Ce roman d'
Ernst Wiechert est un recueil de huit nouvelles traduites de l'allemand par Benjamin et
Jean-Louis Cornuz.
Il parut en 1946 ,mais fut écrit bien avant ,un peu avant la deuxième guerre mondiale( 1939/ 1940).
Je vais vous faire une chronique de chaque nouvelle ,en essayant de juguler ma prolixité,car il y aurait tant et tant à dire et à philosopher sur ces nouvelles.
De ces nouvelles ,
Le Buffle Blanc est la plus longue et requiert une lecture approfondie où il est question par opposition à la justice des hommes, la justice Divine,et où beaucoup de concepts philosophiques sont soulevés par l'auteur.
L'histoire :
Vasudeva enfant Indien ,né au bord du Gange ,mène une enfance heureuse dans son petit village ,près des siens,jusqu'au jour où ,une horde de cavaliers sauvages ,parlant une langue inconnue,pillent le village et fouettent un vieillard au visage.
Vasudeva,témoin de la scène tapi derrière un sycomore, bande son arc et vise le visage d' un guerrier ,au moment où une main brune et douce se pose sur son bras: La flèche, déviée ,ira s'enfoncer dans le mollet de son camarade.
Sa mère l'emporte loin de la foule
-ALors seulement,la mère s'arrêta. Elle était hors d'haleine, mais n 'en continuait pas moins de serrer contre elle le jeune corps tremblant Au bout d'un moment ,elle se penche sur son fils,le regard adouci:
-Vasudeva ,murmura -t-elle,mon enfant chéri, les dieux que tu sers ne permettent pas que nous répandions le sang.Une flèche n'est pas toujours la manière d'obtenir justice......
-Mère, gémit-il, il a frappé et il voulait frapper de nouveau.Lesdieux ne permettent pas non plus que le fouet déchire le visage d'un vieillard. ..
--Ils le veulent parfois mon fils,répliqua -t-elle.Ils le veulent plus souvent que nous ne parvenons à le comprendre....."( Page 31).
Quelques années plus tard,face a la pauvreté de son village,Vasudeva s'enfuit en catimini une nuit ,accompagné de plusieurs de ses camarades et de leur femme.Ils vont créer leur propre village mais en se battant ,en pillant, en volant,ils seront riches ,couverts d'or et de pierreries ,mais Vaseduva n'est pas heureux,ses pensées vont toujours vers celle qu'il aime : sa mère.Suite à la rencontre d'un mendiant,il quittera ses compagnons d'armes en silence,une nuit,et ira retrouver sa mère et son village natal.
Là,il mènera une vie solitaire introspective et surtout contemplative.
Et un jour le même scénario se joue: une horde sauvage de cavaliers traversé le village ,en blessant un vieillard et en tuant son buffle blanc qui refusait d'avancer pour dégager la route.
Profondément mortifié,Vasudeva part en promettant au vieillard de retrouver le village de ces soldats et de rencontrer le roi pour que justice soit faite.
Après plusieurs jours de marche,il arrive dans un grand village où ils reconnaît les soldats ,et très étonné ,il voit de grand portraits dores à l'or fin devant lesquels les gens se prosternent.
S'enquiérant de l'identité de cette figure ,auprès des habitants,apeurés ils lui répondent: vite ,vite,agenouille -toi,ceci est notre roi,ton visage doit toucher terre.
Vasudeva se refuse à se prosterner il est arrêté et mis en prison. À partir de ce moment de l'histoire ,s'ensuit une réflexion très pointue entre le roi et Vasuveda.
Quant à savoir si les richesses du roi obtenues par la souffrance de son peuple valent mieux que la pauvreté de Vasudeva et surtout sa liberté de penser et d'agir .Que va -t-il lui arriver? A vous de le découvrir et à en tirer les conclusions......
LE PILOTE ATLI(1940)
Très Court:un homme différent des autres aspirant à autre chose que notre simple vie de mortels,rien de politique et d'engagé dans cette nouvelle qui se déroule à bord d'un bateau.
HENRI LE BATISSEUR( 1952,Parution après la mort de l'ecrivain)
Réquisitoire contre la civilisation: Comment Henri L'oiseleur tout puissant qu'il fût ( il fonda le Saint Empire Romain Germanique),devant Dieu,demanda son dû car dans son plaidoyer devant le Divin,il admet avoir détruit,mais il a reconstruit en grandiose.Dieu l'envoie sur terre a l'époque où
Ernst Wiechert écrit cette nouvelle.La vision d'Henri,lui fait changerd'attitudelorsqu'il se présente à nouveau devant Dieu.On retrouve ce côté pantheiste d'
Ernst Wiechert dans cette nouvelle.
LA FERME MORTE(1945)
Souvenir de la 1ère guerre mondiale ou l'auteur exprime toute son horreur.C'est je pense un épisode vécu que nous raconte E.Wiechert.
L'ÉTRANGER(1947).
Ou comment un capitaine lors d'un assaut en 14/18 à Verdun,se réfugia toute la nuit auprès d'un homme blessé par peur et défaillance,mais sut après,recevoir les honneurs.
"Prendre rang parmi les superbes".
Cet homme blessé sera cet étranger qui aura une longue conversation avec le capitaine et fera preuve de résilience et de bonté face à l'ancienne attitude du capitaine .
LE GESTE(1947)
Deux thèmes chers à E.Wiechert : La responsabilité et la solidarité. Comment des étudiants furent complices indirectement du suicide d'un de leur camarade étudiant qui était juif.Racisme et antisémitisme décriés par l'auteur en Allemagne à cette époque.
LE BUISSON ARDENT( 1946)
Un épisode de la guerre 14/18
Histoire d'un homme simple et bon qui était réfractaire à la guerre,meutrier malgré lui,emprisonné,relâché,il retourne dans les tranchées pour 20 ans plus tard se soumettre au jugement de la famille du jeune soldat qu'il a tué accidentellement et qu'il a enterré.
LA MÈRE (1949).
E.Wiechert a toujours posé la question de la culpabilité et la responsabilité de l'Allemagne.
Dans cette nouvelle, une des plus marquantes pour moi,la mère ,dénoncée par son fils ,revient un soir dans sa ferme ,après ,on le suppose un internement dans un camp de concentration.
C'est une des nouvelles les plus belles et les plus dures
Il y aurait tellement à dire je termine en vous marquant la conclusion de
Jean-louis Cornuz
-《 Mais en voilà assez,
Ernst Wiechert est sans doute l'un des derniers représentants du romantisme allemand.Sommes - nous si latins et si épris de réalisme que nous ne sachions plus le goûter?Nous n'aurions pas entrepris de transposer ces quelques récits si nous avions douté de l'émotion de notre lecteur.
Merci si vous n'êtes pas rebuté par la longueur de ma chronique mais
Ernst Wiechert le vaut bien!! .⭐⭐⭐⭐⭐