un bijou... non, un trésor !!!!!
p 208
Nous ne sommes pas en cela très différents des bêtes qui, dans les ténèbres de leur esprit, font le mal sans le savoir ; elles se gorgent de sang, sautent sur leur proie, crient dans la nuit, et cependant sont aussi innocentes qu'un bébé. Nous sommes assez semblables aussi à l'orage qui dévaste la forêt, au feu affamé qui dévore des vies humaines en un instant, à l'eau qui engloutit nos frères. Tout cela fait partie du drame. Mais si nous sommes choisis pour un rôle agréable et joyeux, ne devons-nous pas, par reconnaissance, secourir les moins fortunés, et remercier même la pauvre marionnette qui travaille sans cesse à nous nuire ? Car les choses eussent pu être tout à l'opposé.
La porte avait un grand verrou de boisque je tirais d'habitude dans raison puisque ce grenier était un lieu perdu où n'entraient jamais que le tisserand en tournée, Gédéon à l'époque de la cueillette des pommes, ou moi-même. Personne n'aurait eu l'idée de venir m'y chercher, et cela me tenait lieu à la fois de salon et d'église.
Toute l'énergie de cet homme était concentrée dans ses yeux et m'enveloppait comme une flamme (Livre quatrième - I. Les fêtes de la moisson).
Privée d'amoureux, j'aurais voulu aimer le monde entier, du moins tout ce que j'en pouvais atteindre. J'étais comme la jeune fille qui, le premier jour de mai, se tient à la croisée des chemins pour offrir un bouquet au cavalier qui va passer. Et voilà que ce cavalier m'avait renversée et abandonnée avec mes fleurs dans la boue (Livre deuxième - III. ... Ou mourir à la peine).
Plus de tristes discours! J'ai choisi mon paradis. Il est sur ta poitrine, ma chère promise.
Quand je regarde par la fenêtre et que je vois la plaine et le grand ciel avec ses nuages au-dessus des montagnes, je me rappelle les bois épais de Sarn, le murmure de l'étang lorsque la gelée le prenait, et la façon qu'avait l'eau d'envahir le placard, sous l'escalier, au moment de la fonte des neiges. On ne voyait guère de ciel là-bas, sauf ce qui s'en reflétait dans l'étang ; mais le ciel qu'on aperçoit dans l'eau n'est pas le vrai ciel. Il apparaît comme dans un miroir obscur, où les longues ombres des roseaux lancent leurs pointes contre les mouvantes étoiles. Le soleil et la lune même peuvent être absents du paysage, car parfois la lune se perd dans les feuilles des nénuphars et un héron se dresse contre le soleil.
faisant allusion au bec-de-lièvre de l’héroine , fardeau qu’elle considérait envoyé par le ciel afin de la rendre meilleure alors que dans son entourage, au village, cette malformation de naissance était considérée comme un signe démoniaque et stigmatisait la méfiance superstitieuse atavique des villageois.
La matinée était paisible. Aucun souffle n'agitait les jeunes feuilles pourpres des chênes, et les bouleaux d'argent eux-mêmes, qui ondoient et frissonnent à la moindre brise comme les joncs au bord de l'étang, étaient aussi tranquilles que des herbes au fond d'une eau que rien ne ride. On n'entendait aucun bruit ; pas plus dans les champs grisâtres que dans les bois, l'eau ou le ciel ; rien que le claquement des sabots de nos chevaux sur les cailloux humides. Quelle paix ! On aurait cru qu'un miracle se préparait. L'aube n'aurait pu retenir mieux son souffle si ç'avait été le jour du jugement dernier ou de la résurrection des morts (Livre troisième - I. La louée).
Celui qui meurt à l'aube se soucie-t-il de l'heure que marque le cadran solaire au lever du soleil qui ne se lève pas pour lui (Livre deuxième - I. À cheval vers le marché) ?