superbe. La ville aux quatre cents églises, cent fois pillée, cent fois brûlée et cent fois reconstruite, n’a cessé de s’enrichir, aimée et choyée par ses souverains successifs. Les tsars lui ont offert des immeubles aux allures de palais. Murs pastel, verts, roses, jaunes, aux couleurs d’un monde disparu… Les soviets ont eu le bon goût de l’épargner, y déployant avec parcimonie leurs grandioses constructions. Ils ont si bien compris l’esprit de cette ville méridionale qu’ils l’ont placée sous la protection d’une nouvelle sainte : l’immense statue métallique de la Mère-Patrie, érigée pour rendre hommage aux millions de tués de la Guerre. Seul le capitalisme carnassier de l’après-1991 a failli la mettre à bas. Les usines sur le Dniepr ont été transformées en friches, la peinture s’est écaillée, des échoppes sauvages ont fait leur apparition à chaque coin de rue. Gigantesque marché aux puces de la misère… Il a fallu des vainqueurs. Les barons de la nouvelle Ukraine ont érigé leurs propres temples, immeubles aux façades de verre poli qui projettent leur lumière sur les rues pavées dont on a enfin rebouché les trous.
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– Ils l’ont dit aux infos, reprend Bogdan patiemment. Madame la présidente a passé une partie de son enfance à Gouliaï-Polie, avant de se tirer vite fait à Zaporojie.
Marko n’en croit pas ses oreilles. Il devrait davantage suivre la politique…
– Et pour quoi on va la remercier ?
– Ben, pour tout ce qu’elle a fait pour nous !
– Et qu’est-ce qu’elle a fait pour nous ?
– Rien encore, mais si on la remercie suffisamment, elle se sentira sûrement obligée de faire quelque chose. Empêcher la fermeture des kolkhozes, développer le tourisme… Qu’est-ce que j’en sais, moi ! Même en Afrique ça marche comme ça : le président élu doit faire des choses pour sa ville natale… Au moins construire une bonne route !
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