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EAN : 9782358722216
136 pages
La Fabrique éditions (17/09/2021)
3.54/5   13 notes
Résumé :
J'ai essayé d'écrire un livre marrant, dansant, sur la critique littéraire. Sur la manière dont son devenir est lié à celui de la littérature, comme le tender l'est à la locomotive. Sur ses grandes figures (Sainte-Beuve, Walter Benjamin, Albert Thibaudet, Paul Valéry, Jean Paulhan, Maurice Blanchot, Pascal Pia, Maurice Nadeau...), autant d'approches critiques qui forment cet intellectuel collectif qu'on appelle la Critique. Sur sa figure de style - le slogan - qu'el... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un essai tonique et enlevé, irrévérencieux et discrètement érudit, sur la place de la critique littéraire – sous certaines formes spécifiques – dans la littérature d'aujourd'hui.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/04/05/note-de-lecture-cantique-de-la-critique-arnaud-viviant/

Écrivain (auteur notamment de trois romans), journaliste et critique littéraire (sa présence dans l'émission le Masque et la Plume le dimanche soir étant peut-être la plus connue de ses interventions régulières), Arnaud Viviant est quelqu'un avec qui je ne partage pas tous mes goûts en matière de lecture, mais sa passion et son honnêteté (qui n'exclut jamais la malice et le sens féroce de la formule) le rendent très souvent passionnant. En 2013 déjà, son beau « La vie critique » interrogeait la manière dont se crée la passion pour l'écrit. Avec ce « Cantique de la critique », publié en 2021 à La fabrique, il nous offre les conclusions d'une précieuse investigation personnelle dans ce qui constitue la critique littéraire en tant que telle, aujourd'hui, par rapport à hier et peut-être à demain.

Au fil des pages, Arnaud Viviant mobilise avec brio les analyses directes et indirectes au service de son propos nuancé mais toujours alerte : on croisera ainsi Albert Thibaudet, Roland Barthes, Marcel Proust, Jean Paulhan, Virginia Woolf, Carlo Ginzburg, Étiemble, Paul Valéry, Maurice Nadeau, Walter Benjamin, Maurice Blanchot ou Jacques Rancière, pour ne citer que quelques-uns des critiques de métier (qu'ils soient ou aient été par ailleurs écrivains d'autres formes littéraires) dont le travail rencontre ici certains échos précis.

Pour travailler en une vraie profondeur, sous des apparences de promenade concentrée, certains enjeux (ce qui différencie les chroniques fréquentes, quotidiennes ou hebdomadaires, des études critiques conduites dans la durée, la différence de fond entre critiques négatives, critiques positives et critiques cherchant à dégager ce qui vibre de spécifique dans une oeuvre donnée, le rôle spécifique et ambigu de la critique « de librairie », ou bien – on y reviendra – ce que représente le fait même d'être rémunéré pour critiquer), il n'hésite pas à user avec adresse à la fois de son réel éclectisme, de sa culture assez prodigieuse, et de sa capacité à alterner sans rupture de rythme tournures savantes et tournures populaires : critique à facettes, critique caméléone qui s'élabore aussi et peut-être surtout dans les frictions et les chocs du dissemblable – à l'écart de cette tendance lourde (pesante) de la littérature et de l'art en général qui réclame au premier chef du même, susceptible de satisfaire encore et encore les addictions molles et inoffensives.

