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Citations sur Du bout des doigts (31)

Tous les visages de mon existence me rendirent mon regard. Le devant de la chemise portait un seul mot : Kepler.
C'était un nom qui en valait bien au autre.
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Sous le régime communiste, on avait une conception très simple de la santé mentale. La dépression, la schizophrénie, les désordres bipolaires et, pire encore, toute opinion contraire à celles professées par l’État, n’étaient que l’expression d’un esprit dérangé qu’il convenait d’isoler du corps politique. Être malade, c’était être en faute. Vous qui pleurez en contemplant les rudes vérités de ce monde, vous qui voyez clairement les mensonges que l’on vous raconte, vous vous êtes infligé ça tout seuls, disait l’État. Soyez donc reconnaissants de la miséricorde, si infime soit-elle, que la nation daigne vous témoigner.
Nous appelons ça une maladie, m’a chuchoté un jour un docteur dans les bas-fonds de Vienne, mais une maladie, c’est beaucoup plus difficile à blâmer que des gens.
Depuis, le communisme a chu, mais les idées mettent plus longtemps à tomber que les hommes.
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Le problème quand vous emménagez dans un nouveau corps, c'est que vous ne savez jamais exactement ce qu'il a fait.
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– Et qui aimez-vous, Josef ? demanda doucement le grand-duc. Qui aimez-vous vraiment ?
Je me redressai, voulus croiser les bras sur ma poitrine, me rappelai de la position sociale de mon corps et, au lieu de ça, posai mes mains sur mes cuisses.
– Si je suis une épouse, j’aime mon mari. Si je suis une sœur, j’aime mon frère. Si je suis un officier, j’aime mes hommes. En d’autres termes, mon privilège, c’est de pouvoir accéder à toute vie de mon choix. Pourquoi serais-je le maître d’un foyer sans chaleur ? Une mère qui n’adore pas ses enfants ? J’aime mes hôtes, sans quoi, je ne les garderais pas. J’aime tous les gens que je suis, sans quoi, je ne serais pas eux.
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Des corps.
Nul ne peut pister un fantôme pendant l’heure de pointe.
Un train bondé. Une station grouillante de monde. Des gens qui se tiennent épaule contre épaule, des peaux qui se frôlent, des souffles qui se mélangent. Nous respirons la transpiration des aisselles du grand type à côté de nous et écrasons les pieds de la vieille dame avec nos bottes.
Je
(qui que soit « je »)
pris le métro d’ici jusque là-bas, surfant sur le pouls de parfaits inconnus.
[...]
Je me glissai de peau en peau, une secousse, un frisson, un ralentissement, une accélération, le train qui tangue, un pied qui marche sur celui de quelqu’un d’autre, je suis
un enfant en uniforme scolaire,
un vieil homme plié en deux sur sa canne.
Je saigne dans le corps d’une femme au premier jour de ses règles,
j’ai affreusement mal à la plante de mes pieds de maçon fatigué.
J’ai soif d’alcool, alors même que mon nez est rouge et boursouflé d’en avoir déjà trop abusé.
Les portes s’ouvrent, et je suis de nouveau jeune et belle, vêtue d’une robe d’été trop légère pour la saison, et j’espère que ma chair de poule ne gâchera pas l’image glamour que je tente de créer.
J’ai faim
maintenant je suis rassasiée,
assis près de la fenêtre, j’ai désespérément besoin de faire pipi
sur un strapontin près de la porte, je mange des chips.
Je porte de la soie.
Je porte du synthétique.
Je desserre ma cravate.
Mes chaussures en cuir me font mal aux pieds.
Mon mouvement est constant, mes peaux sont stationnaires. Il suffit du contact d’une main dans ce train à l’heure de pointe et
je suis tout le monde.
Je ne suis personne.
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C’était la voiture louée par l’homme qui avait tenté de m’assassiner.

J’ouvris le coffre avec la clé trouvée dans sa

ma

poche, et regardai à l’intérieur.

Deux sacs de sport noir, l’un plus grand que l’autre.

Le plus petit contenait une chemise blanche, un pantalon noir, un imperméable, un caleçon propre, deux paires de chaussettes grises et un sac en éponge. Sous son double fond en plastique amovible, je découvris deux mille euros, mille lires turques, mille dollars américains et quatre passeports de nationalités allemande, britannique, canadienne et turque. Le nom changeait chaque fois, mais le visage sur la photo était toujours le mien.

Le second sac, beaucoup plus grand, recelait un kit de meurtre soigneusement emballé : un jeu de petits couteaux et de lames de combat vicieuses, de la corde, du rouleau adhésif et des bandages de coton blanc amidonné, deux paires de menottes, un Beretta 9 mm et trois chargeurs de rechange, plus une trousse médicale verte contenant divers produits chimiques qui allaient du poison au simple sédatif. Je ne sus que penser de la présence d’une combinaison intégrale en Lycra, d’épais gants en caoutchouc et d’un casque de protection contre les matériaux dangereux.
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Mais mon assassin s’était montré négligent.

Il m’avait pisté jusqu’à cet hôtel, et il avait utilisé le parking de l’établissement.

Au troisième sous-sol, deux lumières jaunes accueillantes me firent signe depuis l’avant d’une Nissan gris argenté.
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Désormais vêtu d’un jean et d’un simple tee-shirt blanc, je sortis des toilettes et pénétrai dans le magasin de fringues le plus proche en souriant au vigile planté à l’entrée. J’achetai un blouson marron doté de deux fermetures Éclair, dont la seconde ne semblait avoir aucune utilité pratique, une écharpe grise et un bonnet en laine assorti que j’utilisai pour dissimuler mon visage autant que possible.

Trois policiers étaient postés près des grandes portes vitrées qui séparaient le centre commercial de la station de métro.

Je suis un assassin.

Je suis un touriste.

Je ne suis personne d’important.

Je passai près d’eux sans leur prêter la moindre attention.
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Mon corps.

Qui qu’il fût, son propriétaire habituel trouvait peut-être normal que ses omoplates soient aussi raides et crispées. Après tout, il n’avait pas de point de comparaison. Et si on leur avait demandé comment étaient leurs propres épaules, ses semblables auraient sans doute fait la réponse universelle : normales.

Je me sens normal.

Je me sens moi-même.

Si je parlais un jour à l’assassin dont je portais le corps, je serais ravi de l’informer combien ses perceptions étaient erronées.

Je me dirigeai vers les toilettes et, par la force de l’habitude, entrai chez les dames.

Les premières minutes sont toujours les plus délicates.
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Aussi sexy qu’une pierre ponce, aussi romantique qu’une crise d’herpès, le centre commercial Cevahir pourrait se trouver n’importe où dans le monde avec son carrelage blanc et son plafond de verre, ses saillies géométriques figurant des balcons, ses piliers pas tout à fait dorés se dressant au milieu de magasins Adidas et Selfridges, Mothercare et Debenhams, de cafés Starbucks et de restaurants McDonald’s où les seules concessions à la culture locale sont le burger köfte et le sundae pomme-cannelle servi dans un gobelet en plastique.
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