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Critique de emmyne


Dans ce premier tome d'une nouvelle trilogie, on retrouve la verve, l'imagination et l'intelligence de l'excellente série Uglies.
Scott Westerfeld parvient à mêler des thèmes scientifiques et politiques à un récit épique, à un hommage aux grands romans d'aventures et de science-fiction.

Reprenant le contexte de la Première Guerre Mondiale, Scott Westerfeld imagine un monde alternatif dans lequel s'affrontent les états européens divisés par leurs principes d'utilisations des découvertes scientifiques et donc par leurs idéaux - motifs belliqueux - chacun se croyant supérieur et voulant imposer sa vision d'une société " évoluée ".

D'un côté, les darwinistes appliquent le concept de l'évolution en créant des êtres composites plutôt que des machines pour les servir à partir de l'ADN d'animaux existant ou disparus; manipulations génétiques utilitaires, véritables écosystèmes tel ce Leviathan, incroyable aéronef, gigantesque bête volante, " souffleur d'hydrogène ...bâti sur les chaînons organique d'une baleine, le corps du Leviathan était issu d'une centaine d'autres espèces, d'innombrables créatures dont les principes vitaux s'entremêlaient aux siens comme des rouages d'horlogerie. Des nuées d'oiseaux fabriqués voletaient autour de lui - éclaireurs, combattants, prédateurs chargés de ramener de la nourriture. ". Les pays darwinistes sont le Royaume Uni, la France, la Russie, la Serbie...
De l'autre côté, correspondant à l'Allemagne et à l'empire austro-hongrois, puis à l'empire ottoman, sont les clankers. Ils n'utilisent la nature que pour l'adapter à leurs prouesses techniques en fabriquant de puissantes et performantes machines aux formes animales ( clank signifie cliqueter, cliquetis en anglais, les bruits métalliques ).

Biologie contre technologie.

Au début du roman la guerre n'est pas encore déclarée. Un archiduc autrichien et son épouse sont assassinés à Sarajevo... le récit est double, alternant deux voix, celles des deux héros adolescents : le prince Aleksandar, fils de l'archiduc, en fuite vers la Suisse, état neutre, pour protéger sa vie de l'empereur allemand qui ne souhaite pas le voir s'assoir sur le trône de son père, le meutre de ce dernier ayant été commandité comme prétexte au conflit, permettant aussi de se débarasser d'un dignitaire pacifiste et trop indépendant s'étant permis un mariage d'amour avec une dame d'honneur...; la jeune écossaise Deryn Sharp qui ne rêve que de voler et pour cela se fait passer pour un garçon prénommé Dylan afin d'intégrer l'Air Service britannique où elle sert finalement en tant qu'aspirant sur le Leviathan. Leurs quinze ans vont se rencontrer dans les Alpes. Ils sont officiellement ennemis, ils doivent tous deux garder secrète leur identité et pourtant ils devront s'allier. Confrontant leurs éducations respectives, chacun victime des hasards et des privilèges de naissance - lorsque l'on vient au monde de sang noble ou non, de sexe masculin ou pas - ils découvent ensemble les enjeux politiques qui les manipulent comme sont manipulées les populations par la propagande, la réalité physique de la guerre dans ce monde là.

Evidemment, ce tome est guerrier. Mais c'est pourtant tout l'esprit des romans de Jules Vernes inscrit dans un univers steampunk qui saisit à cette lecture, avec ses créations fantastiques superbement mises en image par l'artiste Keith Thompson. Ses illustrations pleine page au crayon accompagnent le récit à la façon des éditions originales du célèbre auteur des Voyages extraordinaires.

C'est autant l'atmosphère de cette guerre uchronique que la fascination pour ces inventions, machines et créatures fantasmagoriques, qui sont décrites à travers les foisonnantes scènes d'actions. Scott Westerfeld s'attarde à plaisir sur la vie à bord et le fonctionnement du Leviathan, sur l'étrange bestiaire embarqué, sans pénaliser le rythme de son récit. Les nombreux personnages secondaires, bien que très représentatifs de leurs fonctions adultes, ne sont pas en reste une fois la trame de l'intrigue mise en place. Intéressants, mystérieux parfois, ils donnent du relief et ajoutent une pointe d'humour à l'aventure initiatique des jeunes héros.

En quelques lignes, l'écrivain dit mieux dans sa postface que la chroniqueuse :

" Leviathan traite autant d'un avenir possible que d'un passé alternatif. Il regarde vers une époque où les machines ressembleront à des êtres vivants, et où il sera possible de fabriquer des êtres vivants comme on assemble des machines. Mais son décor rappelle une époque antérieure dans laquelle le monde se divisait entre aristocratie et classes populaires, et où les femmes, dans la plupart des pays, n'avaient pas le droit de s'engager dans l'armée - ni même de voter.

C'est tout l'intérêt du steampunk, que de brasser ainsi l'avenir et le passé. "

Les deux prochains tomes, aux titres toujours d'inspiration biblique, sont déjà annoncés : - Béhémoth pour septembre 2011 ( vient de paraître en VO ) - Goliath pour septembre 2012.





Lien : http://lisezjeunesse.canalbl..
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