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Critique de Tancrede50



Au premier contact, on est surpris par l'écriture très descriptive de Sjöwall et Wahlöö. Ainsi quand l'inspecteur Martin Beck pénètre dans la chambre d'hôpital où il va découvrir le commissaire Nyman, mort, il y a une page et demi pour décrire la chambre: murs, plafond, sol, fenêtres, lit, meubles, aliments, articles de toilettes, médicaments, vêtements, objets divers (« un stylo Waterman quadrichrome flambant neuf à pointe bille et quelques pièces de monnaie - très exactement huit de dix centimes , deux de vingt-cinq et six d'une couronne »). On imagine la scène au cinéma, avec un lent travelling circulaire, la caméra s'attardant sur chaque recoin de la pièce, et des zooms sur chaque objet présent dans la pièce pour enfin se fixer sur une tache rouge, d'un « rouge agressif » : le sang du mort, puis plus loin, son corps, sans vie, sur le sol. Quelle entrée en matière!


Ensuite on note l'amour que les auteurs éprouvent pour Stockholm. Quand ils décrivent la beauté d'un lever de soleil sur le Strömmen, endroit par lequel le lac Malar communique avec la Baltique. Ou quand ils regrettent de voir disparaître des quartiers historiques agréables et pleins d'animation au profit d'immeubles de bureau froids et d'espaces bétonnés. Et puis ils manient souvent l'humour, ce qui adoucit l'horreur des évènements relatés. Les aventures des agents Kristiansson et Kvant sont un exemple type de cet humour suédois.


Si notre attention se tourne maintenant vers le cadre de l'intrigue, on découvre que ce roman - écrit en 1971 - est d'une étrange modernité : il traite en effet des violences policières. Plus particulièrement celles exercées par le commissaire Nyman. Et et de l'esprit de corps entre policiers pour nier ces violences et classer sans suite toute plainte déposée à leur propos. Alors oui, assez vite, on entrevoit un mobile qui a pu mener à l'assassinat de Nyman. La vengeance. Mais Martin Beck n'a que l'embarras du choix au milieu de toutes ces plaintes - contre Nyman - classées sans suite. Et si d'autres policiers risquaient eux-aussi d'être tués? Pour les mêmes raisons. le doute s'installe. Kolberg et Beck avancent rapidement dans leur recherche. La fin est un long suspense d'une noirceur totale. Peut-être le meilleur roman de Sjöwall et Wahlöö.
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