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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est l'histoire d'un effacement dont seul le silence a rendu compte pour Sèverine Werba, narratrice et auteur de ce récit poignant.
Silence de son grand-père, Boris, qui jamais n'a évoqué l'histoire de ses proches, disparus dans le cataclysme de la Shoah. Silence de quelques photos retrouvées au fond d'un tiroir et qui gardent enfermés des visages inconnus, des existences broyées. Un silence qui tue une nouvelle fois, qui contamine et menace le présent et l'avenir.

C'est le récit d'une quête, celle de l'auteur qui de Paris à Torczyn, en Ukraine, cherche à combler ce trou plus béant qu'une tombe dans son histoire. Redonner leur place à Rosa, la soeur de Boris, à Lena, sa petite fille, leur rendre un visage, une identité, et renouer ainsi tous les liens familiaux que les nazis ont voulu éliminer. Son enquête acharnée, insensée, se place sur la ligne fragile qui unit la vie à la mort, l'histoire intime à L Histoire officielle, le souvenir à l'oubli.
En posant ses mots sur les vies réinventées de sa famille disparue, Sèverine Werba repousse les ténèbres de l'enfouissement et de la douleur indicible. Comme un rai de lumière éclaire le détail d'une vieille photographie, elle parvient à modeler des visages, des vies, à ceux qui en ont été privés deux fois : par la mort et par le silence dont on les a enveloppés.
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C'est en perdant Boris, son grand-père que Séverine comprend qu'elle n'a pas posé suffisamment de questions sur le passé de cet homme si discret, qu'elle est passée à côté de l'essentiel.
» J'en veux à mon grand-père d'avoir verrouillé la porte de son passé et je m'en veux de ne pas lui avoir posé de questions. »
Boris était né à Torczyn, il a quitté sa famille en 1923 pour faire des études à Berlin puis s'est retrouvé à Paris, s'est marié avec Nelly, une femme non juive. Il a perdu toute sa famille trois fois, le jour de son départ, le jour de son mariage et le jour où ils ont été tués.
En découvrant des photos de Rosa, la soeur de Boris et de sa petite fille Lena, la jeune mère qu'est devenue Séverine sent le besoin d'enquêter, de redonner vie à cette jeune enfant de deux ans, internée pour le motif » en surnombre dans l'économie nationale« .
Recherches auprès des Archives nationales, voyages en Israël et en Ukraine, l'auteur se lance dans « une enquête insensée, perdue d'avance. Fondamentale. » se pose des questions, imagine ce qui a pu se passer et redonne vie à ces anonymes.
Rafle du Vel d'Hiv, ghettos de Torczyn et de Loutsk, toutes les horreurs maintes fois écrites dans les romans s'appliquent ici à la famille de Boris. J'ai retrouvé une similitude avec la quête de Julia dans Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay.
Là est un peu ma déception vis à vis de ce récit, un passé commun à tant de familles revu par le prisme personnel d'un auteur.
Mon intérêt s'est un peu aiguisé en lisant une approche plus novatrice sur l'attitude mensongère actuelle des ukrainiens » Personne ici n'honore la mémoire de ceux qui vivaient là. Rien dans le présent ne parle du passé. La vie s'est arrêtée net, puis elle a repris avec d'autres. »

Toutefois, ce premier roman est très bien écrit et donne une voix supplémentaire à tous ces anonymes « ni morts, ni vivants…absents. »
» La famille de mon grand-père errait dans sa maison, elle flottait dans l'air, invisible et obsédante. C'est elle que je cherchais dans les placards. C'est elle qui revenait dans le goût du hareng et le thé brûlant. Dans les lettres hébraïques, les concombres au sel et le pain au cumin. »
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Quel beau titre… et c'est bien ce qui pose problème à Séverine Werba, appartenir à une lignée, à une religion, à une histoire. Courageusement et de manière extrêmement authentique (et c'est ce qui rend la lecture si émouvante), elle utilise l'écriture pour remonter à la source de la famille de son grand-père juif tant aimé, Boris, que tous appelaient Babar, et qui s'est tu sur ses origines et le destin de ses proches.

Boris meurt lorsqu'elle est adolescente et, sans trop savoir pourquoi, elle se débarrasse des livres en russe et en yiddish de son grand-mère mais une fois adulte, le besoin de comprendre s'impose à elle ; elle tente d'abord d'approcher la religion juive, puis entreprend un voyage jusqu'en Ukraine où, aidée d'une interprète, elle recherche la trace de ses ancêtres, entre autres Rosa, la soeur de Boris, et sa fille Lena, déportées en 1942 : « ils sont comme les autres, perdus, dissous, oubliés dans cette tragédie. Ecrire leur nom est déjà les en extraire un peu. » On partage tous les détails de sa quête, ses espoirs et ses désillusions.

Même si ce n'est pas un grand coup de coeur, j'ai été conquise par la démarche de cette femme qui montre à quel point les traumatismes liés à la Seconde Guerre peuvent avoir des conséquences fortes sur des générations.
Lien : https://dautresviesquelamien..
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