Citations sur Cendres ardentes (15)
La vendetta moderne était devenue une justification pour commettre des actes violents tout en passant sous silence les lois traditionnelles du vivre-ensemble pacifique. Car le Kanun, c’était bien ça : un livre de lois et de règles coutumières qui régissaient tous les comportements de la vie privée, familiale et tribale de la société albanaise. La vengeance par le sang, la gjakmarrja, il n’en est question que dans un seul et unique chapitre sur les cent cinquante-neuf que comprend le Kanun.
(page 62)
L’albanité était bien plus qu’une forme de tolérance religieuse, d’ailleurs universelle en Albanie. C’était plutôt la capacité d’un peuple à s’accepter, à se reconnaître et à s’unir autour d’une histoire et d’une adversité communes. Le symbole de cette unité était l’aigle. Le roi des oiseaux albanais avait une particularité : il était bicéphale. D’origine byzantine, l’emblème avait été repris sur toutes les variantes du drapeau albanais par les différents régimes politiques qui s’étaient succédé à la tête du pays.
(pages 124-125)
Le degré le plus élevé dans la réalisation du fantasme de possession de l’autre, voire de fusion, est son appropriation absolue grâce à l’ingestion. L’anthropophagie est une pulsion enfouie représentant l’un des tabous les plus forts. Il est très présent sur le plan imaginaire dans les mythes, fables et légendes.
(page 307)
On ne pouvait pas faire fi du passé. On devait se confronter à son passé, à la fois individuel et collectif, pour vivre le présent et construire un futur.
(page 234)
Accorder son pardon n’était pas excuser celui qui nous avait fait du mal, encore moins cautionner ses agissements, mais une manière de le considérer avec discernement, sans haine ni violence.
(page 95)
De tout temps, et aujourd’hui encore, les Albanais du Nord avaient opposé une résistance aux influences extérieures. En conséquence, les coutumes, les traditions et les valeurs y étaient restées presque inchangées.
(page 12)
La très grande majorité des deux cent cinquante mille ressortissants d’origine albanaise qui habitaient en Suisse y étaient socialement bien intégrés et contribuaient au développement économique du pays.
(page 371)
Julian lui avait expliqué que le racisme envers les Albanais en Suisse n’était pas seulement le fait de l’attitude personnelle de certains, mais structurel, à savoir qu’il s’était intégré durablement autant dans les structures privées que publiques et qu’il émanait de l’organisation même de la société. Bien que la situation s’améliorât, les Albanais étaient, depuis le début des années 90, victimes de discriminations dans leur vie quotidienne en raison de leur origine. Les inégalités se faisaient ressentir au niveau social, économique et politique.
(page 184)
Pour comprendre la mentalité et le comportement des Albanais, le Kanun est incontournable. Il est l’expression du caractère albanais et de sa moralité sans compromis, fondé sur la justice, l’honneur et le respect de soi et des autres. Bien qu’actuellement il ne soit plus appliqué à la lettre, ses normes et ses valeurs continuent à régir de nombreux aspects et pratiques de la vie quotidienne.
(page 145)
Après la chute du régime, les croyants de toutes les confessions avaient reconstruit leurs lieux de culte endommagés ou détruits. Sokol était attristé de voir à quel point la religion était au cœur des conflits dans le monde. En Albanie, la liberté de religion était un fait acquis, mais en plus il y avait aussi une réelle tolérance, une ouverture à l’autre. Les mariages interreligieux étaient d’ailleurs très fréquents. Sokol se disait que beaucoup de gens auraient à apprendre de l’expérience de l’Albanie en matière de respect, de liberté de pensée, de conscience et de croyance.
(page 93)