En 170 pages, et pour tenir le pari secret de garder son érudition en ligne de fond discrète plutôt qu'en soutien direct d'argumentation, comme pour maintenir le rythme enlevé qui caractérise l'ouvrage, certaines positions sembleront rapides, voire injustes de temps à autre : il rôde ici par instants une forme de mépris voilé vis-à-vis des libraires, et surtout des blogueuses et blogueurs, non pas tant sur la question de leur qualité, mais sur celle de leur non-professionnalisme. Ce débat-là mériterait sans doute mieux et plus fin, à l'heure où tant d'influenceuses et d'influenceurs sont de facto rémunérés par le marketing éditorial (fût-ce sous la forme parfois allègrement absurde du « un livre en échange d'une critique »). Mais ces points sont mineurs, et ne sont de toute façon pas centraux pour ce « Cantique de la critique » qui s'efforce avec ferveur, courage et talent de remettre en perspective cette lecture professionnelle un peu particulière, et l'oscillation de sa réception comme de sa production dans un monde littéraire qui bouge bien davantage que l'on ne veut s'en rendre compte parfois.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Arnaud Viviant a l'humilité de se dire chroniqueur plutôt que critique et son livre, une longue suite de digressions sur la littérature et la critique de celle-ci - mais aussi le monde de l'édition et ce que l'on ne nomme maintenant plus comme le monde mais le "marché du livre" -, se révèle aussi sympathique à lire que truffé de citations de Thibaudet, Benjamin, Valery, Barthes et autres Pierre Bayart (et son fameux Comment parler des livres qu'on a pas lus?) ou Frédéric Ciriez (et son BettieBook, un roman malin sur la critique à l'ère du net - livre que j'ai découvert par l'entremise de Fabienne Radi tiens!). Malin, l'auteur en profite pour régler quelques comptes - avec un libraire notamment, qui lui a reproché d'avoir dit du bien de Christine Angot -, pour parler de lui, de son amour pour le rock et de se tailler un costard sur mesure - c'est à ça aussi que servent parfois les essais autobiographiques. Mais il ne faudra pas s'en chagriner plus que cela, parce que ce Cantique de la critique est avant toute chose une excellente tentative de comprendre ce qu'est devenu la critique littéraire et, accessoirement, ce qu'est devenu la littéraire même, à l'heure où il semble y avoir presque plus d'écrivains que de lecteurs...
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Vous connaissez peut-être Arnaud Viviant pour sa verve assaisonnée au Masque et la plume de France Inter? le voilà maintenant dans une version plus intimiste, défendant mordicus l'homo criticus avec un brillant petit éloge du critique littéraire, ce mal-aimé des Lettres trop souvent vu comme un vautour s'arrachant les derniers bouts de dignité des écrivain.e.s. Il y fait non seulement une brève histoire de la critique française - avec Albert Thibaudet, Jean Paulhan, Sainte-Beuve, Paul Valéry - mais expose aussi son désarroi face à une société hyperconnectée où les «influenceurs» sont devenus les nouveaux messies d'une parole déliée. Ronchon mais mignon, Viviant fait l'apologie de sa profession - qui n'est pas seulement d'encenser ou d'assassiner - et rend grâce à l'opinion non policée, au trait d'esprit qui pimente tout discours et à la Lecture...bien entendu!
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On aurait aimé ne pas aimer. On aurait aimé pouvoir être méchant, comme le critique sait et parfois doit l'être. Hélas, on n'est qu'écrivain. Ah, si ça avait été mauvais, quelle jouissance pour les écrivains de se faire un critique comme Arnaud Viviant !

Le travail qu'on fait ici ne nous nourrit pas, il est gratuit, ce n'est pas de la critique professionnelle. Or c'est d'abord cette critique-ci que Viviant étudie précisément, dans le désordre plaisant (et assumé) de ses pensées. Si nous l'avons lu c'est pour savoir comment Viviant pense son métier – un métier où les fictions que nous écrivons servent potentiellement de matière première (pour parler comme l'industrie).

En 14 chapitres, fourmillant de notations stimulantes et de références précises, Arnaud Viviant défend la Critique – avec majuscule, puisqu'il s'agit de défendre, au fond, la critique comme monde : de la critique comme corps social (la critique en tant que profession – ou ce qu'il en reste) jusqu'à la critique comme Weltanschauung, comme vision du monde. Et c'est à ce point d'aboutissement que le livre, dont le titre dit bien qu'il est chant d'amour, dit et défend le mieux l'art de la critique : parce qu'elle serait la langue de la « démocratie libérale ».

