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Citations sur Souvenirs d'un marchand de tableaux (9)

Vers 1893,Mautice Denis,qui avait remarqué la petite exposition que j'avais faite de dessin de Manet,en parla a ses amis.C'est ainsi que je fus mis en rapport avec quelques-un des Nabis: Bonnard,Roussel,Vuillard,et que j'obtins d'eux,d'abord des tableaux,et plus tard des illustrations pour mes livres quand je me lançai dans l'édition.
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À l’égal des fleurs, Degas détestait les animaux dans les appartements. Aussi, quand il était attendu chez des amis, ceux-ci prenaient-ils soin, avant son arrivée, d’enfermer les bêtes. Et si, ayant oublié de le faire, on entendait dans l’antichambre des coups de parapluie, suivis de cris de chiens trop empressés à se faire caresser, tout le monde s’écriait :
— Voilà Degas !

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Un certain 14 juillet,à Cagnes, comme je posais [pour Renoir], une troupe de gens vint à passer sous les fenêtres de l'atelier en chantant à tue-tête:

Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs.

Renoir eut un geste d'agacement:
- Vous les entendez? Eh bien, cette "liberté" qu'ils ont tout le temps à la bouche, si vous saviez quelle horreur ils en ont au fond! Un jour je disais à quelqu'un: "Mais qu'est-ce qui vous déplaît donc tant dans ma peinture? - Ce qui me déplaît, répondit-il, c'est que vous peignez avec une telle liberté..."
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Comment je connus la peinture de Cézanne ? La première fois que je vis un tableau du peintre, un bord de rivière, c'est à la vitrine d'un petit marchand de couleur de la rue Clauzel, le père Tanguy. Ce fut comme si je recevais un coup à l'estomac.
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Un jour, passant devant la vitrine d'un marchand, je vois une "Cathédrale" signée Utrillo, un nom qui m'était inconnu.
"Eh! me dis-je, voilà un peintre à lancer."
J'entre et demande le prix:
- Cinquante mille francs.
Je sus ainsi ce que valait une œuvre de cet Utrillo dont les toiles, si peu d'années auparavant, ne se voyaient, comme on me l'apprit, qu'accrochées en plein air chez les brocanteurs du boulevard de Clichy.
J'ai raté, de même, un autre artiste, Modigliani. J'avais marchandé, un jour, une de ses toiles encore que je n'eusse pas été très enthousiaste de ces figures nanties de longs cous qui semblaient comme étirées.
"Trois cent francs, cela les vaut-il?" me disais-je.
Après la guerre, passant rue de la Boétie, j'aperçus de cet artiste un Nu qui rappelait la grâce un peu maniérée de certaines estampes japonaises. Quel voluptueux grain de peau! Je pensais: "Il n'y a pas plus de quatre ans, on cotait trois cent francs les plus grands Modigliani. Si on m'en demande trois mille de celle là, c'est tout le bout du monde!"
- Combien? m'informai-je.
- Trois cent cinquante mille. Mais il y a déjà un option. Et nous avons tout lieu de croire que le courtier qui l'a prise agit pour le compte de Mussolini!

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Un jour que Renoir regardait un journal:
- Encore l'Art, avec un grand A. Lisez-moi ça, Vollard.
Et m'interrompant au beau milieu de ma lecture:
- Avec leur sacrée habitude de faire faire la critique d'art par ceux qui sont chargés de la rubrique des chiens écrasés...
Or, l'article était signé Henri Bergson; ce nom n'apprit rien à Renoir.
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Pendant que les toiles montaient, montaient, et que la gloire naissante du douanier Rousseau incitait les amateurs à découvrir des peintres parmi ceux dont ce n'était pas le métier - un marchand de frites, un cordonnier - je vis quelques dénicheurs "miser" sur un nomme quelque chose comme Bambon, un petit marchande ferraille à la Foire aux Puces, qui s'était mis à faire de la peinture. Il vendait ses tableaux suivant leur taille, ce qu'il avait d'ailleurs en commun avec des peintres célèbres. Pour donner une idée de sa conscience professionnelle, un jour qu'un amateur était venu chez lui pour faire un choix parmi ses plus récentes toiles, Bambon, retirant du lot un tableau: - Sur celui-là, dit-il, je vous ferai un diminution. Je ne puis pas, honnêtement, vous le compter au même prix que les autres. Il n'est pas aussi frais, je l'ai peint il y a au moins deux ans.
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J'ai pu observer un curieux trait de caractère de M. Arthur Meyer. Etant allé le voir au Gaulois, je le trouvai un livre à la main. Au moment de me retirer, je m'informai du titre de l'ouvrage, pensant faire mon profit d'une lecture qui avait retenu l'attention d'un esprit aussi éclairé.
- C'est "L'Odyssée d'un transport torpillé", me dit-il, après avoir vérifié le titre du volume sur la couverture.
- Et quel en est l'auteur? lui demandai-je?
De nouveau, il consulta la couverture:
- L’œuvre est anonyme.
- Et le sujet du livre?
- Je l'ignore complètement. Vous comprenez, je pense trop. Quand je prend un livre, c'est pour ne plus penser; mais comme, en lisant, je ne puis malgré tout m'empêcher de penser, il en résulte que je ne sais pas ce que je lis.
- Tiens! remarquai-je, Xavier de Maistre a dit quelque chose dans ce genre...
- Ah! Xavier de Maistre a dit ça, lui aussi?
Et M. Arthur Meyer se rengorgea et caressa ses favoris.
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Quand la guerre éclata, on raconte que le président du Salon d'Automne, M. Frantz Jourdain, s'écria: "Enfin, le cubisme est foutu." Mais, pas plus que les autres genres de peinture, le cubisme ne devait pâtir des événements. L'expérience fut vite faite qu'en temps de guerre tout pouvait devenir matière à spéculation. En entendant parler des bons que faisaient les prix des tableaux, les profiteurs de la guerre s'avisèrent que la peinture ne devait pas être d'un rapport moins fructueux que le camembert, le vin ou la ferraille.
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