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Critique de Alfaric


Concernant le tome 1 : La Menace fantôme

Des chapitres sont courts donc cela se lit vite et bien malgré l'alternance des POV. Un univers plus cohérent car au patchwork de Midcyru qui mélangeait des peuples de cultures et de technologie très différents succède celui des 7 satrapies centré sur la Mer Céruléenne. Moins d'incohérences, d'oublis et pas de prophéties qui viennent pourrir la trame du récit. On sent que l'auteur poursuit dans sa voie, et cela c'est bien !

* Les personnages :
"Gavin" et Karis font écho à Durzo Blint et Mama K version haute société.
"Dazen" en mode Château d'If nous rappelle Logan au fond du Trou.
Kip et Liv sont les correspondants plus soft d'Azoth et Viridiana (ouf exit Poupée la cruche ultime).
Rask Garadul, associé au Prince des Couleurs et Seigneur Omnichrome, rappelle Garoth Ursuul en moins trash.
Andros Guile se pose bien aussi en père manipulateur qui utilise sa famille pour gagner encore plus de pouvoir.

* le magicbuilding :
Dans "L'Ange de la Nuit", on avait les ka'karis chacun associé à une couleur et des mages rouges, verts (les soigneurs) et bleus (les créateurs, terme que l'auteur réutilise) dont la puissance dépendait de leur capacité à absorber la lumière (par exemple guerriers shamans de Friaku combattaient nus pour que leurs corps absorbent mieux la lumière et être ainsi plus puissant).
Dans "Le Porteur de lumière" il bâtit tout une magiocratie où les magiciens sont des Green Lanterns capables de transformer la lumière en matière (la luxine) en fonction leurs capacités visuelles : ils peuvent créer différents sortes de matière selon qu'ils soient monochrome, bichrome ou polychrome
A chaque couleur est associé 1 matière, 1 défaut et 1 qualité car les créateurs obligés de tirer leur énergie de la couleur à laquelle ils sont affilié doivent porter des lunettes colorées pour agir indépendamment de leur environnement, du coup leur personnalité se déforme au fil du temps jusqu'à briser le halo (sombrer dans la folie).
Seul le Prisme peut décomposer la lumière pour produire n'importe quel type de matière à partir de n'importe quel type de couleur : Infrarouge, Rouge, Orange, Jaune, Vert, Bleu, Ultraviolet.

* le worldbuilding :
Le Prisme est censément être l'Empereur de son monde, mais il est sous surveillance du Blanc et de ses Gardes Noirs, du Noir qui gère le fonctionnement du territoire (formé de 2 îles, le Grand Japse et le Petit Jaspe) et de l'administration de la Chromérie, et du Spectre (conseil formé d'un mage de chaque couleur, chacun d'entre qui représentent la satrapie dont ils sont issus).
Bref la Chromérie est plus construite que le mystérieux sa'kagé et nettement plus aboutie et plus intéressante que la soporifique magiocratie du Chantry, avec un passage de Kip à l'école de magie qui sait omettre une harrypotterisation que même Patrick Rothfuss n'avait pas su éviter dans "Le Nom du vent".


Pas mal de défauts on été gommés depuis la trilogie de "L'Ange de la nuit", mais des lacunes persistent :
- au niveau de l'univers on est encore le derrière entre 2 chaises avec une ambiance plutôt antiquisante (satrapie, satrape, promachos…) et une ambiance capes & épées (canons, mortiers, obusiers, mousquets, pistolets…)
- si Kip (le gros lard qui a toujours un truc à dire mais jamais le bon) est plus supportable que l'insouciant Azoth/Kylar et si Liv (qui joue à la femme fatale mais qui peine déjà un peu à être une adulte) est moins caricaturale que Vi la tueuse midinette, ils restent des adolescents dont le récit pourrait se passer finalement.
Dans leur personnalité et dans leur traitement, ils souffrent cruellement de la comparaison avec le trio "Gavin" / "Dazen" / Karis ou même de personnages un peu plus en retrait comme Poing d'Acier ou le général Corvan.
C'est d'autant plus dommage que ces adolescents, pénibles parfois ou souvent (cela dépend du niveau de tolérance) semblent être un passage obligé incorporé à l'imaginaire de Brent Weeks qui se moquent d'eux régulièrement en versant dans l'autodérision.
- l'auteur se donne du mal à nous présenter son système magie chromatique mais il faut attendre le dernier ¼ du roman pour bien comprendre ce que sont exactement les spirites alors qu'ils interviennent dès le 1er chapitre :
ce sont les créateurs qui ont brisé leur halo et sont devenus de plus en plus inhumains en appliquant leurs talents sur leur corps et leur métabolisme : comme ils ont remplacés leur chair par de la luxine, ils sont considérés comme des déments ou pire comme des monstruosités
- l'auteur se donne bien du mal pour mettre en scène des actions épiques, mais dans le même genre il souffre de la comparaison avec certaines plumes plus chevronnées (citons le Paul Kearney des "Monarchies Divines")
- l'auteur se donne bien du mal pour donner un côté sombre aux personnages ou aux situations, mais là aussi dans le même genre il souffre de la comparaison avec certaines plumes plus chevronnées (citons le Glen Cook de "La Compagnie Noire")

Je suis un tout peu déçu par rapport aux attentes que j'avais mis dans l'auteur mais rassuré de voir l'auteur s'améliorer. Je sais maintenant que j'aime ce que fait Brent Weeks, donc je le suivrai assurément à l'avenir, mais je sais aussi qu'il ne faudra pas non plus en attendre monts et merveilles (même si les cliffhangers de fin donnent furieusement envie d'avoir sous la main le 2e tome intitulé "Le Couteau aveuglant").
Au final sans doute un très bon divertissement, mais on attendra la suite du cycle avant de lui accorder plus de qualités.
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