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Critique de lalahat


Mon beau navire, roman en partie autobiographique, évoque la traversée d'une adolescente, Roséliane, sur le transatlantique, le Balboa, de Caracas au Havre, en 1962.

Avec sa mère, Pauline, 38 ans, solitaire et peu sociable, et son frère, Dimitri, 11 ans, son complice, elle part pour un séjour de 5 mois à Paris. Son père, haut fonctionnaire, n'est pas du voyage.

Anne Wiazemsky écrit une oeuvre très personnelle qui a la fraîcheur d'un Diabolo Menthe. Sa belle écriture ( elle est la petite fille de François Mauriac ) comporte de nombreux dialogues enlevés. le récit est très vivant, sans temps morts.

Les enfants, Roséliane en particulier, observent le monde des adultes, sans le décrypter tout à fait, mais avec beaucoup de lucidité et d'acuité, de l'humour aussi, cynique parfois.

Alors qu'elle a effectué la traversée plusieurs fois déjà dans son enfance, l'auteur choisit de raconter celle de 1962, l'année de ses 14 ans. Elle n'est alors plus une enfant, mais pas encore une adulte, et prend conscience des métamorphoses de l'adolescence. Elle est plus ou moins secrètement amoureuse du lieutenant Gérard le Roux, Mâtho. Elle aspire à une plus grande liberté. Son regard affûté, distant et critique donne le ton au roman. Ce sont les flirts incessants des adultes autour d'elle qu'elle observe avec amusement, et un certain désenchantement, jusqu'au moment où l'on bascule dans le drame...

La vie sur le majestueux transatlantique est très cinématographique. Les passagers évoluent comme dans une bulle, pleins d'insouciance, alors que la France est déchirée par la guerre d' Algérie, et que d'autres, les pieds noirs, regagnent la métropole avec quelques valises, en catastrophe, sur de moins luxueux bateaux.

Il y a quelque chose de choquant dans le comportement des adultes qui n'échappe pas aux enfants. Leur mère les traite même de puritains, terme dont ils ignorent le sens. Pourtant leurs jeux sensuels font curieusement écho à ceux de leurs aînés...
Anne Wiazemsky réussit admirablement une évocation sans ménagements d'un monde où séduction et haine cohabitent. Elle met en avant la complexité des rapports humains d'une catégorie d'individus pleins d'arrogance.
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