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Anne-Marie Tatsis-Botton (Traducteur)
EAN : 9782940701742
320 pages
Editions des Syrtes (05/01/2024)
4/5   11 notes
Résumé :
Une île qui ne figure sur aucune carte géographique, dans aucun livre d’histoire. Son histoire est racontée par trois voix : celle de chroniqueurs qui se succèdent et qui donnent leur version des faits, et la double voix d’un couple princier qui les commente et rectifie, semant le doute sur la version officielle de l’histoire qui nous parvient.
Nous voici donc plongés, à la manière d’une chronique médiévale, dans plus de 300 ans d’histoire, le tout raconté av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les chroniques du temps passé

Voici une terre mystérieuse. Une île qui se situe dans les limites terrestres mais que, personnellement, je ne connais pas.

Cette île possède une tradition bien ancrée : des moines rédigent la chronique des années qui défilent, des conflits et des moments de paix.

Cependant, les moines ne sont pas les seuls à rédiger cette chronique : Parthène et Xénie, dirigeants dont le destin est intrinsèquement lié à l'île, éclairent les récits de leurs souvenirs et réflexions personnelles.

Ces deux personnes ayant, d'ailleurs, une exceptionnelle longévité qui ferait pâlir d'envie bon nombre d'entre nous.

Les éditions des Syrtes nous gâtent avec ce roman d'Evgueni Vodolazkine.

En effet, on peut lire cette histoire comme un récit complètement ancré dans la fiction, teinté de réalisme magique et servi par un humour d'une grande efficacité.

Sans oublier une mystérieuse prophétie qui forcément, doit être retrouvée pour mieux comprendre le destin de l'île à moins que celui-ci ne soit déjà tracé par la faute des hommes condamnés à répéter les mêmes erreurs.

Mais ce serait passer à côté de la véritable force de ce récit.

Car ce roman est une véritable réflexion sur l'histoire, l'Etat et la politique.

Une façon d'étudier comment le temps était vu, jadis, et comment il est apprécié à l'époque contemporaine.

Comment les hommes politiques tentent de s'approprier l'histoire, d'ailleurs peut-elle être objective ou n'est-elle qu'un instrument au service du pouvoir?

Et surtout, ce sont les grands bouleversements étatiques qui se retrouvent à travers les pages de ce roman atypique.

Bref, je me suis régalée avec ce récit et espère que vous en ferez de même.
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Intemporel, une île sans bordures, invisible pour les yeux, métaphysique et étrange.
Nous sommes entre les plaines et les voix. Un chant choral qui acclame et prononce la prophétie.
On ressent les embruns, le brouillard, le sel et les étoiles, les mots qui étonnent, bousculent et transcendent par une magnificence spéculative.
Trois voix majeures, celles des chroniqueurs dont on retient l'avant-garde, les faits comme des adages.
Ce livre est un classique, une référence.
La double voix d'un couple princier qui remet d'équerre les paroles. Ils retournent la terre et sèment le trouble. La quête de vérité en absolu.
Ce serait comme un conte des mille et une nuits. Mais bien plus encore, tant il est unique, précieux et étonnant . Magnétique et enivrant, magique, de rêve et d'évasion.
C'est dans l'orée médiévale que tout est assigné. À l'instar des êtres qui déambulent légendaires et mystiques. le fantastique, les époques et le temps qui s'enroule et se déroule à l'infini.
L'histoire de la vie en somme, comme l'Atlantide. Un récit très ancien auquel on redonne la parole, autrement.
La trame qui joue son rôle de rémanence et de pouvoir.
L'honneur d'un livre empreint de théologal, de force et de sagesse.
« La plus haute harmonie entre les pièces du jeu d'échecs existe dans leur disposition initiale ; le premier mouvement la brise. Chaque nouveau coup ne fait qu'empirer les choses, mais ne pas bouger est impossible. C'est là l'impitoyable loi des échecs, et ce ne sont pas les joueurs qui l'ont inventée. »
« Prince, tu auras un fils du nom de Parthène, ce qui signifie vierge. Chez le prince Andronic naîtra une fille, Xénie, c'est à dire étrangère, ce que l'on peut comprendre comme étrangère au monde. Et ils seront unis par le mariage, et avec cette union la guerre intestine prendra fin dans l'Île. »
Ce livre est l'imaginaire comme le vaste désert. La marche lente dans les cimes d'un livre presque inexplicable, tant sa beauté est intérieure et ses mystères des contes entrelacs, passé, présent, futur. « Histoire de l'Île » est le piédestal littéraire. Un livre qui sera étudié par les étudiants (es) en littérature, tant la forme et le fond, le sens et la prise somment le monde.
 Écoutez : « Les enfants sortent sur la terrasse et voient la MER. Ils s'assoient sur les fauteuils de chêne aux accoudoirs sculptés en têtes de lions. Ils attendent que tout le monde se réveille . »
Une multitude d'univers dans une stupéfiante acuité verbale. Une litanie prodigieuse. La génèse d'une Île étrangère au monde . le piédestal !
Né à Kiev en 1964, spécialiste du Moyen Âge, « Histoire de l'Île » est le cinquième roman d'Evgueni Vodolazkine. Traduit à la perfection du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton. Publié par les majeures Éditions des Syrtes.
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Le début de ce roman peut être un peu perturbant puisqu'on n'est pas habitué à ce type de texte en tant que lecteur moderne. Il apparaît cependant au fil de la lecture qu'il est riche de réflexion et d'anecdotes qui prennent parfois l'allure de contes.

