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Citations sur Les quatre vies d'Arséni (10)

Avant de se coucher, le garde Vlassi demanda aux voyageurs s'il y avait vraiment des hommes à têtes de chien. Le garde était jeune et aimait les conversations instructives.
Quand il voyageait à l'est de la Russie, dit Ambrogio, le moine italien Giovanni dal Plano Cerpini en a vu. Il les a vus ou on lui en a parlé ; ce qui n'est pas la même chose, bien sûr.
Le marchand Vladislav se racla la gorge et intervint dans la conversation.
Dans le royaume de la Pologne on a vu des gens qui avaient dans l'ensemble forme humaine, mais leur pieds étaient comme ceux des taureaux ; ils avaient une tête humaine mais par le visage ils ressemblaient à des chiens, ils disaient deux mots humains et au troisième ils aboyaient.
Le royaume de Pologne est incroyablement intéressant, dit Ambrogio, on ne peut que regretter d'y passer sans faire de longues haltes.
Et on a vu, continua le marchand Vladislav, des gens aux oreilles si grandes qu'ils pouvaient s'en couvrir tout le corps.
Arséni ne put s'empêcher de regarder les oreilles du marchand Vladislav. Elles étaient de taille respectable, mais il était impossible de s'en envelopper.
Le garde Vlassi demanda :
Et y a-t-il dans le royaume de Pologne des gens qui ne vivent que d'odeurs ? On m'a raconté des choses à leur propos.
Il y a de tout dans le royaume de Pologne, dit le marchand Vladislav.
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Un jour, Ambrogio vint voir Arséni.
C'est le possadnik Gavriil qui m'envoie, dit Ambrogio. Il veut que tu m'accompagnes à Jérusalem. Je pars du principe que la fin du monde n'arrivera pas avant l'an 7000, en 1492 après la Nativité du Christ. Donc, si tout va bien, nous aurons le temps de revenir.
Sur quoi bases-tu tes calculs, demanda Arséni.
C'est très simple. J'identifie les jours aux millénaires, car il est dit dans le Psaume 89 : Car mille ans devant tes yeux, Seigneur, sont comme le jour d'hier.
Comme il y a sept jours dans la semaine, on obtient sept milliers d'années de vie humaine. Nous sommes en 6988 : nous avons encore douze ans devant nous. Pour nous repentir, ce n'est pas peu.
Es-tu certain, demanda Arséni, que nous soyons bien en cette année-là, je veux dire es-tu sûr que depuis la Création du monde jusqu'à présent il se soit écoulé tout juste 6988 ans ?
Si je n'étais pas sûr, répondit Ambrogio, je ne te demanderais pas de venir avec moi à Jérusalem.
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Ambrogio Flecchia arriva en Russie en 1477 ou 1478. À Pskov, où l’avait amené le marchand Férapont, on accueillit l’Italien avec réserve, mais sans animosité. On le recevait comme quelqu’un dont les buts n’étaient pas très clairs. Quand les gens furent convaincus que la fin du monde était son seul intérêt ils se firent plus chaleureux. Beaucoup pensaient qu’essayer de déterminer la date de la fin du monde était une activité respectable, car en Russie on aimait les projets de grande envergure.
Qu’il essaie, dit le possadnik Gavriil. L’expérience me souffle que c’est chez nous que les signes de la fin du monde seront les plus visibles.
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Il eut quatre noms, chacun à des époques différentes. On peut y voir un avantage, car la vie d'un homme n'est pas homogène. Il arrive parfois que les périodes de son existence aient entre elles peu en commun. Si peu, qu'elles ont parfois l'air d'avoir été vécues par des gens différents. Dans ces cas-là, on ne peut s'empêcher de s'étonner que tous ces gens portent un seul nom.
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(pendant une peste)
Cette journée lui ôta beaucoup de forces : il n'avait jamais eu à soigner tant de gens à la fois. Dans la dernière maison qu'il visita, Arséni s'endormit à côté du malade. En dormant, il rêva de son Ange gardien qui éloignait de lui la contagion. Il ne repliait pas ses ailes, même la nuit. Arséni s'étonna de sa résistance et lui demanda comment il faisait pour ne pas être fatigué.
Les anges ne se fatiguent pas, répondit l'ange, parce qu'ils n'économisent pas leurs forces. Si tu ne penses pas que tes forces sont limitées, toi non plus tu ne te fatigueras pas. Sache-le, Arséni : seul celui qui n'a pas peur de se noyer peut marcher sur l'eau.
Au matin, Arséni et le malade se réveillèrent en même temps. Et le malade vit qu'il était guéri.
p. 105
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(Aux funérailles du héros, dernière page).
Vous êtes vraiment un drôle de peuple, dit le marchand Siegfried. Un homme vous soigne, vous consacre toute sa vie, et vous le tourmentez pendant toute son existence. Et quand il meurt, vous lui liez les pieds avec une corde et vous le traînez par terre - tout en pleurant à chaudes larmes.
Tu es dans notre pays depuis un an et huit moins, lui répond le forgeron Averki, et tu n'y as rien compris.
Et vous, vous y comprenez quelque chose ? demande Siegfried.
Nous ? Le forgeron réfléchit et regarde Siegfried. Nous, c'est sûr, on n'y comprend rien non plus.
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L'intelligence, c'est les yeux de l'âme.
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Chasteté en vieil aage n’est point chasteté, mais impuissance à pecher
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Arseni ne savait plus si ce monde existait vraiment, du moins maintenant, en ce temps incertain où il était dans les ténèbres. Les bois, les fleuves et les villes n'avaient-ils pas été abolis en cette heure sombre de la journée ? La nature ne se reposait-elle pas, délivrée de ses lois, pour au matin se transformer de nouveau de chaos en cosmos, quand elle aurait repris des forces ?
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Tu sais, mon amour, j'ai perdu l'habitude de la beauté dans la vie, dit Arseni à Oustina. Et elle apparaît si soudainement à la traversée de la rivière que je reste sans voix. D'une rive, c'est moi qu'on voit plein d'ulcères et de poux, et de l'autre rive on voit une telle beauté. Et je suis heureux de souligner cette grandeur par ma misère, c'est un peu comme si je participais à sa création.
Quand le soir tomba, Arseni se promena près de la rivière. Il arriva enfin à un rempart. Il le longea et remarqua une brèche étroite. L'obscurité y était plus profonde qu'à l'extérieur. A tâtons, Arseni entra. Quelques lampes à huile brûlaient devant lui. Dans leur faible lumière on devinait les contours de plusieurs croix. C'était un cimetière. Quel endroit magnifique, pensa Arseni. On ne peut rêver mieux. C'est juste ce qu'il me faut en ce moment. Il prit une lampe et mit ses mains au-dessus. La chaleur se répandit dans tout son corps. Arseni mit son sac sous sa tête et s'endormit.
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