La vie critique

La grande différence entre le tennis et la littérature, c'est qu'il n'y a pas de classement ATP en littérature. On ne sait pas qui est le meilleur. Toute la beauté de cette compétition.

Tu comprends, ma chérie, un critique n'est jamais en vacances, ni en été ni à noël, jamais.

En somme, lorsque Michèle et lui s'aimaient, le XXème siècle n'avait pas encore passé la main.Ca ne tarderait pas. A la fin des années 70, on le sentait déjà usé, fatigué, un pied dans la tombe. Il avait été un grand siècle que son sucesseur jugerait très mal. Papa ! Il avait été une séquence pour grandes personnes très occupées alors que son successeur, naïf en ses débuts, plutôt mauve si on devait lui attribuer une couleur, apeuré par son ombre purpurine de siècle cardinal, était hanté depuis ses premiers jours par l'idée de sa mort. Siècle peuplé d'enfant rois, séculiers ou non, de pauvres pour les distraire, même de façon violente que le XXIème.

Puis des automobilistes, en majorité des hommes,cherchaient une place où se garer. Ils tournaient parfois depuis longtemps, et paraissaient éprouver un plaisir ineffable - l'un des plus beaux et des plus purs qui soient au monde - lorsqu'ils en trouvaient une. En une merveilleuse collaboration entre l'homme et la machine, ils se lancaient alors dans des créneaux d'une folle audace, parvenant avec science à emboiter leur voiture entre deux autres, parfois au centimètre près, tout en s'alignant sur le trottoir avec la même joie sans doute qu'ils ressentaient enfants lorsqu'ils parvenaient au bout d'un jeu éducatif alambiqué. Le créneau, symbole de notre humanité.