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Citations sur La servante du passeur (10)

Elle sentit son sang se glacer, rapide et gelé. Elle sentit au plus profond de ses entrailles, le souffle froid
d'une couche de glace, là où le miracle de l'enfantement se préparait en silence.Elle ferma les yeux, mais l'image se forma, plus précise et impitoyable encore: elle voyait comment son sang se figeait et comment, sous les paupières closes de l'enfant, une membrane grise et froide se tendait sur les prunelles.《 Ne prie pas - elle parlait sans voix, le front sur le montant du lit -prie pour que je sois aveugle,pour que je meure, mais pas pas pour cela.
--Obéis.
--Non.
--Eh bien, je prierai, matin et soir, et une fois chaque nuit, et....》
Le poing fermé, elle frappa, du milieu de son engourdissement, sans voir où elle frappait. Puis, elle se leva d'un bond, et avant qu'il eût pu la saisir par ses vêtements, elle était déjà vers la porte.《 Nous allons prier tous les deux, dit elle, le matin et le soir et plusieurs fois par nuit.Mais toi, c'est le diable que tu prieras, et moi je prierai Dieu, pour qu'il étrangle ton diable.》
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Mais tout cela est muet, remue, mais se tait. Tout serait plus simple et plus facile, s'ils hurlaient, si l'on entendait monter des jurons et s'abattre des imprécations. Mais ils restent muets, et leur haine est dangereuse comme la haine des muets qui ne se soulage pas dans les cris mais seulement dans le sang.
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La voix de la mourante est basse , mais si âpre, que la flamme de la chandelle posée près du lit et dont le suif coule, oscille sans arrêt. Le souffle, avec effort déjà, pousse cette voix, mais il ne s' éteindra pas avant qu'elle ait tout dit.Les mains se posent l'une à côté de l ' autre sur le couvre -lit aux dessins bleus.Elles ont déjà la couleur de l'autre monde.Elles ne changent pas de place, seuls les doigts, un à un , s' élèvent encore et s' abaissent avec un crissement léger sur la couverture bleue, de ce mouvement qu'on fait quand on additionne des dettes.
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Un héron passa, d'un vol bas et lourd, en suivant le courant, et son cri rauque rebondit, multiplié, contre les parois de la nuit. Le brouillard monta et s'insinua lentement entre le monde et eux.
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Il était étendu, immobile, et la regardait.Elle attendait toujours qu'il abaissât les paupières, mais elles ne bougeaient pas, comme gelées. Et bien qu' elle sentît que ses racines étaient là-bas, dans la maison du passeur et qu'à travers la neige elles arrivaient jusqu'à elle, sans que personne les eût coupées, une paralysie la gagnait peu à peu, venant de ce regard sans paupières , fixe
《 Tu voulais te confesser? Demanda-t-il, d'une voix monocorde comme on parle dans le sommeil.
-J'ai dit que nous allions nous marier et que.....que je suis à lui....Il n'y a pas autre chose à confesser.
-Mais comment cela est - il arrivé? Quand? Combien de fois?
- Cela ne regarde personne》, Répéta -t-elle.
Le jour baissait et tout ce qui restait de lumière semblait se ramasser dans le visage blanc où se détachait la cicatrice rouge......
.......《 tu voudrais peut-être sortir de la communauté?
-Non
-Nous en avons eu une , de l'autre côté, qui en est sortie.Elle s' était refusée au prêtre avant le mariage....comme toi, et alors elle s' est retirée. Son premier enfant était aveugle.Le deuxième mangeait ses excréments et se traînait à quatre pattes. Il y a d'autres exemples, bien d'autres.Les hommes ont voulu en savoir plus que dieu, mais dieu en savait davantage....-Cela ne vient pas de Dieu, dit elle dans un murmure, blême jusqu'au lèvres
-Alors cela vient de ma prière》 Dit-il d'une voix aussi basse.
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Quand il eut attaché le sac à sa ceinture et plongé la main dans la fraîcheur du grain, il fut un instant sur le point de s'agenouiller ainsi qu'avait fait la jeune fille, mais il se sentit couvert de honte comme à l'idée d'un mensonge, et ses pensées furtivement, descendirent vers les âmes souterraines et implorèrent leur secours pour la jeune semence.
Alors il commença, allant et venant, lançant le grain dans la terre noircie. Des vols de grues passaient au-dessus du champ, et la haute futaie grondait sous la force du vent. Mais il ne levait point les yeux. Devant ses mains, il voyait, lointain, étrangement transfiguré, le visage de la jeune fille, et à chaque pas, il sentait pénétrer plus profondément dans son coeur une racine obscure, qui en brisait la force et l'emplissait d'une saveur amère.
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Tout en elle était limpidité, et lorsqu'elle mit sa main au-dessus des yeux, tant l'eau miroitait dans le soleil, ce mouvement fut libre et beau, détaché sans bavures sur le paysage démesuré. Elle éleva la chaîne pour immobiliser la barque, et ce geste encore disait l'intimité confiante avec les choses, une aisance qui, dans l'espace réservé à l'ordre humain, se mouvait partout avec la même familiarité.
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Sur de lointaines prairies, une caille lançait à présent son cri monocorde, un brouillard se tenait au-dessus des aulnaies, et voici que l'ensorcellement de l'heure descendit magique et endormeur, sur tout ce qui était égarement, chemin, destination.
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Le chien, arrêté au coin de la forêt, attend son maître, mais Jürgen ne bouge pas encore.Il à toujours la  courroie autour de ses épaules et une main posée sur le mancheron de la charrue. Il regarde le couchant, mais ses yeux n'en aperçoivent que la lueur rouge et non la signification. A l'odeur de l'air, au silence infini, il sent qu'il est seul.mais il sent aussi la fraîcheur de la terre sous ses pieds nus.Il reste tout à fait immobile, comme s' il voulait croître, et il la sent monter toujours plus avant, toujours plus haut, vigoureuse et humble , la sève qui veut se frayer un chemin jusqu'à son coeur.
Et il voit un champ couvert de jeunes pousses, il les voit se dorer sous les épis. Et il voit un enfant couché sous les épis et qui dort, cependant qu'un homme et une femme coupent et lient le blé et très sent des gerbes.
Il est la , toujours immobile, tandis que la mince vapeur s' élève du sol fraîchement retourné, et s' épaissit et l'enveloppe. Et pour finir, il est pareil à un arbre qui boit silencieusement l'humidité des nuits.
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Puis ils s' installaient devant le feu, Marthe avec sa couture, Jürgen avec ses filets.La pluie cernant la maison , d'une enceinte sonore.《 L'avoine》, disait parfois Jürgen, et il levait la tête, l'oreille attentive.《 S' il n'y a pas moyen de semer....-- La ville d'or a poussé dans le désert, répondait elle paisiblement.L'avoine aussi poussera, si c'est Sa volonté. 》 Et Jürgen se remettait à nouer les mailles dans le réseau déchiré, mais ses yeux regardaient au travers et se perdaient dans les flammes du foyer . Là s' échafaudaient des murailles et des tours étincelantes d'or, des ponts s' élançaient, puis s' émiettaient sous un pas furtif.Des palais s' embrasaient, croulaient dans une pluie d'étincelles. Et sur tout cela régnait une résonnance inconnue, lointaine, plaintive, la résonnance d'un autre monde où disparaissait le visage d'un être humain.
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