Citations sur Dans mon sang, la grenade (44)
Éduquons nos filles. Éduquons aussi nos fils.
- Mais quelle mère vais-je être si déjà, la, je n'aime rien de ce que je vis ?
- Tu seras comme nous toutes, une mère qui fait ce qu'elle peut, et tu le feras bien mieux que tu ne le penses.
Pélaguie a peut-être trouvé la recette magique : penser à elle, se camoufler en partie, ne pas tout donner. Ania n’est pas certaine qu’elle saurait faire mais penser à elle en premier, elle commence à y arriver. Il ne la contacte plus que pour les enfants, maintenant. Elle ne se laisse plus l’occasion de déraper. Il est son loup. Elle sait comment l’esquiver.
Elle ne regrette pas sa vie. Elle regrette simplement qu’à l’heure où la flamme lutte pour brûler, elle n’ait aucune activité à elle, hors de la maison, loin des associations de parents d’élèves. Une activité qui l’épanouirait et qui provoquerait un sentiment d’insécurité chez Pierre.
Elle a accepté tous leurs conseils pour une intégration réussie dans la société française : être souriante et polie, travailler à l’école, aller au centre aéré pour pratiquer son français même pendant les vacances scolaires, et gommer l’accent acquis en apprenant la langue avec ses parents qui la maîtrisaient mal. Être serviable avec les autres et s’excuser s’il le faut, ne pas répondre aux préjugés racistes de certains, ni à ceux qui se moquaient des phrases hasardeuses de sa mère, toujours parler en français, et garder le polonais pour la maison. Puis, sa sœur et son frère sont arrivés, explosant les bonnes intentions de leurs parents. Mais pas elle, jamais.
Les Morues, ce sont elles, depuis toujours. De prime abord, Noémie est l’amie douce, artiste, un peu dans son monde, jamais énervée. Mais avec Maëlle, Noémie est aussi celle qui peut crier quand elle est heureuse, pleurer devant un coucher de soleil. Elle est celle qui laisse ses émotions la dominer mais qui ne sait pas, pour autant, dire des mots d’amour. Alors, Maëlle est devenue Morue. C’est plus original que BFF, selon Noémie. C’était surtout plus barré, selon Maëlle. C’est tout Noémie pour ceux qui la connaissent vraiment.
Une fois la surprise préparée pour Ben (des chaussons déposés sur la console de l’entrée pour qu’il les voie dès qu’il rentrera), elle s’est installée sur le bar de la cuisine où elle aime étaler ses cours pour travailler. Elle veut tout noter, ne rien oublier, vivre chaque moment avec son pépin de grenade.
Samedi soir, un homme a été renversé par une voiture. Plusieurs témoins présents au moment du drame ont affirmé qu’un véhicule s’est avancé dans l’allée et a percuté le propriétaire de la maison où se déroulait l’événement.
La victime, Pierre Gavoi, grand avocat pénaliste, est actuellement hospitalisé dans un état critique.
Pélaguie Gavoi, la femme de la victime, ainsi que trois de ses amies sont les seules témoins directes de l’accident.
Une enquête est en cours et doit déterminer les responsabilités de chacun.
Le Courrier picard, mardi 25 avril
Ces phrases que je ne veux plus entendre :
— C’est que du bonheur !
— Tu es fatiguée ? Ah, mais attends qu’il arrive, tu verras, ce sera encore pire.
— C’est maintenant que tu dois en profiter pour te reposer.
— Tu as pris combien de kilos ?
Celles que je veux entendre :
— Tu as le droit de ne pas aimer être enceinte.
— Viens, je t’emmène passer une journée entre copines.
— Je peux toucher ton ventre ? Tu as le droit de me dire non.
— Tu n’es pas folle.
Sa vie n’était qu’un château de cartes. Tout ce qu’elle a construit a été balayé. Elle pouvait jusque-là lui trouver des circonstances atténuantes, imaginer que c’étaient ces femmes, les responsables. Elle pouvait se contenter de ses petites vengeances quotidiennes tant que le château bravait les tempêtes. Mais aujourd’hui, la vérité révèle la faiblesse de leur jeu.