AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de lilibookncook


Il y a une époque où les écrits de Bernard Werber me galvanisait, m'enthousiasmait avant même leur sorties, ouvraient mon champ de possibilités. J'ai tout lu ou presque. Mais j'avoue que depuis quelques années, après le miroir de Cassandre et le rire du cyclope, l'emballement est quelque peu retombé comme un soufflé. Aujourd'hui, le doute est balayé par le souffle de la curiosité et des références retrouvées. Comme un retour aux sources, Bernard Werber utilise son thème de prédilection, la vie après la mort, et règle ses comptes avec les critiques et autres moralisateurs littéraires. Quelle jouissance ! Ponctué de passage de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, ce roman est un digne successeur de l'esprit du romancier. Parler de coup de coeur serait exagéré, mais un vrai plaisir à suivre les aventures de cet écrivain / esprit qui cherche à résoudre un meurtre : le sien.

Gabriel Wells, écrivain au succès mitigé, est mort. Alors qu'il se rend chez son médecin après la perte de l'odorat, il y fait la connaissance de Lucy Filipini, une médium qui l'informe qu'il n'est pas malade, mais bel et bien mort. Stupeur ! Ironie du sort, à son réveil, il tient l'incipit de son prochain roman : "Qui m'a tué ? ". Paranoïaque de son vivant, il persuade la jeune et jolie médium de se rendre chez lui pour vérifier son état. Alors que tout indique une mort naturelle, il observe des "pétéchies" sur la paume de ses mains. Marques caractéristiques d'un empoisonnement, une question se pose désormais : qui l'a tué et pourquoi ? Accompagné de Lucy, Gabriel enquête chez les vivants...comme chez les morts.

Avec des références évidentes à ses autres romans, notamment aux Cycles des Anges et Cycles des Dieux, Bernard Werber évoque une fois de plus une de ses obsessions, la vie après la mort. Tout en recyclant ce thème, il en aborde un nouveau et non des moindres : le rôle de l'écrivain. Sous forme de légèreté, il nous livre quelques indices sur le mécanisme d'écriture de son protagoniste, autant dire les siens. Sous l'apparence d'un énième roman sur la mort, il en profite pour régler ses comptes avec l'univers littéraire parisien et notamment avec les partisans du "classique ou rien du tout".

Auteur de polars, Gabriel Wells boudé par la critique jugeant la littérature de l'imaginaire comme sous-genre n'a jamais trouvé le succès escompté. Violemment dénigré par le fameux critique littéraire Moisi, il meurt sans avoir écrit son grand roman. Werber utilise son expérience éditoriale pour argumenter et défendre cette littérature dites de l'imaginaire. Science-fiction, anticipation, policiers...cette littérature boudée par le microcosme littéraire parisien a dorénavant un protecteur. En puisant à travers son métier tout en changeant les noms, il agrémente son récit de sa propre vie comme la Ligue de l'Imaginaire dont il fait parti avec d'autres auteurs comme Maxime Chattam

Au-delà de cette mise au point, rythmé par des extraits de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, j'ai encore appris beaucoup de choses et ça, ça n'a pas de prix. Voilà en quoi les livres de Bernard Werber sont formidables. En plus de passer un excellent moment, ma culture générale en est sortie grandie. Savez-vous que les soeurs Fox sont à l'origine de la naissance du spiritisme ? Que le ver planaire, petit ver d'eau douce, est capable de régénération automatique donc immortel ? Que jusqu'en 1800 les tombes individuelles n'existaient pas et que des fosse communes baptisaient "chambre de repos" se situaient dans les quartiers mal famés à cause de l'odeur ? 

Agréablement surprise, cette lecture m'a laissé un petit goût de déjà vu tout à fait délicieux. Oui, c'est contradictoire, mais les romans de Bernard Werber ont beau user des mêmes thèmes, il n'en reste pas moins que l'auteur sait innover à chaque fois. L'effet de surprise s'est peut-être dissipé, mais l'écriture et la passion reste la même. Vive la littérature de l'imaginaire ! 

Que proposer avec ça ? le thé "Malesherbes" de Betjeman & Barton ainsi qu'une tarte aux fraises vegan s'il vous plaît, en l'honneur du personnage de Lucy Filipini, ravira les papilles. Bonne lecture !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}