Le lendemain matin, Kirk Pascha fit une découverte terrifiante : un cambrioleur avait vidé la cachette secrète contenant ses bijoux de famille!
Croyant Sally Jones folle et dangereuse, la compagnie l’exposa sur la scène en la faisant passer pour un monstre. Mais Sally Jones ne faisait peur à personne, pas même aux enfants. Le public était déçu. Elle n’avait rien d’un singe assoiffé de sang. Elle avait seulement l’air profondément triste.
Un matin de bonne heure, (…) largua les amarres et mit le cap sur le sud en direction de la mer. Son cœur était lourd dans sa poitrine, comme une vieille pierre finlandaise.
Baba s’élançait avec agilité d’un arbre à l’autre à la recherche de figues, de mangoustans et de mangues. Le soir, il se préparait un nid dans la cime des arbres. C’est ainsi que font les orangs-outans pour pouvoir dormir sans crainte, hors d’atteinte des léopards et des chasseurs armés de sarbacanes et de fusils.
(…..) tenait Sally Jones pour responsable de tous les malheurs. Son plus grand plaisir était de la frapper avec un bâton en bambou dès qu’il en avait la force et le courage. Il aurait même aimé la tuer, mais il ne pouvait pas se le permettre. Personne ne paierait pour regarder un singe mort.
Au moment où deux matelots s'apprêtaient à jeter Sally Jones et Baba par-dessus bord, le chef mécanicien intervint :
"Qu'on laisse les deux singes alimenter la chaudière en charbon ! Selon la loi maritime, les passagers clandestins ont le droit de se racheter ! Et autant que je sache, la loi maritime ne fait pas de différence entre les singes et les humains !"
Un commandant sage ne contredit pas inutilement son chef mécanicien.
[...]
Le chef mécanicien de l'Otago se nommait Koskela, maison l'appelait seulement le Chef. Il donna une pelle à chacun des singes et les mit au travail.
Tout commença par une sombre nuit de tempête il y a une centaine d'années.