Citations sur Jeu Blanc (Cheval indien) (139)
Le ciel, son contact sur mon visage me manquaient.
Qui aime ne brandit ni ne requiert la peur.
A Saint Jerome's, j'ai vu des enfants mourir de tuberculose, de grippe, de pneumonie et de coeur brisé. J'ai vu des jeunes garçons et des jeunes filles mourir debout sur leurs deux pieds. J'ai vu des fugitifs qu'on ramenait, raides comme des planches à cause du gel. J'ai vu des corps pendus à de fines cordes fixées aux poutres. J'ai vu des poignets entaillés et les cataractes de sang sur le sol de la salle de bains, et une fois, un jeune garçon empalé sur les dents d'une fourche qu'il s'était enfoncé dans le corps. J'ai observé une fille remplir de pierre les poches de son tablier et traverser le champ en toute sérénité. Elle est allée jusqu'au ruisseau, s'est assise au fond et s'est noyée. Ca ne cesserait jamais, ça ne changerait jamais, tant qu'ils continueraient à enlever des jeunes Indiens à la forêt et aux bras de leur peuple.
p 70
Elle était décharnée et vidée d'avoir pleuré pendant plusieurs journées entières. Sa peau était une tente sur ses os.
p 21
Quand on t'arrache ton innocence, quand on dénigre ton peuple, quand la famille d'où tu viens est méprisée et que ton mode de vie et tes rituels tribaux sont décrétés arriérés, primitifs, sauvages, tu en arrives à te voir comme un être inférieur. C'est l'enfer sur terre, cette impression d'être indigne. C'était ce qu'ils nous infligeaient.
Je me mis en tenue sur le banc. Lacer mes patins tête penchée, le nez plein de l'odeur de la patinoire. Le bois. La sueur. Les crachats. Le cuir. Quand je me relevai pour faire face à la glace, elle était éblouissante.
(p. 258)
"Ils nous ont vidés de l'intérieur, Saul. Nous n'en sommes pas responsables. Nous ne sommes pas responsables de ce qui nous est arrivé. Aucun de nous, dit Fred. Mais notre guérison, elle, dépend de nous. C'est ce qui m'a sauvé. De savoir que c'était à moi de jouer."
(p. 247)
Je ne sais plus très bien quand je me mis à boire. La seule chose que je sais, c’est qu’alors le grondement au fond de mon ventre s’apaisa. Dans l’alcool, je découvris un antidote à l’exil. Je quittai l’arrière-plan pour devenir un blagueur, un clown, un conteur qui relatait des histoires de voyages et d’événements insensés. En fait, je n’en avais vécu aucune, mais j’avais suffisamment lu pour rendre ces récits vivants, crédibles et captivants. Au milieu des grandes claques, des coups de poing et des gros éclats de rire qui les accueillaient, je découvris qu’être quelqu’un que l’on n’est pas est souvent plus facile que de vivre sa propre vie.
Quand on t’arrache ton innocence, quand on dénigre ton peuple, quand la famille d’où tu viens est méprisée et que ton mode de vie et tes rituels tribaux sont décrétés arriérés, primitifs, sauvages, tu en arrives à te voir comme un être inférieur. C’est l’enfer sur terre, cette impression d’être indigne. C’était ce qu’ils nous infligeaient.
Ils nous ont vidé de l’intérieur, Saul. Nous n’en sommes pas responsables. Nous ne sommes pas responsables de ce qui nous est arrivé. Aucun de nous, dit Fred. Mais notre guérison, elle, dépend de nous. C’est ce qui m’a sauvé. De savoir que c’était à moi de jouer.