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L'épopée c'est la vie d'Annette, ou plutôt, disons son nom en entier - il n'apparaît qu'une fois dans le livre à la toute première ligne - : la vie d'Anne Beaumanoir. Née en Bretagne, issue d'une famille humble et engagée, à peine sortie de l'enfance elle devient militante communiste et elle rejoint la Résistance. Elle sauvera des enfants juifs.
Après guerre elle deviendra médecin et rejoindra le FLN dans sa lutte pour l'indépendance de l'Algérie.
Sa vie militante se poursuivra jusqu'à sa vieillesse au dépends de sa vie familiale.
Une vie exemplaire, admirable, sans concession, sans faux pas.
Le livre est écrit avec simplicité, le récit est clair, rapide, informé à la meilleure source : Anne elle-même. Pour ceux qui connaissent cette période, il n'apporte aucun élément nouveau, sinon le portrait d'une femme d'exception.
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Je commence ce livre après avoir lu une bonne critique...Page 11, 3 ème ligne :"Cette grand-mère deux, Annette ne la rencontre pas...."
"Grand-mère deux ?" Peu élégant ! C'est volontaire ? Je continue la lecture.. Lecture terminée...Les tribulations de cette femme exceptionnelle sont passionnantes..On reste un peu sur sa "fin" ! Moins enthousiaste en ce qui concerne l'écriture.."Elle commence à lorgner du coté du PC. C'est un parti -avant d'être un ordinateur comme aujourd'hui" ? Mais aussi des passages émouvants ..Lorsque le terme "PAUSE" évite de décrire l'indicible...
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Ce livre me frappe pour trois particularités: l'histoire vraie de la résistante française Annette Beaumanoir, le style d'écriture et le point de vue narratif de l'auteure franco-allemande Anne Weber (née en 1964). Pour commencer par le premier : s'il est vrai que l'auteur a accidentellement croisé Beaumanoir alors âgée de 96 ans et a commencé à écrire l'histoire de sa vie, alors c'est un fait extraordinaire. Car la vie d'Annette ressemble à un film : jeune fille, elle a fait partie de la résistance française contre les nazis, a sauvé plusieurs juifs contre les directives de ses supérieurs communistes, a joué un rôle dans la résistance clandestine dans le sud de la France, et puis aussi une remarquable rôle dans la lutte algérienne pour l'indépendance contre la France, et les premières années après cette indépendance. L'auteur Weber décrit tout cela de manière très obsédante, mais aussi avec une certaine distance.

Et cela nous amène à la particularité la plus particulière de ce livre : il n'est pas écrit en phrases en prose, mais en vers libres. Ça parait un peu étrange au début, et il manque parfois la musicalité que vous attendez de la forme du couplet, mais cela fonctionne, en particulier dans les scènes d'action, qui obtiennent une sorte de effet saccadé. Et bien sûr, cela correspond à la nature épique de l'histoire.

Plus spéciale encore est la relation entre l'auteur et l'héroïne, du point de vue narratif. Anne Weber est la narratrice omnisciente, avec une admiration manifeste pour Annette, mais aussi une distance critique. Dans une sorte de ‘voice off', ses vers parfois expriment une critique prudente de la position d'Annette : comment elle n'a pas vu comment la résistance était manipulée par de grands hommes (De Gaulle, par exemple), comment elle n'a pas vu comment derrière la lutte Algérienne pour l'indépendance se trouvaient aussi des motivations financières (même par des antisémites), et comment elle est restée aveugle à la lutte de pouvoir entre les grands hommes après l'indépendance (Ben Bella, Boumedienne, Bouteflika, etc.). Et pourtant Weber indique aussi comment Annette avait un penchant naturel pour l'action et le danger, qui l'a même poussée à abandonner son mari et ses trois enfants. Mais Weber est doux pour Annette et précise que son engagement parfois risqué était fondamentalement idéaliste : sauver des gens, qu'ils soient juifs, algériens ou malades (Annette était médecin de formation), restant presque consciemment aveugle à la situation globale, et presque toujours en payant le prix. Ce faisant, elle a fait d'Annette une héroïne féministe contre son gré.

La lecture de ce livre était pour moi une expérience ambivalente : fascinée par le sujet, bien sûr, mais aussi aux prises avec le style d'écriture (en partie parce que je l'ai lu dans l'original allemand), et parfois aussi frustrée par le ton un peu trop moralisateur. Soit dit en passant : Annette Beaumanoir est décédée en mars de cette année, à l'âge de 98 ans.
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"Car résister résulte, comme la plupart des choses qu'on fait, non pas d'une décision qu'on prend une fois pour toutes mais d'un glissement pour ainsi dire imperceptible, progressif, vers quelque chose dont on n'a pas encore idée."

Annette, une épopée est un chant, au sens antique du terme. On chante le héros, ici l'héroïne, en vers libre. Pour souligner sa force, sa bravoure et conter ses aventures. Une forme déstabilisante sur les quinze premières pages mais dont le rythme nous embarque. Et très vite, les retours nombreux à la ligne nous bercent plus qu'ils nous gênent.

Des aventures, Annette en a vécu de nombreuses. Sans vraiment l'avoir décidé. Toute jeune fille à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, elle va s'engager politiquement comme on fait de la prose, sans le savoir. Au fil des actes de résistance, elle en prend conscience. Elle agit dans une sorte de flou qui la protège (elle ne connaît que de loin ses interlocuteurs au Parti, change régulièrement de point de chute...) et pourtant avec une acuité essentielle. Un homme derrière un journal peut cacher un camarade. Ou un collabo. Annette suit les règles du jeu, elle les enfreint aussi, quand l'amour frappe à sa porte. Et quand elle décide de sauver deux enfants juifs. Sans le décider vraiment encore une fois. La raison n'a plus sa place, il faut agir au rythme accélèré des battements de son coeur. La guerre lui prendra beaucoup, elle ne saura pas bien comment reprendre une vie normale après ça. Et le glissement en résistance va s'accentuer. Elle prend à bras le corps le parti de l'indépendance de l'Algérie, s'expose, s'exile... Une vie de combat. Camus n'est pas loin.

