Citations sur Les saisons bleues (66)
À l’est de la ville
À l’est de la ville
Le jour des Repas froids
Le clair ruisseau traverse
les pêchers et les pruniers,
Les roseaux verts jouent dans les remous
à cacher de blanches ombelles.
Combien sont-ils à vivre là,
au bord du ravin,
Parmi les fleurs tombées à moitié
sur l’eau pour l’Orient ?
Un ballon parfois s’envole
plus haut que les oiseaux,
Les balançoires tentent de dépasser
les saules pleureurs.
Dès le jour de l’équinoxe la jeunesse
part en grande flânerie,
Sans attendre la Pure Lumière
ni le Dixième Supérieur…
/ Traduction Patrick Carré
La pivoine rouge
Beauté verte, oisive et tranquille,
Vêtue de rouge, clair puis foncé,
Fleur en son cœur craignant d’être coupée –
Qui sait un cœur à la couleur du printemps ?
/ Traduction Patrick Carré
L’étang des Nuages Magiques : en raccompagnant mon jeune cousin
Les coupes d’or lentement remplies
tournent au rythme des chants purs,
La barque peinte au vol léger
danse joliment —
Les bergeronnettes, hélas,
au bord de l’eau se quittent,
Et à l’étang ne rentrent
avec les oies sauvages.
/ Traduction Patrick Carré
Assis seul dans la nuit d’automne
Je pleure, seul assis, les mèches de mes tempes
À la salle vide bientôt la deuxième veille.
Les fruits de la montagne tombent à la pluie,
L’insecte ami de l’herbe chante sous la lampe.
Les cheveux blancs s’avèrent immuables ;
Le métal jaune ne se peut fabriquer…
Pour éliminer la vieillesse et la maladie,
Il n’est que d’imiter le sans-naissance.
/ Traduction Patrick Carré
Crépuscule d’automne à la montagne
Dans la montagne vide après la pluie,
L’air est à l’automne tardif.
La lune claire brille entre les pins,
La source pure coule parmi les pierres.
Les bambous gémissent au retour des lavandières,
Les lotus frôlent la barque du pêcheur.
A son gré s’évanouisse le parfum du printemps :
Tu peux, noble cœur, t’attarder ici.
/ Traduction Patrick Carré
LE JARDIN DES MAGNOLIAS
Sur les monts d’automne au jour qui se replie
Une ligne d’oiseaux se déploie.
Éclair d’un vert vif
Où les brumes du soir ne peuvent s’abriter.
À l’heure pâle du couchant
Les oiseaux délirent au long du torrent.
La route du ravin plonge en tournoyant
– Quand cessera cet attrait du mystère ?
/ Traduction Patrick Carré
LE RUISSEAU DES CORNOUILLERS
Fruits rouges et verts
D’une nouvelle floraison —
Au voyageur attardé dans la montagne,
Cette coupe de vin de cornouilles…
Odorantes volutes mêlées de poivre et de cannelle,
Feuillage étirant la perfection des bambous…
Le soleil qui brille dans les lointains nuages
Semble frissonner ici, au cœur de l’inextricable.
/ Traduction Patrick Carré
En quittant ma villa de la Jante
Je ne sais plus partir.
À regret j’abandonne les pins et les lichens.
Si je puis délaisser les monts bleutés,
Qu’en sera-t-il du vert torrent ?
/ Traduction Patrick Carré
Écrit sur le rouleau de la rivière Wang
Pas envie maintenant d'écrire des poèmes.
La vieillesse est ma compagne.
Par erreur, ils ont fait de moi un poète dans une vie passée.
Une existence perdue m'a eu comme peintre.
Incapable de se débarrasser des habitudes enracinées,
Le monde a fini par me connaître par elles.
Mon nom, mon style, ils peuvent saisir, c'est vrai.
Mais mon esprit et mon cœur ne le sauront jamais.
Colline Sud
Un bateau léger part de la colline du sud,
Le nord est difficile à atteindre à travers l'immensité.
Sur l'autre rive, je cherche ma maison,
elle ne se reconnaît pas de si loin.