C'est un récit très dense. En effet, entre ces 300 pages, c'est plus de 350 ans d'Histoire qui nous sont racontés. En plus de cela s'ajoutent des anecdotes, des contes, des réflexions diverses et variées … On a donc beaucoup d'idées qui sillonnent les chapitres. C'est un livre rempli de petites histoires dans l'Histoire. Comme le dit l'un des deux narrateurs, c'est un récit qu'il faut savoir apprécier à sa juste valeur : sa poésie, ses métaphores … et qui stimule l'imagination et l'interprétation.

C'est un livre qui est écrit sous la forme de chronique médiévale. On perçoit donc le fonctionnement et les représentations du peuple de cette époque. Et même si l'Histoire couvre une partie des temps modernes, cette chronique reste sous le spectre de la vision moyenâgeuse. En effet, Dieu reste au centre de cette île même si, dans les autres parties du monde, l'Homme se place peu à peu au centre des représentations.

Ce récit est un mélange d'imaginaire et de réalisme, qui reprend en ce sens également les représentations du Moyen Age. Il est d'ailleurs parfois difficile de différencier des éléments de chacune de ces deux catégories. le regard contemporain qu'on peut lui porter est, quant à lui, empreint de la magie de cette chronique, remplie de contes.

La temporalité est déformée. Les personnages ne sont pas tous égaux face au temps. Entre idée philosophique ou fil rouge pour le roman, l'auteur nous explique que chacun perçoit le temps différemment. Ainsi, nos deux personnages principaux suivent et commentent les péripéties pendant plus de 300 ans avant que les deux narrations ne se rejoignent.

Entre humour et engagement, ce roman est parsemé de clins d'oeil à notre Histoire. Réaliste sur beaucoup de points, il se veut aussi satirique. Cette île imaginaire prend pied dans un monde où la France existe. Il permet de réfléchir (et dénonce) la nature des Hommes, le pouvoir et la politique.

Qu'on lise ce livre d'une traite ou par petites bouchées, il est très intéressant par ses multiples facettes. J'en retiendrai une fresque ambitieuse en quelques centaines de pages … et qui pourtant réussit l'exploit de nous proposer un ensemble complet et d'un style soigné. J'ai particulièrement aimé ses nombreuses anecdotes entre fables et jeux de littéraires.
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Après avoir découvert l'auteur à travers Soloviov et Larionov, j'ai replongé avec plaisir dans son univers à la fois érudit et décalé. J'ai retrouvé ces mêmes ingrédients qui m'ont charmée la première fois : l'humour et un roman… qui n'a pas le traitement d'un roman. Eh oui !

L'exercice de style chez Vodolazkine sort de l'ordinaire. Dans Soloviov et Larionov, il calque le déroulement de l'intrigue sur le modèle d'une thèse que mène son personnage principal, poussant le trait jusqu'à inventer toutes les sources, notes de bas de page et les extracts de la bibliographie. le résultat est bluffant !

Dans Histoire de l'Ile, il mêle petite histoire et grande Histoire dans une chronique annotée par le couple royal de cette mystérieuse contrée. Et sous couvert d'un ton parodique, Vodolazkine profite de cette fresque historique pour revisiter les systèmes politiques à travers les âges, les mécanismes de la guerre et du pouvoir comme un Machiavel moderne, haut en couleurs et toujours avec le mot pour rire.

Savant mélange de réel et de fantastique, saupoudré d'absurde, le récit est terriblement juste, aussi distrayant qu'instructif ! Evguéni Vodolazkine retrace, condense et s'approprie des siècles d'histoire politique de l'Europe piochant des références de-ci, de-là. L'histoire de l'Ile, c'est aussi un peu la nôtre.
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Étrange histoire que cette "Histoire de l'île" qui rapporte la chronologie de cette île imaginaire depuis aussi loin que des chroniqueurs s'en souviennent jusqu'à nos jours.
Chaque chapitre raconte les faits survenus lors du règne d'un prince ou d'un président. Ainsi, ceux-ci se succèdent avec plus ou moins de bonheur selon leur désir de bien gouverner ou leurs caprices, leur jalousie envers leur voisin, leurs marottes, leurs ambitions ou leur soif du pouvoir. Mais aussi selon la volonté du peuple, souvent manipulé et trompé.

