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Critique de Unchatpassantparmileslivres


Sarah Waters écrit volontiers des romans dont les protagonistes sont lesbiennes, dans une Angleterre puritaine qui réprouve cette option de vie, et ce roman-ci, qui se déroule dans les années 1940, ne fait pas exception.

Ce qui fait selon moi son plus grand charme est une atmosphère de profonde solitude individuelle, dans laquelle l'état de conscience de chacun des personnages principaux est admirablement restitué, à petites touches réalistes et avec une infinie sensibilité. Comme si, un à un, ils nous faisaient des confidences à voix basse, dans la pénombre.

En 1947, nous découvrons quatre Londoniens profondément marqués par la guerre : Helen et Vivien, deux jeunes femmes qui tentent d'aller de l'avant, mais sont chacune enlisées dans une relation amoureuse qui se délite ; Kay, qui erre sans but dans la ville et dont le ressort semble brisé ; et Duncan qui, bien qu'adulte, se réfugie délibérément dans une dépendance quasi enfantine. Que cachent ces personnes, quelle souffrance les a ainsi laissées désemparées ? C'est ce que l‘auteure va nous faire découvrir habilement, en remontant le temps, de trois ans en trois ans.

Le coeur du roman, c'est l'année 1944, alors que les bombes volantes allemandes ravagent Londres. C'est dans cette partie, la plus longue, que l'auteure approfondit le portrait de ses personnages, notamment à travers la liaison de Vivien, Helen partagée entre deux amours, le séjour en prison de Duncan et les exploits de Kay en tant qu'ambulancière. le titre du roman prend ici tout son sens premier, puisque c'est la nuit que les alertes ont lieu, que les bombes explosent et que les ambulanciers portent secours aux blessés, dans un décor de fin du monde. le titre est aussi métaphorique, car les personnages restent dans la nuit, ils cherchent leur voie tout au long du roman.

Enfin, en 1941, pendant le Blitz, nous avons la genèse du récit en guise de conclusion très brève et l'explication des mystères qui subsistent encore.

Ce roman captivant a de nombreux atouts, outre l'atmosphère si particulière. Les personnages principaux sont attachants et leurs liens multiples peu à peu dévoilés ; certains des personnages secondaires sont aussi très intéressants, comme Robert Fraser, ancien compagnon de cellule de Duncan, ou Mickey, l'amie de Kay. le choix des thèmes : le Londres de la guerre et de l'après-guerre minutieusement reconstitué en toile de fond, l'homosexualité féminine, thème courant chez l'auteure, mais aussi l'attirance homosexuelle masculine, qui l'est moins, la marginalité (repris de justice, objecteurs de conscience, relations homosexuelles ou adultérines, ). Enfin, l'originalité de ce roman construit à rebours, de manière à intensifier le suspense, mais qui fait perdre ainsi les repères temporels habituels ; car les dernières pages du roman sont en fait le tout début du récit et l'histoire linéaire proprement dite se termine à la deux centième page, en fin de première partie. Sur une lueur d'espoir, pour au moins deux des personnages.
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