Avant d'arriver là, Viviant se livre à une histoire par sauts et gambades de l'histoire de la critique littéraire, du milieu du XIXème siècle à nos jours...
Lien : https://lesmonstres.org/2021..
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critiques presse (2)
NonFiction
24 mars 2022
Dans son « Cantique de la critique », Arnaud Viviant porte un regard rétrospectif sur son métier de chroniqueur littéraire, et propose à son propre lecteur de s’interroger sur ce qu’est la lecture.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeDevoir
11 janvier 2022
L’homo criticus, cette espèce peut-être en voie de disparition, est le poil à gratter qui empêche encore, parfois, éditeurs et écrivains de tourner en rond. Un « deuxième cœur de la littérature », selon le journaliste, écrivain et critique littéraire indépendant Arnaud Viviant, qui lui consacre un court essai en forme de défense et d’illustration […].
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Simplement, la critique est l’écriture d’une lecture. Pas seulement son récit (même si récit il y a). Pas seulement son jugement ou son interprétation (même si jugement et interprétation il y a).
Une fois qu’on a dit cela, on pourrait tout aussi bien aller se coucher. Il n’y a pas grand-chose à ajouter, hormis de sombres détails qui relèvent de l’intendance, laquelle suivra (comme n’importe quel écrivain se prenant pour un général vous le dira).
Par exemple que la critique raconte une chose assez dérangeante en soi mais néanmoins limpide : qu’il n’y a pas qu’une seule lecture. Que la lecture d’un critique, quel que soit son talent, est une proposition qui ne peut se suffire à elle-même et qui en attend d’autres. En effet, la critique n’est pas une opération solitaire : la Critique est un chœur discursif. Dialectique et constructif. Plus il est grand, plus il paraît chanter et discourir juste (moins les fausses notes d’un seul se font alors entendre). Et du chœur naît le ténor ou la diva. Le métier n’en a jamais manqué. Mais il s’agit là encore d’une opération critique, c’est-à-dire de distinction. Car telle est la fonction, pour ne pas dire la lutte finale, de la critique : distinguer. Un des verbes les plus troubles, les plus ambigus de notre langue. Quelque part entre élire et faire la différence. Ce n’est pas la même chose.
Ajoutons que, lorsqu’elle est bien tournée (i.e. vers les autres), la critique ne prend pas seulement la forme de l’écriture de l’aventure d’une lecture. Dans chaque œuvre, le critique est en expédition, en reportage. Va-t-il périr d’ennui ou de plaisir ? Se faire cannibaliser par l’œuvre ou bien la coloniser ?
Ainsi lire jugera.
Car il n’y a pas de vérité de la lecture : il ne peut y avoir qu’un jugement. C’est pour commencer un jugement de goût, ce dont la sagesse populaire s’est toujours méfiée : « Des goûts et des couleurs, on ne discute pas » affirme-t-elle avec l’idée qu’on entrerait là dans des arguties sans fin qui nous feraient perdre beaucoup de temps qu’on pourrait mieux employer ailleurs (sans jamais préciser toutefois où…). Charge donc à la critique d’ouvrir cette discussion absolument folle et qui heurte pour le moins le sens commun.
La critique ne craint pas de tourner en rond comme un chat après sa queue. Bien au contraire, dans sa forme parfaite, la critique se présenterait plutôt comme une ronde sans fin.
Jusqu’à preuve du contraire, les mots veulent dire exactement ce qu’ils disent. L’affaire du signifiant a bien sûr surgi de tous côtés comme un prurit au XXe siècle. Mais force est de reconnaître que le signifié a encore une belle partie à jouer. Les mots espèrent toujours trouver des lectrices et des lecteurs qui aient confiance en eux. Et plus encore les mots naissants dont beaucoup vont disparaître prématurément.
Des plaisantins peuvent toujours s’amuser à faire « l’éloge du mauvais lecteur », la vérité est qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais lecteur. Il y a seulement des lecteurs plus attentifs que d’autres pour une bonne raison : on les paie pour le faire à notre place. Ce sont nos domestiques intellectuels, nos bonniches littéraires ; ce sont entre autres nos critiques.
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En préparant ce livre, j’ai pris beaucoup de plaisir à reconstituer (autant qu’à les imaginer) les relations entre ces gens qui se lisent, qui s’écrivent, qui critiquent les mêmes ouvrages lorsqu’ils paraissent, qui hument ensemble cette encre fraîche qui constituera lorsqu’elle aura pâli l’édition originale d’une œuvre. Si se rendre acquéreur de la bibliothèque d’un écrivain est acheter son conscient, acheter celle d’un critique littéraire est prendre possession de son conscient, autrement dit de sa censure. La bibliothèque d’un critique littéraire présente les jugements d’un grand lecteur qui conserve beaucoup moins qu’il ne lit. L’unique fois où l’un des meilleurs critiques littéraires de ma mauvaise génération est venu chez moi, il a eu ce mot de connaisseur : « Chez toi ça va : il n’y a pas trop de livres ».
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Dans 50 ans, chacun aura écrit son livre ; c’est une nouvelle manière d’être au monde que d’écrire un livre.
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"à la différence du critique qui reste maître de ses choix et ne traite le plus souvent que d'un seul livre par semaine de façon plus analytique et approfondie, le chroniqueur ne décide pas des livres dont il va parler, l'actualité les lui dictant, et doit évoquer un plus grand nombre d'ouvrages, dans des formats parlés ou écrits dont la brièveté peut sembler une insulte à l'idée même que l'on a pu se faire autrefois de la critique."
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Ce qui est important, c’est la Critique : le cœur discursif, constructif mais aussi parfois négatif que composent les différents critiques.
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Tesson ou pas Tesson, telle est la question ? Arnaud Viviant et Pascal Bruckner.
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