Puis il y a un deuxième niveau de lecture : ce roman ne manque pas d'analogies avec l'histoire de l'humanité : des dirigeants qui rappellent certains dictateurs, des ambitieux capables de manipuler les foules, des masses crédules qui suivent des meneurs aux slogans simplistes... et finalement c'est toujours le peuple qui trinque.

Ensuite, il y a encore un autre niveau de lecture qui me laisse perplexe. La notion du temps. Elle n'est ici pas conforme à notre réalité humaine, du moins pour un couple princier. L'histoire de celui-ci m'apparaît étrange.

Bref, j'ai beaucoup aimé les deux premiers niveaux de lecture mais je me pose encore beaucoup de questions sur certains aspects de ce roman.
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critiques presse (2)
LeFigaro
13 février 2024
Un grand roman russe qui s'interroge sur le sens de l'histoire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Marianne_
26 janvier 2024
Avec son « Histoire de l’île » (éditions des Syrtes), l’écrivain russe et spécialiste du Moyen Âge Evgueni Vodolazkine propose une nouvelle variation autour des légendes insulaires tout en menant une profonde réflexion sur notre condition historique.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Jadis, nous n’avions pas d’Histoire. Notre mémoire gardait des événements isolés, mais seulement ceux qui étaient de nature répétitive. C’est pourquoi notre existence semblait tourner en rond.

Nous savions qu’à la nuit succède le jour, qu’après L’hiver vient le printemps. Que. ces cycles sont déterminés par les astres qui voguent sur la voûte céleste, et que la limite de leur périple est l’année. L’année était la limite naturelle de notre mémoire.

Nous nous souvenions vaguement d’ouragans épouvantables et de tremblements de terre, d’hivers terribles où la Mer gelait, de guerres intestines et d’invasions étrangères, mais quand avaient-elles eu lieu ? On ne pouvait le préciser. On se bornait à dire : cela s’est passé en été. Ou bien : cela s’est passé au printemps, bien des printemps en arrière. Par conséquent tous les ouragans se sont fondus pour nous en un seul énorme ouragan, et les guerres civiles se sont transformées en une seule guerre sans fin.

Avec le baptême nous avons entendu la parole des Saintes Écritures, tandis qu’auparavant nous n’entendions que les mots vétustes échangés entre nous. Ces mots tombaient en poussière, car ne demeure que ce qui est écrit, or avant notre
baptême nous ne connaissions même pas l’écriture.

(INCIPIT)
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Agathon ne regardait pas seulement devant lui, mais simultanément de tous les côtés.

Il voyait les événements à venir aussi clairement que ceux qui étaient advenus. Les premiers plus nettement, peut-être, car ils n'étaient pas encore déformés par l'imperfection de la mémoire humaine, L'Histoire, enseignait Agathon, raconte moins le passé que le présent.

Dans une de ses homélies il analyse la prédestination des événements. Il affirme que rien n'est prédéterminé, Ce qui existe, c'est le libre choix de l'homme, qui conduit à tel ou tel événement.
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En la vingt-huitième année du règne de Parthène, des ambassadeurs furent de nouveau envoyés par Nicéphore. Leur aspect était moins amical et il n'était plus question de fraternité dans leurs discours. L'empereur portait à la connaissance du prince que ce n'était pas un hasard s'il avait créé un empire, et qu'il voyait, dans la soumission à sa personne d'États proches et lointains, le signe indubitable que ce n'était pas un accident de l'Histoire. D'après Nicéphore, les grands empires se créent pour porter de grandes idées, c'est dans ce but que les petites nations se fondent en une seule grande, et ce n'est que quand elles y seront toutes entrées que le processus s'arrêtera.
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On dit que les sauterelles, créatures grégaires, n’ont pas de volonté propre mais uniquement celle de l’essaim conduit par l’une d’entre elles. Lorsqu’elles se posent sur terre, elles dévorent tout ce qui y pousse. Pourtant, il arrive que leur guide se trompe et alors tout l’essaim, en boule compacte, se noie en mer, et nul insecte n’est sauvé parce que nul ne peut quitter l’essaim. Ne sont-ils pas semblables aux sauterelles, les gens qui dissolvent leur volonté dans la volonté de la foule et se perdent sans laisser de traces dans l’océan de la vie ? 
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Une vie nouvelle. Lorsque j'entendais cette expression, j'étais indignée qu'on dénigre la vie actuelle, qui n'était pas si mauvaise. Le présent perd au profit du futur, comme la réalité perd au profit de l'imagination. Et c'est inutile d'argumenter : l'avenir a des ressources inépuisables. Ce n'est qu'après qu'on peut le comparer au présent, mais alors cela n'a plus aucun sens. C'est trop tard.
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Video de Evguéni Vodolazkine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evguéni Vodolazkine
Dans son "Histoire de l'Île" Evgueni Vodolazkine casse les codes de la chronique historique et donne à réfléchir sur les manières multiples dont L Histoire peut être tronquée, revisitée, retranscrite. Voici comment il parle de la genèse de son roman.
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