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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Arseni est un jeune orphelin élevé par son grand-père. Arseni est un guérisseur, un iourodivy, un moine. Arseni est tout cela car une vie n'est jamais qu'une seule chose.

Mais surtout Arseni souhaite sauver la femme qu'il aime, sauver son âme immortelle et pour ce faire, il doit sacrifier sa vie pour racheter ses péchés.

Ce récit nous entraîne dans un moyen-âge mystique, empreint de spiritualité et de religion. Les guérisons ne sont pas que le fait des plantes mais des miracles de la volonté divine. C'est le moyen-âge russe comme l'ont probablement ressenti ses contemporains.

L'auteur joue tout au long de son récit avec le temps. Linéaire ou cyclique. Se répétant mais jamais vraiment le même. Ce jeu se retrouvant dans le style même de l'écriture avec des bonds de temporalité, du vieux vocabulaire ou des événements plus contemporains.

L'auteur, dans sa préface, évoque comme thème de son roman le sacrifice, comme une notion dépassée à l'aune de notre société tournée vers la réussite individuelle. Il est vrai qu'une vie tournée vers les autres comme celle d'Arseni interroge, nous renvoie à nos propres existences.

Les Quatre vies d'Arseni est tout cela mais c'est surtout une histoire d'amour. Celle d'un amour immature, fait de possessivité et d'exclusivité qui va devoir se faire abnégation pour sauver l'être aimé.

Un roman pour plonger dans l'âme d'un pays, d'une époque et qui sait, y trouver le reflet de notre société.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Bienvenue au coeur de la Russie médiévale et de ses croyances qui sembleront bien exotiques aux yeux du lecteur contemporain : on y est par exemple convaincu de l'imminence de la fin du monde ou que vivent, dans de lointaines contrées, des hommes à tête de chien. Il faut dire que les distances y sont beaucoup plus longues qu'aujourd'hui, et que le temps et l'organisation que réclament les voyages limitent les rencontres avec ce mystérieux autre qui vit dans d'autres régions du monde. C'est aussi un temps où l'omniprésence de la mort la rend familière au point de pouvoir s'entretenir avec elle, où les grandes épidémies de peste prélèvent régulièrement leur macabre et considérable quote-part. La spiritualité religieuse y est très forte et imprègne naturellement chacun, le ramenant à l'humilité de sa condition. Elle se mêle spontanément à l'acceptation de la dimension surnaturelle que l'on prête à certains événements ou aux pouvoirs magiques que l'on prête à certains individus, tels les starets ou les guérisseurs.
Arseni est de ces derniers. Ce roman nous conte son destin.

Orphelin, il est élevé par son oncle Kristophor, à la fois rebouteux et philosophe, herboriste et érudit, qui lui transmet sa connaissance des plantes. Il grandit, en compagnie d'un loup apprivoisé, dans l'odeur des herbes innombrables qui sèchent au plafond de leur isba. A sa mort, Arseni prend naturellement la relève, fort des enseignements de son oncle et de ses prédispositions naturelles. Ses mains sont "celles d'un musicien qui aurait reçu le don de jouer du plus extraordinaire des instruments : le corps humain". Sa parole est rare mais elle est d'or : il a le pouvoir de prédire ce qu'il va advenir des malades.

Un drame à l'origine d'un chagrin et d'une culpabilité insondables change le cours de sa vie. Arseni quitte son village natal de Roukino et prend la route, allant de village en village, soignant les malades de la peste ou soulageant la douleur des mourants, lui-même semblant inatteignable par la maladie. C'est ainsi qu'il acquiert, au fil d'un périple au cours duquel il changera trois fois de nom, qui le fera côtoyer des princes comme des miséreux et l'emmènera jusqu'à Jérusalem, une renommée qui ne cessera de grandir, au point qu'il ne pourra la fuir.

Infatigable, toujours disponible, Arseni est pourtant un désespéré. C'est ce désespoir même qui le pousse. Parce qu'il s'obstine à vouloir racheter une faute qu'il juge impardonnable, il a fait le voeu de renoncer à lui-même, de se consacrer au bien non pour rattraper le poids de ses péchés parce qu'il sait que c'est impossible, mais pour essayer de compenser un peu ce qui a été, par sa faute, perdu.

Aussi, au-delà de la dimension aventureuse qui rend ce roman passionnant, Evgueni Vodolazkine nous livre le portrait complexe d'un homme à la fois extraordinaire et torturé, auquel le lecteur s'attache irrémédiablement. le contexte de l'intrigue n'est pas en reste : l'auteur fait revivre, en une évocation aussi profuse qu'énergique, un univers où se côtoient rudesse et mysticisme, nous faisant parcourir steppes et forêts, villages misérables et petites villes commerçantes, où l'on croise riches ou pauvres, paysans, prêtres ou boutiquiers...

Un grand roman, aussi terrible que merveilleux.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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