Les héros sont bien plus grands quand ils ne savent pas qu'ils sont héroïques. Quand ils sont étonnés des lauriers que l'on pose sur leur tête. Anne Weber dans ce texte dit avec beaucoup de justesse l'histoire d'Annette. Avec pudeur aussi. Pas de violence soulignée, quand c'est trop, elle écrit un simple "Pause". L'indicible restera derrière ce mot. Notre imaginaire est bien capable de faire le reste du chemin.
Annette n'imaginait pas de piédestal, Anne Weber lui en fait un à sa mesure. Un chant, une épopée pour l'héroïne inconnue.

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J'ai lu ce livre après avoir aimé la critique; mais le style m'a déconcerté malgré tout; j'ai eu l'impression que cela « dépaysait » l'histoire d'Annette.

Comme de la science fiction sans un repères spatio-temporel. Cela décale l'histoire et l'Histoire. Sans doute pour la mettre en valeur.

À relire peut-être un peu plus tard.
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La vie d'Annette Beaumanoir racontée par Anne Weber. Annette une jeune bretonne a 17 ans quand débute la seconde guerre mondiale. Sans hésitation, elle s'engage dans la résistance clandestine active au sein du parti communiste. Elle doit alors quitter sa Bretagne, changer sans arrêt d'identité, ne rien révéler d'elle à ses camarades de combat. Elle aimera cependant Roland. Elle parcourra la France, jeune fille à l'air innocent qui porte des courriers, transporte des paquets. Elle n'hésitera pas à prendre en charge deux jeunes juifs menacés. La victoire arrive, retour à la vie civile. Elle termine ses études de neurologue, se marie avec Jo médecin comme elle. Deux enfants vont naître. Lorsque les algériens prennent les armes pour se libérer en 1954, elle s'engage auprès d'eux contre les oppresseurs qui sont maintenant les français.
Une vie de roman, une vie d'engagement avec les sacrifices inévitables, une vie de femme étonnante pour les femmes de ces années.
Outre la vie d'Annette passionnante, éclairante, l'écriture d'Anne Weber est très agréable. C'est comme un regard complice d'une femme plus jeune, c'est fluide.
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Le titre l'annonce, ce récit est une épopée. Peut-être pas au sens où ce terme est généralement admis. Anne Weber renouvelle le genre par son style et sa narration. Vie exceptionnelle d'Annette, bien sûr, mais qui interroge sur la nécessité de l'engagement.
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Au début, le style littéraire sec aux phrases courtes peut surprendre. Il s'agit en fait d'une épopée alors que l'Histoire est grave. le rythme saccadé et poétique peut être comparé à la vitesse à laquelle Annette veut à tout prix sauver des Juifs, rentrer en résistance, découvrir le monde et avant tout faire avancer une cause et des principes qui sont l'égalité et la justice.
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Anne Beaumanoir, dite Annette, est une jeune femme au parcours atypique, sinueux et riche en rebondissements de toute nature : elle entre dans la Résistance à dix-neuf ans, sauve deux adolescents juifs au mépris de la discipline de groupe. Elle participe à des actions à Rennes, Paris et Lyon. Pour finir, elle prend part à la libération de Marseille, avant de s'engager pour l'indépendance de l'Algérie, pays qu'elle rejoint lors de l'indépendance en 1962. Elle participe au premier gouvernement de Ben Bella avant de fuir lors du coup d'Etat de Boumédiène en 1965.
Ce destin, Anne Weber a pris le parti de le restituer au lecteur de son roman sous la forme d'une radiographie en direct du comportement d'Annette, de la dissection de ses motivations. Ainsi, de la définition de l'acte de résister : « Car résister résulte, comme la plupart des choses qu'on fait, non pas d'une décision qu'on prend une fois pour toutes mais d'un glissement pour ainsi dire imperceptible, progressif, vers quelque chose dont on n'a pas encore idée. »
Toutes les étapes de sa vie sont remises par l'auteure en perspective, reliées aux circonstances, à la notion de devoir, d'impératif. Fréquemment, Anne Weber apostrophe son héroïne, la morigène, l'apostrophe, tout en lui témoignant au final une sympathie complice et chaleureuse. A propos de son propre enfant, Annette doit choisir : « Il sera perdu ou sacrifié puisqu'il y a un temps pour tout, un temps pour avoir des enfants, un temps pour résister ; les deux ne peuvent se concilier. »
Enfin, la dernière partie de son parcours, son séjour en Algérie, engendre de grosses déceptions : Après les espoirs démesurés, les découvertes cruelles : on torture aussi dans l'Algérie indépendante, l'indépendance ne profite pas aux femmes ;l'auteure interroge encore Annette sur les justifications de son engagement et semble lui donner quitus : « Mais ce n'est pas pour ces gens-là, ces gens précis ,nous diras-tu, mais pour faire avancer une cause et des principes qui sont l'égalité et la justice, c'est pour une fin, et cette fin-là, il n'y a rien à y redire, Annette ! »
Ce roman apparaît alors comme un remède contre le cynisme, un hommage à l'ironie bienveillante mais toujours interrogative déployée par Anne Weber.
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Oui, une épopée, narrée avec une vraie intelligence d'écriture. Nous sommes avec cette femme singulière, portée par son idéalisme, et ce qui est formidable, par toutes les interrogations qui l'accompagnent. Remarquable !
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