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Critique de hcdahlem


Le combat pour toutes les vies

Dans ce roman de Nature writing, Lune Vuillemin raconte la rencontre de la narratrice avec Arden et Jeff, une femme et un homme qui se battent pour sauver les animaux et leur milieu. Un combat qu'elle va partager, car il devient pour elle une planche de salut.

Au sortir de l'hiver, la narratrice décide prendre la route et d'affronter une nature encore hostile. Un voyage ressenti comme une nécessité, après la mort de l'homme à qui elle devait tout et qui travaillait à ses côtés dans une brasserie. Chemin faisant, elle croise deux personnes qui s'affairent autour d'une orignale prise dans la glace et qui vont réussir à la sortir de ce mauvais pas. Elle va alors se joindre à Arden et Jeff qui lui propose de l'embaucher dans sa ferme. Au fil des jours, elle apprend à mieux le connaître et va lui confier son histoire. Quand Jeff lui demande d'où elle vient, elle lâche: «J'aurais pu te dire que je venais de voir un homme mourir, que je n'avais pas dormi depuis deux jours parce que je faisais du stop pour me rapprocher de la côte et que je voulais voir l'océan parce que j'avais l'impression qu'il me soignerait de la mort. Peut-être que j'aurais dû te répondre Je viens d'un endroit où l'on brasse du houblon dans de l'eau, un endroit imprégné d'eau qui sent parfois l'amer, le clou de girofle et les produits d'entretien. Je travaillais pour un homme que j'aimais comme un père et qui est mort tôt un matin pendant que je dansais dans la pièce d'à côté en écoutant The Clash. J'ai ses cendres dans mon sac, chez Arden. Je ne sais pas quoi en faire, je me suis dit que l'océan ça lui plairait. Mais en fait je ne sais pas trop.»
Une confidence en entraînant une autre, Jeff va lui raconter comment il a rencontré Arden et combien elle a souffert, victime d'un frère-bourreau.
En parcourant la contrée, en cherchant à sauver des castors ou un renard, les deux femmes vont se rapprocher, se reconnaître, s'aimer. «Faire l'amour avec elle, c'est comme grimper un séquoia géant à mains nues, une fois arrivé à la cime on regarde en bas avec le vertige, surtout ne pas tomber mais surtout ne pas redescendre non plus, lâcher le coeur qui sursaute comme un animal.»
Mais est-il besoin de rappeler que les histoires d'amour finissent mal? Lune Vuillemin va en apporter une nouvelle preuve avec une écriture pleine de sensualité et de poésie. En situant la rencontre entre la narratrice et Jeff et Arden au début du printemps, elle fait communier la fin de la période de deuil et le renouveau de la nature, elle fait renaître l'espoir, sans pour autant masquer les périls qui la menace.
Ajoutant une dimension onirique à sa quête, elle réussit un roman qui s'ouvre aux grands espaces.
On pense bien sûr à Thoreau et à ses disciples américains, mais aussi aux francophones Sylvain Tesson et sa Panthère des neiges ou encore à André Bucher avec La Montagne de la dernière chance. Deux noms auxquels il conviendra désormais d'ajouter celui de Lune Vuillemin.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

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