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Critique de PatrickCasimir




La Pesanteur et la Grâce est une méditation de Simone Weil sur la misère de l'être humain soumis au Bien et au Mal mêlés, c'est-à-dire à la pesanteur qui freine l'élan de l'âme vers le Ciel. La grâce, seule, la libère et lui ouvre les portes de l'Amour divin. Comment parler de ce recueil de pensées disparates en apparence ? Qu'en ai-je retenu et surtout en ai-je bien compris le sens ?
S. W. est une sorte de météore, à l'âme incandescente, qui au cours de sa très brève existence, (elle n'a vécu que 34 ans) a voulu comprendre l'Absolu. Comment accéder à l'Amour divin, à la Pureté vraie, à la Justice authentique, à la Beauté sans mélange ? Pourquoi la Souffrance ? Comment peut-elle nous faire grandir ? N'est-elle pas nécessaire ? Quelle est notre responsabilité dans ce Mal qui ronge le Monde, et qui pourtant semble relever de la Nécessité ? Comment accède-t-on à Dieu ? Par la Croix ? Pourquoi doit-il demeurer un Dieu absent ?
S. W. désoriente souvent dans cette quête de Vérité, de spiritualité absolue. Elle incarne un mysticisme intransigeant, mysticisme qui se tient éloigné du « Dieu lourd », du « Dieu de tribu des Hébreux » pour lui préférer la Croix dont le sacrifice qu'elle symbolise lui apparaît plus universel, plus propre à embrasser l'Humanité tout entière dans cet Amour divin vers lequel la grâce doit la conduire.
La quête de S. W. trouve ses racines dans l'enfance ; en effet, la petite fille manifeste déjà de la compassion à l'égard de toute souffrance, toute injustice et ce, non seulement par ses larmes, mais par des actes de partage. Jeune adulte elle conforme ses convictions ou ses intuitions spirituelles à ses actions et à sa vie pour tout dire. Elle est l'opposée des philosophes de salon, comme nous en connaissons tant.
Ainsi, cette normalienne enseignante pouvait-elle parler de la condition ouvrière pour l'avoir vécue en usines – condition qu'elle a décrite dans ses carnets, et pour avoir milité aux côtés de syndicalistes.
Ainsi se soumettait-elle volontairement aux privations par solidarité avec ceux qui souffraient des restrictions de la guerre.
Ainsi a-t-elle éprouvé le risque physique, en allant aider sur place les républicains espagnols durant la guerre civile, non sans porter un regard critique sur les cruautés des belligérants.
Ainsi, s'est-elle engagée auprès du général De Gaulle à Londres avec la volonté de se retrouver en France sur le terrain même de la Résistance. Mais cette jeune passionnée en a été privée, isolée qu'elle était au sein du groupe londonien.
En tout cas, au-delà de son action durant sa courte vie, elle a laissé des pages d'une incomparable élévation intellectuelle et spirituelle, comme la Pesanteur et la Grâce, entre autre. Il n'est pas toujours aisé d'en saisir les références souvent allusives. Par exemple, si l'on ne connaît pas Platon on ignore ce qu'est le Metaxu, de même, le discours d'Eupalinos renvoie à un texte de Paul Valéry sur cet architecte de Samos, Arnolphe et Agnès nous sont plus familiers, y compris certaines citations de la Bible, etc.
Les pensées de S. W. sont donc parsemées de raccourcis dont le sens paraît si évident à l'auteure qu'elle ne prend pas toujours la peine de développer pour la plus grande perplexité du lecteur non initié.
Les babéliens ont posté de nombreuses citations de la Pesanteur et la Grâce, il n'y a donc pas lieu d'en rajouter. Mais une telle lecture lave l'âme. Pat.
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